Blu‑Ray Pure Audio

On le sait, le marché de la musique a fortement souffert ces dernières années, en grande partie à cause d'un piratage en masse des œuvres.
Et peu importe que celui‑ci trouve ses causes dans l'émergence des technologies de numérisation désormais accessibles au plus grand nombre, à l'apparition d'internet et des logiciels de téléchargement, ou encore au tarif des albums et singles souvent prohibitif pratiqué par les maisons de disques, ou même à une politique éditoriale parfois essentiellement guidée par l'appât du gain facile et rapide (compilation en tout genre et qualité médiocre des enregistrements)… Le résultat est là. La valeur de ce marché n'a cessé de baisser depuis des années. Seul espoir, la hausse en 2012 des ventes de la musique dématérialisée.

Aujourd'hui, les éditeurs tentent de réagir, Universal en tête avec son médiatique patron Pascal Nègre, qui vient de lancer officiellement en France (et en exclusivité à la Fnac jusqu'en septembre 2013) le format Blu‑Ray Pure Audio. Le but est simple : proposer au consommateur, amateur de qualité, un support physique ‑le Blu‑Ray‑ contenant des œuvres remastérisées et offrant une qualité proche ou identique de celle des enregistrements réalisés en studio. Soit, permettre à tout à chacun de bénéficier chez soi du son mixé par l'artiste et son (ses) ingénieur(s) du son.

Techniquement, le Blu-Ray Pure Audio propose un signal 96 kHz/24 bits au minimum (certains disques bénéficient d'un échantillonnage 192 kHz) contre 44,1 kHz/16 bits pour le CD audio, encodé sous trois formats : PCM, DTS‑HD Master Audio et Dolby TrueHD. Précision, vous ne trouverez rien d'autre que ces signaux audio sur le disque. Pas d'image ni de vidéo. Et le débit du Blu‑Ray Pure Audio est annoncé à 21,5 Mbps contre 1,5 Mbps pour un CD. Autre information, les œuvres éditées en BD Pure Audio ont, d'après Universal, toutes bénéficié d'un mastering adapté spécifiquement au format Blu‑Ray.

Pour être complet, on trouve également au sein de chaque boîtier un code pour télécharger son album en Flac ou MP3. Initiative remarquable destinée, pour l'acquéreur d'un Blu‑Ray Pure Audio, à profiter de sa musique en mobilité via un baladeur ou un smartphone.

Reste maintenant à savoir si l'amateur de musique va suivre, c'est‑à‑dire acheter des Blu‑Ray Pure Audio, comme il achetait jadis des CD audio, à l'heure de la dématérialisation des contenus et des nouvelles habitudes de consommation associées : stockage accessible sur réseau local ou en ligne, abonnement streaming, téléchargement légal en qualité Studio Master…

Lors de la présentation du Blu‑Ray Pure Audio, à l'occasion d'une conférence de presse organisée ce matin par Universal, Pascal Nègre est apparu confiant et a mis en avant une paire d'arguments intéressants. En premier lieu, profiter des qualités du Blu‑Ray Pure Audio ne nécessite pas l'achat d'un nouveau lecteur audio, comme par exemple l'exigeait en son temps les disques SACD. Le BD Pure Audio est en effet compatible avec toutes les platines Blu‑Ray existantes et déjà fortement présentes dans les foyers français (32% équipés en 2012, plus de 50% en 2014 d'après le SEVN, syndicat de l'édition vidéo numérique). Ensuite, le prix d'un disque Blu‑Ray Pure Audio, fixé à 19,99 €, est jugé cohérent avec la qualité proposée, surtout en considérant qu'il s'agit du lancement d'un nouveau format et que ce dernier intègre la version CD audio (via téléchargement, pour rappel). Pour être complet, sachez que plusieurs labels européens (2L, Decca, Sonos Luminos, Premonition Records…) ont déjà édité quelques titres Blu‑Ray Pure Audio, le plus souvent proposés à la vente en ligne.

Pour débuter, 36 albums issus du catalogue Universal sont disponibles dès aujourd'hui, variété française, internationale, classique et jazz, avant une seconde vague prévue au mois de septembre. À savoir, après un rapide état des lieux de l'éditeur, Pascal Nègre annonce que 90% du catalogue Universal a le potentiel pour être édité sur BD Pure Audio. Enfin, ne boudons pas notre plaisir, avec le Blu‑Ray Pure Audio, la France joue le rôle de marché test avant un lancement plus large au niveau de l'Europe.

Liste des 36 Blu-Ray Pure Audio Universal :

Variété française
• Barbara (L'aigle noir)
• Alain Bashung (Fantaisie militaire, Osez Joséphine)
• Jacques Brel (Les marquises, Ne me quitte pas)
• Mylène Farmer (Monkey Me)
• Serge Gainsbourg (Melody Nelson, Aux armes et caetera)
• Johnny Halliday (Rock'n Roll Attitude, Sang pour sang)
• Eddy Mitchell (Grand écran)
• Noir Désir (Tostaky)
• Zazie (La zizanie)

Variété internationale 
• Derek and the Dominos (Layla)
• Bob Marley (Legend)
• Supertramp (Breakfast in America)
• Velvet Underground & Nico (Velvet Underground & Nico)
• Stevie Wonder (Songs in the Key of Life)

Jazz
• Louis Armstrong & Elle Fitzgerald (Elle & Louis + Ella & Louis Again)
• John Coltrane (A Love Supreme, Deluxe Edition)
• Miles Davis (Ascenseur pour l'échafaud)
• Stan Getz/Joao Gilberto (Getz Gilberto)
• Quincy Jones (Big Band Bossa Nova)
• Diana Krall (The Look of Love)
• Oscar Peterson (Night Train)
• Nina Simone (I Put a Speel on You)

Classique
• Carlos Kleiber, Wiener Philharmoniker (Beethoven, Symphonies N°5 & 7)
• Anna Tomowa-Sintow, Agnes Baltsa, Peter Schreier, José Van Dam, Berliner Philharmoniken, Herbert Von Karajan, Wiener Singverein, Gelmut Froschauer (Beethoven, Symphonie N°9)
• Mutter, anne Sophie (Beethoven, Voilinkonzert + Violinromanzen)
• Hélène Grimaud, Swedish Radio Symphony Orchestra, Esa-Pekka Salonen (Corigliano/Beethoven/Pärt, Credo)
• Berliner Philharmoniker, Radio Symphony Orchester Berlin, Ferenc Fricsay (Dvorak, Symphonie N°9/Smetana, The Maldau/Liszt, Les préludes)
• Pierre Henry (Pierre Henry, Messe pour le temps présent)
• Anna Netrebko, Claudio Abbado (Anna Netrabko, Siempre Libera)
• Rollando Villazon (Verdi)
• Jonas Kaufmann, Orchester Der Deutschen Oper Berlin, Dolnald Runnicles (Wagner)