le 08 novembre 2017 - 08h48

We Blew it : un road‑trip à remonter le temps, un tracé de l’Amérique des utopies à nos jours par Jean‑Baptiste Thoret

« We did it, man. We did it, we did it. We’re rich, man. We’re reterin’ in Florida ». À son compagnon de route, Captain America objecte : « You know Billy, we blew it ». Nous sommes en 1969, Peter Fonda et Dennis Hopper parcourent l’Amérique en Harley, l’odyssée vertigineuse devient culte, portée par une bande originale logée à la même enseigne, Born to be Wild (Steppenwolf), concentré détonant de rock et d’énergie libertaire, élargissait les frontières d’Easy Rider. Ces trois mots qui prophétisent la fin d’un voyage, annoncent pourtant les prémisses d’un (road)‑trip exalté signé Jean‑Baptiste Thoret.

A

Critique de cinéma, collaborateur maison pendant quelques belles années, spécialiste du Nouvel Hollywood, Jean‑Baptiste Thoret co‑écrit Road Movie, USA (2011) avec Bernard Benoliel, s’embarque dans un périple extraordinaire aux côtés de Michael Cimino (Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique, 2013), s’impose immanquablement comme un cinéphile érudit et passionné avec des essais majeurs consacrés aux Seventies déceptives (Une expérience américaine du chaos : Massacre à la tronçonneuse, Le cinéma américain des années 70).

 

C’était donc tout naturellement qu’il prendrait la route afin d’interroger cette Amérique tributaire d’un âge d’or, avant que l’espace des possibles ne s’érode suite aux métamorphoses politiques et sociétales. Autant de points de non‑retour que Michael Mann, Tobe Hooper, Jerry Schatzberg, Peter Bogdanovitch, Bob Rafelson exposent, tandis qu’affleurent d’autres réminiscences de témoins désenchantés sur une route dense, éclatée, à la merci de la mélancolie. Tourné en Cinémascope, durée : 2h17. Sortie salles aujourd'hui 8 novembre.

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