Cinécult’
Le parrain : mafia blues

Saga aussi bien à l'écran qu'en coulisses, la trilogie du Parrain fera date dans l'Histoire du Cinéma. Retour sur des débuts difficiles avant la consécration internationale…

En octobre 1970, Robert Evans, vice‑président de la Paramount Pictures, contacte Francis Ford Coppola et lui propose de réaliser une adaptation d’un roman de Mario Puzo qui vient de connaître un énorme succès public, Le parrain (The Godfather).


Ceux qui ont dit non

Auparavant, Peter Yates (Bullitt), John Frankenheimer (Black Sunday) et Costa-Gavras (Z) ont été approchés. Mais tous ont refusé, considérant la vision de Puzo trop complaisante envers la mafia. Evans assure à Coppola que son choix est dû à ses origines italiennes. Ce qui est partiellement vrai. En fait, la Paramount recherche surtout un jeune réalisateur motivé et travailleur auquel elle pourra verser un salaire modeste. Contre toute attente, Coppola refuse le poste. Ce n’est qu’après de multiples discussions qu’il accepte, mais à une condition : que Le parrain ne soit pas un énième film de gangsters, mais une chronique familiale sur fond d’histoire mafieuse. Evans lui verse alors 150 000 dollars pour l’écriture et la réalisation du film.


Tout le monde sauf Brando

Mais le plus dur reste à venir, à commencer par le casting. La Paramount exige des stars, et particulièrement pour interpréter le rôle du jeune Michael Corleone. Robert Redford et Ryan O’Neal sont les premiers noms avancés. Coppola objecte : comment faire croire aux origines siciliennes de ces deux acteurs ? Ce dernier avait depuis longtemps fait son choix… En écrivant le rôle, c’était Al Pacino qu’il avait en tête, alors inconnu du grand public (il venait de tourner Panique à Needle Park sous la direction de Jerry Schatzberg). Coppola fait de multiples essais avec Pacino et d’autres acteurs afin de satisfaire les dirigeants du studio. La plupart des jeunes loups du moment défilent ainsi devant sa caméra, espérant décrocher le rôle (Martin Sheen, James Caan, qui écopera finalement du costume de Sonny). Mais après ces premiers tests, la Paramount trouve Pacino trop terne, inodore. Coppola ne lâche pas prise. Le choix de Marlon Brando pose encore plus problème. Stanley Jaffe, le président de la Paramount, déclare même à l’époque : « En tant que président de la Paramount Pictures, je m’engage à ce que Marlon Brando n’apparaisse jamais dans ce film et dans d’autres. Et cela, tant que j’occuperai ce poste ». Coppola, plus tenace que jamais, insiste, et Brando accepte de baisser son salaire à 100 000 dollars.


Débuts difficiles

Le tournage du film commence le 29 mars 1971, et quelques semaines plus tard, Coppola reçoit un Oscar pour le scénario de Patton de Franklin J. Schaffner. Mais dès les premiers rushes, Evans trouve le résultat désastreux et pense remplacer Coppola par Elia Kazan. C’est alors que Brando sauve la peau de son réalisateur en refusant qu’il soit licencié. La production du Parrain connaîtra encore d’autres soubresauts, innombrables, tant du point de vue du casting (Talia Shire faillit être remplacée parce que trop belle !), que des techniciens.


Consacré à 32 ans

Malgré tout, le film sort enfin en octobre 1972. C’est une réussite. Même l’un des succès cinématographiques les plus importants de l’Histoire du cinéma ! Nul doute que Le parrain marqua durablement les cinéphiles et les futurs cinéastes, à commencer par Martin Scorsese, largement influencé par l’œuvre de Coppola. Ce dernier, fort de son succès, met alors en chantier une suite en 1974, et achève la trilogie en 1990. D’une certaine façon, Le parrain, film-monstre réalisé par un « jeune » de 32 ans, fut important pour la génération des cinéastes de la fin des années 60. Scorsese, De Palma, Schrader et bien d’autres profitèrent du succès du Parrain. Coppola, lui, entama la période la plus faste de sa carrière jusqu’à Apocalypse Now, point terminal et délirant d’un homme aux prises avec des sujets toujours plus pharaoniques. Si, encore aujourd’hui, Le parrain n’a pas pris une ride, c’est en grande partie parce qu’il a su éviter de se rattacher à un genre trop précis et codé (le film noir ou le film de mafia) et atteindre, via la chronique de la famille Corleone, une forme d’universalité.




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