le 06 décembre 2017 - 09h15

Anthony Hopkins

Une rencontre avec Anthony Hopkins à Los Angeles, ça ne laisse pas de marbre. Sa méthode ? Faire (parfois) peur aux producteurs. Pas banal…

A

 

Qu’est‑ce qui vous a séduit dans ce projet ?

 

AH Je n’avais jamais fait de télévision avant ça. Et mon agent m’a dit que ce serait bon pour moi. J’ai dit ok.

 

Connaissiez‑vous le film original avec Yul Brynner dont Westworld est la libre adaptation en série, avant de dire oui à HBO ?

 

AH J’ai vu le film il y a plusieurs années, puis c’est mon agent qui m’a dit que Jonathan Nolan voulait que je sois au générique. J’ai lu le scénario, nous nous sommes rencontrés et tout cela m’intriguait beaucoup, surtout la manière dont le sujet allait être abordé dans la série.

 

Qu’avait le scénario de spécial ?

 

AH Je ne me souviens pas trop, ça m’intriguait. Vous savez, j’ai un bouton « effacer » dans mon cerveau, je ne me souviens pas très bien du passé. Nous avons commencé à tourner Westworld il y a deux ans maintenant et je n’ai vu les épisodes que très récemment. J’avais même oublié que j’apparaissais dans certaines scènes, alors peut‑être qu’après tout, je suis un « host » (un robot dans la série, NDLR).

 

Vous êtes‑vous préparé pour jouer le Docteur Ford ?

 

AH Non. Je ne m’imagine pas ce qui se passe dans la tête d’un personnage que je suis supposé interpréter. C’est une manière pour moi de me protéger, je n’ai rien en commun avec les rôles que je choisis de faire. En tout cas, je l’espère (rires).

 

Avez‑vous fonctionné de la même façon en acceptant de jouer Hannibal Lecter dans le Silence des agneaux ?

 

AH ça a été instinctif. À l’époque, je jouais beaucoup au théâtre, en Angleterre, et contrairement à d’autres acteurs, je m’ennuyais beaucoup. Je voulais faire autre chose. Je l’ai dit à mon agent, qui m’a alors envoyé le script du Silence des agneaux. Et pour être tout à fait honnête avec vous, au départ, je croyais que c’était un compte pour enfants (rires). Puis en le lisant, je me suis vite rendu compte que ce n’était pas ça du tout. Le script était fantastique et le personnage de Lecter très bien écrit. Deux jours après, Jonathan Demme, le réalisateur, est venu me voir. Je jouais dans Madame Butterfly. On a dîné ensemble, il m’a demandé si j’aimais le rôle. J’ai dit oui mais que je n’étais pas Américain. Il m’a répondu que ce n’était pas grave. Je lui ai alors demandé pourquoi il avait pensé à moi. En fait, il m’avait vu dans Elephant Man et le personnage que j’interprétais était similaire à Lecter. Ce n’était pas une mauvaise personne. Il était intelligent, brillant mais complètement piégé par sa folie. J’ai trouvé ça intéressant. Du coup, je ne savais pas pourquoi, mais c’est là qu’instinctivement, j’ai su comment interpréter Lecter. J’en ai eu la confirmation, quelques semaines plus tard.

 

À quelle occasion ?

 

AH Nous faisions une lecture avec Jonathan Demme, Jodie Foster et quelques producteurs du studio. C’était un lundi matin. Jodie est entrée dans la pièce et j’ai parlé comme Lecter (il l’imite) : « Good Morning…. Jonathan Demme était comme un fou. J’ai continué : Alors comme ça vous appartenez au F, B, I… ». Les producteurs se sont exclamés : « Oh bordel, il est flippant ». J’ai demandé à Jonathan si ça lui convenait. Il m’a répondu de ne rien changer.

 

Avez‑vous une méthode ?

 

AH Avec les années qui passent, j’appréhende les choses différemment, j’essaie de faire simple : je ne suis qu’un acteur, j’apprends le texte, je demande parfois quelques modifications substantielles, mais pour moi, l’identité du personnage est dans le texte initial, il faut suivre une certaine logique, écouter le réalisateur, faire quelques suggestions, et ça fonctionne.

 

Vous aimez toujours ce métier ?

 

AH Oui ! Ma femme me dit sans arrêt que je devrais ralentir la cadence. Mais pourquoi ? Si j’arrête de jouer, je meurs. Alors je continue tant que des réalisateurs pensent à moi pour des rôles, je les prends. Je suis très heureux de travailler.

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