le 19 mai 2010 - 15h42

Buddy movie, les deux font la paire

Tombé depuis quelque temps en désuétude, et peu exploité en France (on se souvient de L'enquête corse, La chèvre, Les spécialistes…), le buddy movie connut son heure de gloire dans les années 80. Soit l'association du ying et du yang dans un même film, entre comédie et polar musclé.

A

Tout le monde connaît les duos comiques les plus célèbres de l’Histoire du cinéma : Laurel et Hardy, Abbot et Costello, Gérard Depardieu et Pierre Richard, Depardieu et Clavier, ou encore Fernandel et Gino Cervi (Don Camillo). Le buddy movie, genre américain par excellence, reprend à peu près tous les ingrédients du duo comique, mais le plonge dans un maelström d’action et d’aventures.

 

Police spéciale

Rien de plus normal, donc, que l’archétype du buddy movie soit le polar, dans lequel sont réunis deux flics contraints d’agir malgré eux de concert. Pourquoi malgré eux ? Parce que Sylvester Stallone, flic cérébral et posé, se serait bien passé d’une association avec Kurt Russell, brute épaisse et sympathique, mais qui oublie toujours de réfléchir avant de cogner (Tango & Cash). Parce que l’inspecteur Roger Murtaugh (Danny Glover) aurait volontiers donné dix ans de salaire pour ne pas se retrouver flanqué d’un flic suicidaire et frondeur, Martin Riggs (Mel Gibson), à quelques semaines d’une retraite bien méritée (L’arme fatale). Ou encore parce que James Caan n’imaginait pas qu’un jour il travaillerait avec un policier extraterrestre (Futur immédiat).

 

Le petit et le grand, le casse‑cou et le pleutre…

S’il ne réunit pas toujours deux flics, le buddy movie s’arrange souvent pour mettre en présence deux personnalités masculines (en anglais, buddy signifie « gars ») que tout oppose (sauf les bonnes blagues viriles), et qui devront pour les besoins du scénario (traquer un criminel, convoyer un condamné, démanteler un réseau de drogue...) s’entendre, ou plutôt se supporter. Le règlement de comptes aux poings constitue ainsi un passage obligé du genre : dans 48 heures de Walter Hill, Nick Nolte pense qu’il suffira d’une bonne baston avec Eddy Murphy pour que ce dernier cesse de parler. Dans ce film, qui obtient lors de sa sortie un succès phénoménal, Walter Hill décuple les oppositions entre les deux hommes et exploite à merveille les règles du genre : Eddy Murphy n’est certes pas flic (il est le témoin dont la police ne peut se passer), mais se retrouve obligé de suivre et d’aider Nick Nolte. Ce dernier, méfiant, lui passera la plupart du temps les menottes aux poings et veillera, dans certains cas extrêmes (les envies pressantes…), à ne pas s’éloigner de lui. En collant au maximum les deux personnages ensemble, Walter Hill multiplie avec malice les risques d’énervement mutuel et d’affrontement. Par ailleurs, les oppositions du film sont multiples. Murphy est noir, malingre, bavard, roublard et séducteur, tandis que Nolte développe des caractéristiques exactement inverses. Il est blanc, bâti comme une armoire, avare de paroles et brut de décoffrage.

 

Ça va chauffer

Un bon buddy movie se mesure ainsi à la prouesse scénaristique qui parviendra à unir au maximum les deux buddy du film et à développer les situations de frictions. Ainsi, dans La manière forte, James Woods, garde du corps, protège Michael J. Fox, jeune star hollywoodienne, et se retrouve contraint pour les besoins du scénario de le « coller » au plus près. Le début de son calvaire… Dans la série des Armes fatales, l’affrontement (cordial) entre Murtaugh et Riggs se joue toujours sur le même terrain : le premier, futur retraité qui tente de réduire la prise de risques au maximum, milite pour la prudence, l’appel de renforts et la réflexion. À l’inverse, le second ne pense qu’à une seule chose : agir le plus vite possible, sans jamais se soucier des conséquences. Au début de L’arme fatale 3, le tandem débarque ainsi devant un building dans lequel une bombe a été signalée. Si Murtaugh propose d’attendre la brigade de déminage, Riggs se rue à l’intérieur de l’édifice et tente le désamorçage. L’opération échoue, l’immeuble explose. Ce que dit parfaitement la série des Armes fatales du buddy movie, c’est que, quels que soient les griefs entre les deux personnages, la solidarité constitue une valeur fondatrice et, de fait, l’emportera toujours. Murtaugh suivra et épaulera ainsi Riggs dans ses trips suicidaires.

 

Juste pour rire

Dernier critère fondamental du buddy movie, les oppositions entre les deux compagnons de route opèrent avant tout sur un registre comique. Dans les Armes fatales, les Rush Hour (l'Asiatique Jackie Chan et l'Afro‑Américain Chris Tucker), Black Rain de Ridley Scott, La manière forte de John Badham, Midnight Run de Martin Brest, Men in Black de Barry Sonnenfeld ou encore Le canardeur de Michael Cimino, elles ont une fonction respiratoire, entre deux séquences d’action et de violence. Lorsqu'aucun des compères n’est occupé à occire l’ennemi, ils aiment à se retrouver dans une voiture ou une chambre d’hôtel, et tardent rarement à se courir sur le haricot : Nick Nolte et Eddy Murphy dans les deux 48 heures, l’Américain James Belushi et le Soviétique Arnold Schwarznegger dans Double détente ou encore Russell et Stallone dans Tango & Cash.

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