le 20 décembre 2010 - 14h44

Benoît Landot

Surprise… Lors du test des Blu‑Ray 3D signés Walt Disney Studios Home Entertainment (Volt, star malgré lui 3D, Alice au pays des merveilles 3D et Le drôle de Noël de Scrooge 3D), nous avons constaté que ces derniers ne fonctionnaient pas sur une platine Blu‑Ray classique… Pourtant, au lancement du BD 3D il y a un peu plus d’un an, la Blu‑Ray Disc Association vantait la compatibilité d’un disque 3D sur une platine 2D. Nous avons voulu en savoir plus en interrogeant le responsable français des nouvelles technologies chez l’éditeur. Voici ses réponses…
A

 

Au lancement du Blu‑Ray 3D, on a « vendu » aux consommateurs la rétrocompatibilité d’un disque 3D en 2D sur une platine Blu‑Ray classique. Pourtant, certains titres 3D du commerce, dont ceux de WDSHE (Volt, star malgré lui 3D, Alice au pays des merveilles 3D et Le drôle de Noël de Scrooge 3D), sont uniquement 3D. Éditeurs menteurs ?

 

BL Pas du tout, et cela s’explique simplement. Il est tout à fait possible de faire un Blu‑Ray 3D compatible 2D. C’est même une des fonctions du codec Mpeg4/MVC (Multiview Video Coding) validé par la BDA (Blu‑Ray Disc Association) pour la réalisation de disques BD 3D autorisant une compatibilité 2D/3D. Mais dans ce cas, il existe certaines limitations artistiques. Pour expliquer cela, il faut rappeler le processus de création d’une image en relief.

Si la majorité d’entre nous voit en relief, on le doit à plusieurs facteurs tant psychologiques que physiques. En premier lieu, nos deux yeux induisent une vision stéréoscopique. Ils voient donc deux images différentes, que notre cerveau recompose en une seule. En vidéo ou au cinéma, quelle que soit la technologie du diffuseur, avec des lunettes passives ou actives, on recrée artificiellement cette « vision ». On affiche alternativement une image pour l’œil gauche et une autre pour l’œil droit et les verres des lunettes actives, synchronisées avec un émetteur IR intégré dans les téléviseurs ou présent dans les salles de cinéma, s’obscurcissent alternativement : gauche‑droite‑gauche‑droite, etc. Nous percevons donc successivement l’image destinée à chaque œil.

Ces images affichées successivement (sur un téléviseur, un écran de projection…) sont très légèrement décalées en termes de cadrage et/ou de composition et, comme dans la réalité, le cerveau se charge de récréer artificiellement le relief en fusionnant ces deux points de vue distincts. Or, ces deux images peuvent être assez différentes l’une de l’autre.

 

Explications : si le réalisateur choisit de mettre en relief un élément en amorce sur le coté droit de l’image, un personnage par exemple, l’image de l’œil gauche sera légèrement décalée sur la gauche et une barre noire verticale apparaîtra sur la droite. Et sur un écran de 42’’ (107 cm), celle‑ci peut couramment faire quelques centimètres (cf. illustration ci‑contre de Volt, star malgré lui). Pour être précis, sur le film Mission G par exemple, lors du feu d’artifice, les fusées explosent littéralement en dehors du cadre dans les barres noires du format Cinémascope (voir photo ci‑contre). Techniquement, on parle alors de « fenêtre flottante » (Floating Window).

 

D’où les limitations artistiques évoquées… ?

 

BL Exact. C’est à cause de ce phénomène qu’il existe, pour l’exploitation vidéo et TV, au moins deux masters HD d’un film : un 2D et un autre 3D, aux cadrages légèrement différents. Au cinéma comme en Blu‑Ray, les spectateurs d’un film 2D ne visionnent donc pas le même long métrage que pour la 3D, et réciproquement. Pour l’anecdote, il n’est pas rare aujourd’hui de créer une dizaine de masters pour un seul et même film. Par exemple, entre les versions 2D, 3D, Imax, numérique, 35 mm et les étalonnages spécifiques pour certains types d’écran, dix‑huit masters ont été créés pour Avatar. À partir de ce constat, il existe deux façons de réaliser un BD 3D :

- Soit le disque accueille ces deux masters radicalement différents et totalement distincts, le premier spécifique à la version 3D du film, le second dédié à la version 2D, et il peut donc fonctionner sur une platine 3D ou 2D sans souffrir lors de la vision en relief du phénomène de fenêtre flottante. Il suffit de choisir le film correspondant à son équipement. Malheureusement, cette solution est dans la plupart des cas incompatible avec la capacité de stockage actuelle des disques Blu‑Ray.

- Soit un disque Blu-Ray 3D propose, au choix à partir du master 3D, la possibilité d’une vision 3D ou 2D, cette dernière n’étant ni plus ni moins que l’affichage de l’image destinée à l’origine pour l’œil gauche. Ceci à condition bien sûr que l’éditeur, lors de l’authoring du disque, autorise la vision de l’œil gauche uniquement pour la 2D. Mais dans ce cas, et c’est bien là qu’est le problème, la fenêtre flottante devient visible. Et au gré des plans, l’image se « déplace ». Chez WDSHE, comme nous ne voulons pas de cela ‑pour des raisons artistiques mais aussi pour que le consommateur ne soit pas dérouté par cette image qui bouge‑, l’authoring de nos disques BD 3D interdit la lecture du disque si un seul des éléments de la chaîne (lecteur ou téléviseur) n’est pas 3D. D’où la présence, dans un seul boîtier 3D signé WDSHE, de deux disques Blu‑Ray : un spécifique pour l’expérience 3D et un « classique » pour la vision 2D. Le consommateur n’est donc pas lésé, il peut toujours profiter de son achat sur une platine Blu‑Ray 2D.

Enfin, j’insiste sur le fait que les réalisateurs et producteurs, de Pixar ou Bruckheimer pour ne citer qu’eux, sont très impliqués dans le mastering DVD et Blu‑Ray. Et il est hors de question de proposer volontairement une vision détériorée du film.

 

Cela implique donc différentes technologies à disposition du réalisateur, des producteurs et des éditeurs, pour produire un film 3D. Quelles sont‑elles ?

 

BL En effet, il existe plusieurs manières de faire un film 3D dans le cinéma moderne. La première, à l’instar de James Cameron pour son film Avatar, consiste en une captation native en 3D via des caméras spécifiques. Après chaque plan, il chausse ses lunettes 3D et vérifie le résultat sur un téléviseur 3D. Quitte à refaire les prises avec des réglages caméra différents et à recomposer son cadre s’il n’est pas satisfait de l’effet relief. La majeure partie du film a été tournée ainsi. Seuls quelques plans 2D sont convertis en 3D.

La deuxième est basée sur la conversion 3D d’un film 2D. Elle concerne bien sûr un long métrage déjà en boîte ou un film en tournage. Mais cela nécessite un budget important et beaucoup de temps pour obtenir un résultat probant. Et même si l’effet 3D peut s’avérer bluffant avec les films d’animation faits par ordinateur notamment (tous les éléments de l’image sont disponibles, et il est assez aisé de recomposer une image en relief), en revanche, pour du « live action » (avec de vrais acteurs et de vrais décors), ce ne sera jamais aussi qualitatif qu’avec une captation native 3D. Même si nous sommes capables de nous en rapprocher comme avec Alice par exemple… L’exploitation 3D était prévue dès le début de la production et chaque plan a donc été composé dans ce but. Je pense même qu’une captation native 3D n’aurait pas collé à l’esthétique burtonienne. Il suffit de regarder Frakenweenie, L’étrange Noël de Mr Jack ou Edward aux mains d’argent pour s’en rendre compte.

Enfin, troisième voie, elle concerne l’animation : réaliser un film en 2D et développer parallèlement la version 3D, avec une équipe dédiée. Toutes les propositions de cette dernière sont testées et validées avec le réalisateur. C’est la méthode Pixar par exemple. Dreamworks travaille différemment. La 3D de Monstres contre Aliens a été réalisée en partie avec le logiciel Maya, qui permet de traduire la profondeur virtuelle de l’image en plus ou moins de pixels différenciant les deux images stéréoscopiques.

Plus généralement, il faut retenir que la 3D n’est pas un standard de création. Prince of Persia, par exemple, n’a pas été voulu en 3D chez Disney. Il n’a jamais été question de le convertir à la va‑vite non plus. Nous ne souhaitons pas prendre le risque de proposer au public quelque chose de « déceptif ». Ce serait le meilleur moyen de torpiller le développement du format 3D. Le relief est donc juste un standard technique, un outil, à l’instar de la possibilité de mixer un film en 7.1 ou en mono 1.0, d’utiliser le noir et blanc, la couleur, le format 1.33 ou l’Imax. Dans le cadre d’une production 3D, chaque réalisateur fera donc des choix différents, pour des expériences différentes.

 

La 3D, plutôt pour les parents ou les enfants ?

 

BL Ni l’un ni l’autre. On peut élargir la question en se demandant si tous les films doivent être proposés en 3D, et si le relief doit remplacer définitivement la 2D. Cela dépend bien évidemment des films… Ce serait une erreur d’utiliser la technologie 3D partout, à tout bout de champ. Un peu comme si tous les films devaient désormais être dotés d’une bande‑son 7.1 simplement parce que techniquement on peut le faire. Je ne pense pas que cela apporterait grand‑chose à un film de Woody Allen… Mais ça reste sa décision.

La 3D reste donc un choix artistique. Je vais être trivial, mais une erreur de casting en 2D restera une erreur de casting en 3D, tout comme un scénario prévisible… Le relief ne doit pas être juste considéré comme un argument marketing (même si c’en est un) ou une solution à un film moyen ou raté, susceptible d’attirer plus de public dans les salles ou de générer des ventes DVD ou Blu‑Ray plus conséquentes.

De plus, il faut garder à l’esprit que certains d’entre nous, heureusement en nombre limité, ne perçoivent pas la 3D. Si on ajoute les personnes qui supportent difficilement les lunettes, la profession doit y réfléchir à deux fois avant de produire tous les films uniquement en relief. La 3D, sans forcément garder un caractère événementiel, doit être utilisée à bon escient, dans le but d’une expérience cinématographique magnifiée. Ce n’est que mon avis, mais le public saura faire le tri. Il a toujours su le faire. Je me souviens par exemple, qu’Autant en emporte le vent a été recadré en Cinémascope lors de l’explosion du format (le film a été tourné à l’origine en 1.33 !), et aujourd’hui encore, tout n’est pourtant pas produit en Scope. Idem pour ce qui est de la colorisation des films N&B. Les producteurs vont rapidement se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’être seulement opportunistes. Ce n’est encore que mon avis…

 

Comment, en tant qu’éditeur, outre les chiffres d’entrées salles ou de ventes BD, appréciez‑vous l’intérêt des consommateurs pour la 3D ? Procédez‑vous à des projections‑tests ? Si oui, ont‑elles déjà influé sur votre politique éditoriale ?

 

BL L’intérêt pour la 3D est réel. On le voit effectivement avec les chiffres de commande de nos clients distributeurs sur nos BD 3D. Ils ont dépassé toutes nos projections. Ensuite, il faut bien en être conscient, la 3D va bientôt être disponible dans tous les domaines de l’image. La prochaine console de jeu portable signée Nintendo, la 3DS, sera 3D. Idem avec le jeu vidéo grâce aux procédés 3D Vision et 3DTV Play chez nVidia, ou encore les titres 3D proposés par Sony sur sa PlayStation 3. Et sans doute avec les prochains OS signés Microsoft et Apple. Le bureau Windows 7 ou le Dock d’Apple sont, je trouve, déjà « presque » en relief. La 3D fera donc bientôt partie de notre quotidien.

Concernant les projections‑tests, nous en réalisons toujours bien sûr. Mais elles ne changent rien au processus créatif. Leur rôle reste cantonné à la stratégie marketing, si les équipes marketing estiment en avoir besoin. Vous savez, on teste même les jaquettes des packagings… En fait, je ne suis pas le plus qualifié pour répondre à cette question. Plus généralement, la politique éditoriale vidéo suit celle du cinéma : un film 3D au cinéma sera bien évidemment disponible en Blu‑Ray 3D. Sans oublier le catalogue, qui pourrait vous réserver quelques belles surprises 3D en 2011 !

 

Que pensez-vous de la volonté de certains éditeurs de proposer en magasins des titres réunissant une offre 3D complète : BD 3D, mais aussi BD ou DVD anaglyphes ?

 

BL J’ai un souvenir ému de la diffusion de L’étrange créature du lac noir dans La Dernière Séance, l’émission d’Eddy Mitchel… (silence). Nous avons effectivement vu ce genre de produit arriver sur le marché. Pour nous, il s’agit non pas d’une offre complète mais « confusante », voire déroutante pour les spectateurs. Pour revenir sur notre politique éditoriale, s’il est hors de question de produire tous nos films en 3D, il est désormais hors de question de proposer des titres en 3D anaglyphe. Cette dernière sera forcément synonyme de déception pour le consommateur.

Nous avons distribué certains films au format DVD avec ce format ‑la seule possibilité de relief en DVD‑ tout en proposant dans le même boîtier un DVD avec la version 2D. Exactement dans le même esprit de ce que nous proposons aujourd’hui avec nos combos Blu‑Ray 2D et 3D. La seule exception qui pourrait échapper à cette politique serait celle d’un film ancien, exploité à l’époque en 3D anaglyphe. Là, on est dans la nostalgie… D’ailleurs, j’ai toujours quelque part la paire de lunettes de L’étrange créature du lac noir.

 

Quelle est votre réaction aux déclarations de James Cameron qui souhaite que les studios, en matière de 3D, monopolisent l’essentiel de leurs ressources, outre quelques nouveautés, sur le fond de catalogue ? Pour proposer aux consommateurs une nouvelle expérience sur des films connus et aussi parce que la conversion 2D/3D prend du temps pour un bon résultat, contrainte difficile à gérer pour les films nouveaux.

 

BL Les studios Disney ont la même vision. Avec certains de nos films de catalogue, nous avons la capacité technique (en accord avec les ayants droit) de proposer un jour des versions 3D. La Belle et la Bête, par exemple, a été produit avec le système CAPS, et nous possédons tous les éléments séparés en très haute qualité. C’est le cas aussi de tous les films produits par ordinateur ; les Pixar sont stockés dans des machines, un peu comme un email qu’il suffit d’ouvrir à nouveau pour le modifier (rires). Mais sur un titre comme Un amour de Coccinelle, par exemple, cela n’a pas de sens. Les longs métrages éligibles à une conversion 3D doivent être choisis avec le plus grand soin. Une fois l’avis formulé par les services techniques, les producteurs et réalisateurs; mais aussi les dessinateurs en ce qui concerne l’animation, il faut ensuite considérer le potentiel de chacun d’eux. Le choix du relief pour les anciens films doit donc être réfléchi. Surtout au regard du budget nécessaire pour chaque conversion, comparable à celui d’une « petite » production. Pour information, le master 3D destiné à la vidéo n’est pas le même que celui exploité au cinéma. Il faut, entre autres choses, tout ré‑étalonner. C’est désormais une étape dans le planning de toute nouvelle production. Pour les films 3D existant à notre catalogue cinéma, il a fallu les adapter en quelque sorte à une exploitation vidéo.

Pour les longs métrages en tournage ou sur le point de l’être, si la décision d’exploiter en relief le film n’a pas été anticipée par la production, elle se heurte à une contrainte de temps effectivement impossible à gérer. Les studios Disney n’ont pas ce genre de problème, mais la solution dans ce cas précis serait peut‑être de proposer une version 3D du film un an après, comme pour une version longue… Encore faut‑il que ce dernier ait été un formidable succès public pour supporter le surcoût financier associé, et envisager sereinement un retour sur investissement. Ce n’est encore que mon avis.

 

Proposer des titres spécifiques 3D sera‑t‑il toujours utile dans les années à venir, au regard des algorithmes de plus en plus sophistiqués de conversion 3D des TV 

 

?

BL Il est vrai que les résultats obtenus avec la fonction de conversion 2D/3D de certains téléviseurs sont vraiment bluffants. C’est basé à la fois sur la détection des objets en mouvement dans l’image et sur un groupe d’images analysé en temps réel. C’est très malin, mais il suffit que la caméra effectue un mouvement panoramique sur un décor, pour suivre un personnage par exemple, pour que ce décor prenne plus d’importance que le personnage. En clair, l’effet relief serait fortement appliqué sur le décor, beaucoup moins sur le personnage. Et si j’ai vu des choses amusantes voire intéressantes (cela va d’ailleurs encore s’améliorer au fur et à mesure des algorithmes de programmation de plus en plus perfectionnés, associés à des processeurs toujours plus puissants), l’image proposée ne correspondra jamais, absolument jamais, à la vision artistique du réalisateur. Qui plus est, elle sera également différente d’une marque de téléviseur à une autre. C’est un peu comme regarder en N&B un film en couleur (j’exagère bien sûr…) ou recréer une bande‑son 5.1 via un amplificateur à partir d’une piste stéréo. Ça peut faire la blague comme on dit, et certains pourraient même s’en satisfaire. Mais si la version Blu‑Ray 3D est disponible, ces spectateurs rateront quelque chose. Par exemple, le relief d’Alice est bien spécifique, différent de celui voulu par James Cameron pour Avatar. Aucun artifice ne peut remplacer cela. Cette conversion 2D/3D opérée par le téléviseur ou le lecteur BD n’est pas celle voulue par le réalisateur. C’est encore plus vrai aujourd’hui, alors que ce dernier dispose des plus récentes technologies ‑2D/3D, 5.1, 7.1…‑ pour réaliser un film. S’il fait le choix de la 2D ou de la 3D, celui‑ci doit être respecté. Tout comme doivent être respectés les éléments d’une image sélectionnés par le réalisateur pour être traités en 3D. Quand James Cameron refait son plan, il modifie le jeu des acteurs, le cadre, l’incidence de la lumière, l’angle de la 3D, la profondeur de champ. Maintenant, il donnera peut‑être son nom à un processeur un jour… (rires).

Pour terminer sur l’univers de la télévision, les diffuseurs vont s’orienter à terme vers une captation 3D native pour disposer de la meilleure qualité possible, avant tout sur de l’événementiel. C’est à eux de vous parler de leurs projets, mais on peut imaginer que la minute météo gagnerait beaucoup de passer au relief… La conversion 2D/3D intégrée dans les téléviseurs constitue donc un gadget, un palliatif, mais jamais un substitutif à la vraie 3D. Si ces procédés étaient si efficaces, les studios ne dépenseraient pas des millions pour convertir un film ancien à l’aide de sociétés spécialisées, ils démonteraient un de ces téléviseurs pour exploiter son processeur !

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