Les bêtes du Sud sauvage
Ce fut l’un des événements du Festival de Cannes 2012 et une Caméra d’or méritée. Les bêtes du Sud sauvage témoigne, après The Devil Rejects de Rob Zombie et Mud de Jeff Nichols, de la résurgence d’un cinéma américain qui a décidé de retourner dans le Sud du pays ‑ce qu’on appelait jusque dans les années 1970 le southern movie‑.
Exploitant à merveille le lyrisme fantastique des lieux et les visions poétiques de sa jeune héroïne, ce premier film de Benh Zeitlin fut tourné en 16 mm, dans le cadre d’une production indépendante qui, quand le talent est là, peut donner lieu à une merveille.
Dans le bayou de Louisiane, Hushpuppy, une gamine de 7 ans, tente de résister comme elle peut aux catastrophes climatiques qui mettent en péril son foyer (l’ouragan Katrina, toile de fond à laquelle on ne cesse de penser) et de soutenir son père, un alcoolique usé par la précarité et la mort prématurée de sa femme. Dès les premières images, on est happé par l’univers magique et ténébreux mis en place par Zeitlin, l’inventivité de son scénario et l’énergie de sa mise en scène, élégante, féerique et dont le maniérisme pourra, peut‑être, en agacer certains.
Les bêtes du Sud sauvage, le titre, renvoie à ces animaux mythologiques que Hushpuppy croisera au cours de son périple et à un univers, le conte pour enfants, que Zeitlin transforme en conte noir fantastique (La nuit du chasseur ?) et osé. L’une des perles rares de 2012.