le 23 janvier 2008 - 17h14

Carine Tardieu

La tête de maman est à l’image de sa réalisatrice : simple sensible et sincère. Retour émouvant sur la création d’un premier long métrage.
A

 

Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

 

CT Tout a commencé avec deux courts métrages qui abordaient déjà la même thématique. Ils sont d’ailleurs sur le DVD. Avec mon film, ils forment une espèce de triptyque. Ils sont indissociables même s’ils existent indépendamment les uns des autres. Sur le fond, c’est suite au décès de ma mère il y a sept ans. J’ai éprouvé la nécessité de parler de nos rapports. Je voulais la raconter d’une manière ou d’une autre. J’avais le film en tête depuis longtemps, mais c’est la rencontre avec Christophe Rossignon, mon producteur, qui a tout déclenché. Après avoir vu mes deux courts métrages, il a décidé de produire mon premier long. C’est une proposition qui ne se refuse pas.

 

Vous êtes-vous mise au travail immédiatement ?

 

CT Oui et c’était très ludique. Je pense que c’est parce que c’était la première fois que je travaillais sur un sujet aussi personnel avec un coscénariste, Michel Leclerc. On s’entendait très bien. On avait envie de faire rire l’autre. C’est d’ailleurs ce qui a donné le petit côté comédie au film. Le fait que Michel soit là a apporté de la légèreté et de la distance par rapport au sujet plus dramatique. Une vraie année de bonheur ! C’est paradoxal, car je suis en train d’écrire mon second long métrage avec Michel toujours, et là, je galère un peu. Justement, je n’arrive pas à retrouver la même simplicité. Ce n’est pas la même énergie.

 

Avez-vous tout de suite pensé que la voix off (très réussie d’ailleurs) était indispensable pour raconter votre histoire ?

 

CT C’est venu à la première étape du synopsis. Mon producteur voulait, avant de se lancer pour de bon, que je couche l’histoire sur le papier en quelques pages. Sauf qu’avec Michel, on n’arrivait pas à résumer le film. Jusqu'à ce qu’on décide de le mettre à la première personne : je suis Lulu et voilà mon histoire. Quand Christophe Rossignon a lu ça, il était non seulement convaincu par l’histoire, mais il a voulu garder l’idée de la voix off. On l’a enregistrée avant le tournage. Un point très important. Et sur le plateau, on la passait aux comédiens par un système d’oreillettes pour qu’ils s’imprègnent immédiatement de la tonalité de la scène. Parfois, on la diffusait carrément en direct, un peu comme une musique.

 

Cette « musique » permet de mieux cerner les personnages, notamment Lulu et sa maman…

 

CT Absolument. Lulu est une adolescente qui veut retrouver sa place d’enfant. Elle a besoin que sa maman retrouve sa place de mère pour pouvoir se situer en tant qu’enfant et mieux grandir. Si on saute une étape, on est toujours dans le déséquilibre. Mais si son modèle retrouve sa place, on peut de nouveau s’identifier à lui.

 

Aviez-vous déjà ces comédiens-là en tête au moment de l’écriture ?

 

CT Non, même si ceux du film se sont très vite imposés à moi. Par exemple, pour le rôle de Karin Viard, j'avais envie d'une comédienne diamétralement à l’opposé du personnage. Je voulais quelqu’un de lumineux et vivant. Au début du film, il y a comme un voile sur elle, qui s’estompe au fur et à mesure. Comme une renaissance. Il fallait qu’elle ait de la vie en elle, et c’est le cas de Karin. Par chance, tout le monde a dit oui. La seule pour qui j’avais de l’appréhension, c’était Jane Birkin. Elle joue son propre rôle dans le film. Si elle avait dit non, je ne sais pas ce que j’aurais fait. J’ai toujours pensé à elle sans même la connaître, et j’avais une chance sur deux pour qu’elle dise oui.

 

Le plus compliqué finalement, ça a été pour Lulu (Chloé Coulloud, NDLR)…

 

CT On a auditionné quelque chose comme 200 jeunes filles avant de la trouver. Ma rencontre avec Chloé est assez particulière. À l’époque, je passais tous les jours devant la salle d’attente du casting pour épier les candidates. Puis un jour, j'ai vu une jeune fille assise sur un banc les pieds rentrés avec un t-shirt à capuche, très jolie, avec un petit air de garçon manqué. Je lui ai dit « Bonjour », elle m'a répondu « Salut ». Je ne sais toujours pas pourquoi, mais j’ai eu une espèce de coup de cœur qui ne s’explique pas. Je me suis dit : c’est Lulu. Ce qui s’est confirmé par la suite aux premiers essais filmés.

 

Quel est votre regard sur le film aujourd'hui ?

 

CT Je l’aime et je suis très attachée aux personnages. Même s’il est différent de ce que j’avais en tête au moment de le faire, je suis fière de ce que ça raconte. Ça a été un passage important pour moi, une sorte de deuil de la mort de ma mère. Je suis contente que le film existe mais je ne veux plus le voir. Il faut que je passe à autre chose. Je le regarderai dans dix ans avec mes enfants quand j’en aurai (sourire).

 

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