par Cédric Melon
22 juin 2011 - 13h59

Il était une fois dans l'Ouest

VO
Once Upon the Time in the West
année
1969
Réalisateur
InterprètesCharles Bronson, Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Jack Elam, Frank Wolf, Woody Strode, Lionel Stander, Keenan Wynn
éditeur
genre
notes
critique
10
10
A

Avec Le bon, la brute et le truand, Leone pensait en avoir fini avec le western. Il voulait non seulement s'attaquer à un autre aspect de l'Histoire de l'Amérique, mais aussi donner une orientation nouvelle à son cinéma : le film‑opéra. Mais les producteurs d'Il était une fois en Amérique fixèrent une condition sine qua non à la réalisation de son projet : un nouveau western. Entre compromis et envies de changement, le cinéaste accoucha d'une œuvre à la fois bâtarde et pure, ovni cinématographique et hommage accompli.

Il était une fois dans l'Ouest est une œuvre à part. En rupture avec la trilogie des dollars immortalisée par Eastwood et son « Homme sans nom », figure immuable du western‑spaghetti, Leone s'inscrit dans la mythologie tout en s'émancipant des contraintes. Rythme, cadrage, tout diffère, mais les références au western abondent, comme ces sobriquets dont sont affublés tous ces personnages de cinéma à la mine patibulaire, faisant partie intégrante de la mémoire collective des amateurs du genre. Les héros ne sont plus des hommes, ce sont des mythes.

Immortelle également, la partition musicale de Ennio Morricone, en parfaite adéquation avec la lecture cinématographique de Leone. Son style est plus épuré que jamais, le temps est suspendu au silence, aux actes et à la volonté de ces protagonistes qui doivent trouver leur place dans le berceau de cette nation en train de naître.

Pour la première fois enfin, Leone inscrit dans son univers presque exclusivement masculin le personnage d'une femme forte, Jill (sublime Claudia Cardinale), à la fois mère, putain, maîtresse et objet. Le metteur en scène confie aussi à Henry Fonda, dont 90% de la carrière a été consacrée à la noblesse et à l'intelligence (Le serpent, Douze hommes en colère…) le rôle de Franck : « Le plus grand dégueulasse que la terre ait jamais porté ». La montée progressive de son face‑à‑face avec Bronson se terminera comme au commencement, en apothéose visuelle et sonore, par un duel d'anthologie.

Un chef‑d'œuvre vertigineux à ressentir comme une des plus grandes déclarations d'amour au western en particulier, et au cinéma en général.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
blu-ray
cover
Once Upon the Time in the West
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
16/06/2011
image
2.35
HD 1 080p (Mpeg4 AVC)
16/9 natif
bande-son
Français Dolby Digital 2.0 mono
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Dolby Digital 2.0 mono
Allemand Dolby Digital 2.0 mono
Espagnol Dolby Digital 2.0 mono
sous-titres
Français, anglais, allemand, espagnol, néerlandais, danois, suédois, norvégien, finlandais
5
10
image
La dernière restauration du film sur DVD était très impressionnante, mais cette nouvelle version remastérisée HD est une déception. Les contrastes sont bien trop appuyés par endroits, la colorimétrie manque de nuance et le grain ressort davantage que sur la version DVD. Bien heureux ceux ou celles qui parviendront à oublier sa présence, ne serait-ce que l’espace d’un plan, tant l’image fourmille sans interruption. Le seul bénéfice offert par le support est le niveau de détail hallucinant dès qu’il s’agit d’un gros plan. La moindre ride et la moindre goutte de sueur semblent alors être en relief tant la qualité est divine. Seulement voilà, le contraste avec les plans d’ensemble et les paysages est énorme, et surtout peu harmonieux. Conséquence : pas de label Must AV malgré tout l'intérêt du film et ses compléments de qualité.
8
10
son
À l’inverse, le travail effectué sur le son est salvateur. La piste DTS-HD offre un mixage riche, précis et immersif. La répartition générale est envoûtante et les détails sonores toujours habilement mis en relief. La gestion des basses est elle aussi exemplaire, et compatible avec les effets et la musique parfaitement répartis. Un mot sur la piste française mono, qui fait le job. Elle propose une belle ouverture des canaux et des doublages français tout simplement extraordinaires.
10
10
bonus
- DVD du film
- Choix de la version restaurée ou de la version cinéma
- Commentaires audio de John Carpenter, John Milius, Alan Cox, des historiens du cinéma Sir Christopher Frayling et Dr. Sheldon Hall, des acteurs et de l'équipe du film
- Un opéra de violence (29')
- Le salaire du péché (20')
- Le chemin de fer : la révolution de l'Ouest (6')
- Quelque chose à faire avec la mort (19')
- Galerie de la production (2')
- Bande-annonce originale (3')
- Décors avant et après (6')
Les commentaires audio proposent d'écouter un certain nombre d'intervenants prestigieux enregistrés séparément (John Carpenter, John Milius, le biographe officiel de Leone Sir Christopher Frayling, Claudia Cardinale…), chacun commentant des scènes spécifiques du film. Malheureusement, même s'il est possible de glaner ici ou là quelques anecdotes savoureuses (les différents montages du film, les scènes coupées, l'art de filmer une mouche en mouvement), l'adage qui veut que l'union fasse la force n'est pas vraiment applicable ici. L'intervention de John Carpenter, pour ne citer qu'elle, se résumant à neuf minutes de paraphrase et de lieux communs sur le film et ses aspects techniques liés aux plans larges. Même si le discours est sincère, il reste peu emballant. Les trois documentaires sont autrement plus passionnants. À travers les témoignages de Sir Alex Christopher Frayling, John Carpenter, Alex Cox, Tonino Delli Colli (directeur photo de Leone), Claudia Cardinale, Gabriel Ferzetti (Morton dans le film) et Bernardo Bertolluci (co-scénariste du film avec Leone et Dario Argento), et via des documents d'époque mettant en scène Leone et Fonda, on entre dans le vif du sujet. Les anecdotes et les souvenirs fusent à un rythme trépidant. Bertolucci évoque ainsi le pourquoi du comment de sa participation au script et surtout comment Leone a finalement accepté qu'une femme endosse le rôle-clé de son western. Tonino Delli Colli est dithyrambique sur le travail du réalisateur et sur l'importance qu'il accordait au montage. Quant à Claudia Cardinale, elle évoque le souvenir de ses partenaires avec émotion. Beaucoup d'éléments et de révélations croustillantes (la légende veut que Leone ait envisagé un temps que les trois desperados au début du film soient interprétés par Eli Wallach, Lee Van Cleef et Clint Eastwood, avant d'y renoncer devant le refus de ce dernier de disparaître au bout de cinq minutes de film), qui permettent de comprendre comment cette aventure a pu commencer, se dérouler et finir par devenir le film que l'on connaît. Toutefois, cette structure en trois parties nous échappe encore (sans compter les titres utilisés pour chacune d'elle… peu pertinents). Ces featurettes auraient très bien pu ne faire qu'un seul et même bloc. Reste à voir une imposante galerie de photos de tournage (et surtout les clichés d'une scène tournée jamais montée, où l'on distingue très nettement Bronson en train de se faire dérouiller par les hommes de main de Morton), et quelques filmographies sélectives des principaux protagonistes. Attention, bonus caché ! Pour l’apprécier, il faut se rendre dans la section « Extras » du menu principal, mettre en évidence les commentaires et les faire défiler vers la gauche jusqu’à ce qu’un fer à cheval apparaisse dans le coin supérieur droit de la bannière. Lorsque le fer à cheval est en surimpression, appuyez sur la touche « Entrée » de la télécommande, et vous obtiendrez une petite surprise inédite. Bref, ces bonus lèvent le voile sur ce film qui appartient désormais à la légende du 7e art. On regrettera simplement l'absence de Bronson et d'Argento, éléments capitaux du film, chacun dans leur domaine.
en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !