par Jean-Baptiste Thoret
04 juin 2018 - 12h00

Mission impossible : protocole fantôme

VO
Mission: Impossible - Ghost Protocol
année
2011
Réalisateur
InterprètesTom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg, Paula Patton, Josh Holloway, Lea Seydoux
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Ce que raconte la quatrième adaptation de la série créée par Bruce Geller en 1966 n’a évidemment guère d’importance. En deux mots, l’agent Ethan Hunt (Cruise toujours) est exfiltré d’une prison russe afin de mettre la main sur Cobalt (Michael Nyqvist, le détective de Millénium), un scientifique psychopathe qui a décidé, comme au bon vieux temps des Bond des Sixties, de déclencher une guerre nucléaire. Mais l’opération tourne mal lorsque le Kremlin part en fumée. Résultat, les USA sont désignés du doigt, l’agence IMF est supprimée, ses agents publiquement désavoués et le gouvernement américain n’a plus qu’à lancer le fameux « protocole fantôme ». Cela semble tout changer pour les personnages mais pour le spectateur, cela ne change rien. Ethan et sa nouvelle bande (Simon Pegg, l’acteur de Shaun of the Dead, Jeremy Renner de Démineurs et Paula Patton) feront encore une fois de « l’escapisme », mais oriental cette fois (Dubaï puis Mumbai).

L’intérêt de cette nouvelle mission réside dans le choix plutôt inattendu du réalisateur. Après De Palma, Woo et Abrams, c’est au tour de Brad Bird, l’homme des Indestructibles et de Ratatouille, de tourner son premier film en prises de vues réelles. D’où une question : comment Bird allait‑il convertir son talent pour l’animation dans le monde en chair et en os du cinéma d’action hollywoodien ?

La première réponse semble évidente si l’on considère, à juste titre, que l’essentiel des blockbusters américains ressemblent aujourd’hui à de gigantesques cartoons ‑qui des capacités de trucage et de métamorphose infinies offertes par les effets numériques, qui des prouesses délirantes de leurs héros increvables à l’intérieur d'un monde de pixels, etc.‑ Or, c’est précisément dans la cartoonisation de la licence Mission impossible, dans le réemploi de motifs propres au style Pixar, que ce Protocole fantôme tire, et plutôt bien, son épingle du jeu.

Après la version tragico‑lyrique de John Woo (M:I2, la plus belle ?), la greffe de l’univers des séries télé dans M:I3, Bird retraite les situations et tous ses personnages sous l’angle de l’animation, et donc de la programmation. Mais contrairement aux Transformers (cliquez sur Transformers 3, la face cachée de la Lune 3D pour accéder au test de la rédaction) et aux innombrables adaptations de comics qui veulent faire croire à un usage adulte de cette cartoonisation, Bird, lui, filme du point de vue de l’infantilisation du cinéma d’action américain, à mi‑chemin du jeu vidéo, du dessin animé et du jouet.

Dans M:I4, Bird, dès qu’il le peut, multiplie les séquences au cours desquelles les espions ne sont plus que des créatures téléguidées par des informaticiens (excellente évasion de Hunt soumise au bon vouloir d’un geek mabusien), les rouages d’un programme mécaniste (voir le face‑à‑face final entre Cruise et le bad guy digne de Toy Story 3 ou de Monstres et Cie), ou des figurines contraintes d’endosser des tenues « intelligentes » mais en caoutchouc pour escalader des gratte‑ciels.

Ici, le cartoon n’est plus le principe extravagant d’un genre bigger than life, mais la Loi (amusante et amusée) qui contrôle ceux qui se prennent pour des humains. Ludique et intelligent, M:I4 réactualise ici les grands thèmes de la série (la programmation, l’illusion, la manipulation), non pas par excès de réalisme (fausse piste : M:I3, le syndrome Jason Bourne), mais en lui injectant le sang infantile et vivifiant des bonnes images animées.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
blu-ray
4k
cover
Mission: Impossible - Ghost Protocol
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
09/05/2012
image
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais Audiodescription 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, néerlandais, italien, espagnol
10
10
image

Pas de suspense inutile. On annonce tout de suite la couleur : note maximale ultra-méritée. Décidément, Paramount nous réserve des éditions de toute beauté ces derniers temps, et des films qui portent vraiment une marque de fabrique haut de gamme.

Si la folie de Brad Bird ne réside pas dans ses choix artistiques (ambiance bleutée et froide au Kremlin, chaude et saturée à Dubaï : étonnant, non ?), le réalisateur nous réserve bien d'autres surprises, à commencer par un parti pris de tournage finalement rare, à base des prises de vues réelles absolument époustouflantes. C'est-à-dire sans effets spéciaux ou presque, ce qui permet d'obtenir un niveau de détail quasiment impossible à recréer en 3D (comme les reflets des voitures sur les vitres de la tour Burj).

L'effet est garanti pour le spectateur : souffle coupé avec petits cris d'effroi pour accompagner la sensation de vertige. Pour cela, le film a bénéficié de trente minutes d'image tournées en Imax en 65 mm (vous en saurez plus sur l'aspect technique du tournage Imax dans les bonus). Et si Brad Bird a décidé d'intégrer ces séquences au format 2.35 (à l'inverse de Nolan dans ), on en prend tout de même plein la vue. Le panorama en plongée et contre-plongée depuis la tour Burj Khalifa à Dubaï est incroyable, l'espace palpable (on croirait presque de la 3D), les couleurs profondes, les contrastes boostés à mort, les noirs d'enfer et la définition en acier trempé, etc, etc.

Pas un défaut à l'horizon malgré des conditions de tournage extrêmes (la tempête de sable artificielle par exemple) et un souci d'unité infaillible malgré toutes les transitions (formats d'images différents, colorimétries). À ce jour, la démo parfaite.

10
10
son

Une VO Dolby TrueHD 7.1 que l'on ne pouvait pas imaginer plus adéquate. À la fois raffinée (le contrepoint avec la chanson de Dean Martin lors de l'évasion de Hunt est un délice), musclée (l'explosion du Kremlin à 7 Mbps avec salve d'infragraves), cette bande-son ne déçoit jamais et surtout n'en fait jamais trop (pas d'effet de fatigue, dialogues toujours audibles). Les deux surrounds back jouent à fond leur rôle et tournent à plein régime. Quelle ampleur, quelle ouverture, quel impact… Respect également pour la multitude de détails sonores disséminés tout au long du film, pour beaucoup de naturel, encore une fois, en accord avec ce qui nous est proposé à l'image.

La VF Dolby Digital ne vous plongera pas dans la même ambiance, c'est certain. Fermée, étouffée, moins claire et gommant une partie du spectre sonore (surtout dans les aigus), cette VF n'est pas à la hauteur du film.

7
10
bonus
- Ça chauffe à Dubaï (17')
- Grabuge à Vancouver (12')
- La tempête de sable (3')
- Accessoires (3')
- Scènes inédites commentées par Brad Bird (dont ouverture) (5')
- DVD du film et copie digitale

Cela paraît peu en comparaison de certains titres bardés de compléments (parfois jusqu'à une trentaine comme chez Disney par exemple pour ses plus grosses éditions), mais ces sujets sont de qualité, jamais promotionnels et pas forcément dédiés à la gloire de Tom Cruise qui, pourtant, réalise sans aucun doute une des cascades les plus folles jamais tournées par un comédien non doublé.

C'est en effet dans le module « Ça chauffe à Dubaï » que l'on découvre la préparation in vivo (c'est Brad Bird qui filme le plus souvent avec son iPhone) de la séquence de l'escalade de la tour Burj Khalifa à Dubaï (alors en cours de finition). Tournée en Imax, cette ascension de Tom Cruise du building le plus haut du monde restera dans les annales du cinéma. On le voit jouer, accroché à un filin à une hauteur vertigineuse (plus haut que l'Empire State Building en fait !), virevoltant, poussant des petits cris de joie. Une mécanique extrêmement bien huilée mais très dangereuse qui a demandé des semaines d'entraînement, une bonne dose de folie et, petit détail qui a son importance, a nécessité de retirer 26 fenêtres de la tour, alors qu'au départ, pas une ne devait être enlevée, et pour cause : elles n'ont pas été conçues pour cela. Bref, un module à ne pas louper, qui donne littéralement le vertige.

« Grabuge à Vancouver » montre une autre folie de l'équipe : la reconstitution d'un parking vertical dans un hangar à bateaux haut de 20 mètres. Soit un building de sept étages. Les autres focus (scènes coupées, tempête de sable, accessoires) sont moins spectaculaires. On regrette tout de même que notre édition française ait été amputée de précieuses minutes de complément par rapport au disque US, qui renferme des documents de plus d'une heure à chaque fois.

en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !