Cinécult’
David Cronenberg, les démons intérieurs

Ses trois derniers films, A Dangerous Method, Les promesses de l'ombre et A History of Violence, semblent si éloignés de l'ADN du maître de l'horreur, qu'un retour sur sa carrière s'impose. Cap sur les premières années, les premiers succès, les films charnière.

Même si le nom de Cronenberg semble aujourd'hui familier, ses films, du moins les premiers, le sont moins. À l’exception de La mouche, son plus gros succès, de Faux‑semblants, qui lui valut une reconnaissance critique en 1988 et du mal‑aimé (à tort) eXistenZ, la plupart des réalisations du pape du cinéma canadien (ontarien faut‑il préciser) restent souvent méconnues.


Censuré ?

La récente sortie de A Dangerous Method en DVD et Blu-Ray donne l’occasion de faire le point sur l’une des filmographies les plus riches de ces trente dernières années. Rarement diffusés par les chaînes de télévision qui les jugent trop violents, pénalisés par des durées de vie en salles souvent trop courtes, les films de David Cronenberg acquièrent leur statut d’œuvres cultes via la vidéo. Chantre de l’horreur pour les uns, cinéaste misogyne et répugnant pour les autres, David Cronenberg n’a jamais laissé indifférent. Et même lorsque le Festival de Cannes sélectionne Crash en 1996, le film provoque des réactions extrêmes (peu nombreux sont les spectateurs qui resteront jusqu'à la fin de la séance au Palais des Festival), sauf pour Francis Ford Coppola qui décide de lui remettre le Prix spécial du Jury.


Inclassables

Dès Frisson qu’il réalise en 1975, Cronenberg pose les jalons de son œuvre à venir. Dans ce film, les clients d’un ensemble immobilier de luxe sont contaminés par un parasite en forme de ver géant qui réveille en eux des désirs sexuels incontrôlables. Un savant dont l’expérience ratée conduit l’humanité à sa perte, la métaphore du virus, le goût pour le huis clos et les intrigues resserrées, un penchant pour un humour sarcastique et décalé, voilà déjà la plupart des obsessions cronenbergiennes. Mais à l’inverse d’un Wes Craven ou d’un John Carpenter, Cronenberg ne voue pas une admiration sans borne au cinéma de genre, qu’il s’agisse de la science-fiction (à laquelle ses films se rattacheraient plutôt) ou du fantastique. S’il l’a utilisé à de nombreuses reprises, il en a toujours détourné les règles au profit d’une thématique totalement personnelle. D’où le malentendu qui s’installa entre Cronenberg et son public à partir du milieu des années 80. En effet, ce dernier vit d’un mauvais œil l’abandon par le maître canadien des figures imposées du genre (Faux-semblants est le premier film de Cronenberg ne contenant pas ou très peu de séquences gore). Or, le réalisateur du Festin nu n’a cessé de creuser un même sillon : fantastiques, futuristes, surréalistes, étranges… ses films sont retors à toute tentative de classification.

eXistenZ (1999)


La chair et l'esprit

On y retrouve pourtant toujours la dualité entre la chair et l’esprit (dans Chromosome 3, une mère matérialise sa colère sous forme de gnomes assassins), et l’exploration de nouvelles réalités (bien avant eXistenZ, ces thèmes parcourent toute l’œuvre du cinéaste, de Festin nu à Videodrome, son film charnière). Mais les films de Cronenberg apparaissent d’une extraordinaire cohérence. Max Renn, alias James Woods, métamorphosé en magnétoscope humain dans Videodrome, apparaît comme la synthèse parfaite de l’anti-héros cronenbergien à l’intérieur duquel s’affrontent une conscience péremptoire et les forces d’un corps incontrôlable. Brundle, l’homme-mouche, pense pouvoir maîtriser son corps et le téléporter d’un point à un autre sans dommage (La mouche) ; Bill Lee (Le festin nu) subit les conséquences psychiques d’un organisme défoncé par la drogue ; les jumeaux Mantle (Faux-semblants) rêvent d’une séparation impossible entre le corps et l’esprit, tandis que Sabina Spielrein (A Dangerous Method) lutte contre ses démons hystériques et son tropisme SM.


Chaos et psyché

Cinéaste de la chair et de ses turpitudes (on revient au récent A Dangerous Method), Cronenberg a peu à peu évolué vers une thématique l’obligeant à s’interroger sur notre réalité, de plus en plus impalpable : dans Crash, que signifient ces accidents de voitures si ce n’est le désir d’éprouver la vie via la mort ? Dans eXistenZ, où se situe la frontière entre le réel et le jeu conçu par Allegra Geller, la grande prêtresse des jeux vidéo ? Où, pourquoi… toujours… Mais depuis quelque temps, il semble avoir intériorisé tous ses monstres et se contente de discourir bourgeoisement sur les profondeurs chaotiques de la psyché humaine.




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