The Master

Année : 2012
Réalisateur : Paul Thomas Anderson
Casting : Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Jesse Plemons
Éditeur : Metropolitan Film & Vidéo
BD : BD-50, 137', zone B
Genre : drame, couleurs
Interdiction : tous publics
Sortie : 15/05/13
Prix ind. : 24,99 €
sans Must AV
Critique

Test technique
Image :
Son :
Bonus :
Format image
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
Bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres
Français
Amazon
19,99 €
On pourrait décrire The Master, dernier opus du réalisateur de There Wil Be Blood, comme une vaste fresque historico‑biographique sur les débuts de la Scientologie, en Amérique, dans le sillage des années un peu désorientées qui ont suivi la Seconde mondiale. Mais ce biopic décalé emprunte autant au J. Edgar de Clint Eastwood qu’à Eyes Wide Shut, dans la façon dont pèse sur toutes ses images, la possibilité constante d’un déraillement de l’ensemble vers le fantastique, voire la folie.

Vétéran de guerre alcoolique et paumé, Freddie Quell ne carbure plus qu’à une seule obsession, celle des femmes, et son monde ressemble à un gigantesque test de Rorschach qui délire partout des sexes féminins. Le film s’ouvre sur un bateau, par les mouvements répétitifs d’une hélice imposante qui disent le tumulte intérieur de Freddie, la tempête qui menace sous ce visage osseux et agité (Joaquim Phoenix après quatre ans d’absence des écrans de cinéma). L’homme est borderline, instable, imprévisible, clandestin incurable d’une société qu’il tente, mais en vain, de réintégrer.

Et puis, survient une rencontre, avec Lancaster Dodd (Philipp Seymour Hoffman), un patriarche mi‑écrivain, mi‑gourou, le « Master » du titre et avatar de Ron Hubbard, qui propose à Freddie d’entamer avec lui et sa famille une croisière censée célébrer le mariage de sa fille. Freddie est le cobaye idéal : son désir de famille et de père (grand sujet des films d’Anderson), sa démarche de tortue malingre et voûtée, son manque d’assurance, font de lui la proie rêvée de Dodd qui, dans un premier temps, tente de lui appliquer les méthodes de sa Dianétique balbutiante. La naïveté contre la manipulation, l’art de l’endoctrinement contre celui de l’esquive, la programmation contre la dérobade (de ce point de vue, le film The Master parle aussi beaucoup de lui‑même et de sa volonté d’échapper constamment à ce qu’on attend de lui), le film de PTA séduit et déroute en même temps, par sa capacité, entre autres, à n’emprunter aucune des directions attendues (un biopic documenté sur la naissance d’une secte, un pensum à charge, façon Costa‑Gavras, sur les dangers de la scientologie, etc.).

Personne ne dira le contraire : The Master est un film splendide, souverain, un vaisseau fantôme qui semble venu d’un autre temps de l’histoire du cinéma, lorsque la puissance de l’auteur (au hasard, David Lean) et celle du système (Hollywood) marchaient encore de concert. Un film d’une ampleur dramatique et formelle fascinante (le film mélange le 35 mm et le 70 mm, format des grandes œuvres épiques), animé par des forces telluriques (voir la séquence d’ouverture) qui, plutôt que d’éclater plein cadre, agissent en sourdine, lézardent le récit au point de le faire tanguer sans cesse, entre le grotesque (la première partie) et le mélodrame, le huis clos Actor’s Studio (tous les face‑à‑face entre les deux acteurs) et le réalisme magique.

Ici, il est beaucoup question de disparitions et d’effacement, de fuites (la plus belle séquence du film : l’évanouissement, sur la ligne d’horizon, de la moto de Fred sous l’œil étonné de son maître) et d’échappées dans le temps (les séquences d’hypnose imaginées par Dodd/Hubbard et censées ramener le patient vers son passé douloureux).

Pourtant, si le film ne convainc pas totalement, c’est qu’il lui manque une colonne vertébrale, une direction souterraine pour structurer cet ensemble virtuose mais démembré. À force de chercher un point d’ancrage, on finit par errer sans but dans les arcanes de cet objet impeccable et maîtrisé, mais dépourvu d’issues.
Jean-Baptiste Thoret - Publié le 24/05/13
Bonus
- Scènes coupées (22')
- Coulisses (8')
- Teasers du film à vocation caritative pour la Film Foundation
- Documentaire de John Huston Let there be Light (58')
- Bandes-annonces

Les coulisses du tournage et le documentaire d'époque de John Huston, sur la prise en charge des soldats atteints de troubles en tous genres, sont remarquables.

Le premier est un making of comme nous n'en avons jamais vu (après une bonne douzaine d'années à décortiquer des DVD, puis des HD DVD, puis des Blu-Ray…). Sans structure, pris à la volée et en caméra subjective, il diffuse le son live du tournage sur une musique jazzy à souhait. Son objectif : vous faire déambuler sur le plateau comme un simple visiteur auprès du staff technique. Très réussi, mais trop court !

Ne loupez pas non plus le documentaire de John Huston, le papa d'Angelica (La famille Adams), sur ces soldats traumatisés pris en charge par des hôpitaux spécialisés US. Ancien boxer, puis scénariste, dialoguiste et réalisateur, il faut savoir que John Huston fut mobilisé durant la Seconde guerre mondiale dans l'équipe des cinéastes militaires de l'US Army, sous la direction de Frank Capra. Il réalisa alors en 1946 Let there be Light (Que la lumière soit), sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre. Des images chocs qui seront longtemps censurées. C'est aussi durant cette expérience que Huston découvrira l'hypnose, qui lui inspirera plus tard son film Freud, passions secrètes (1962).
Note bonus : 5/6
Image
D'une force esthétique puissante (on le rappelle, le film a été capté sur pellicule 35 mm et 70 mm), The Master peut se targuer de nous ramener aux plus belles heures de l'argentique, avec grain et texture pleins de relief et de mystère, économie de couleurs et personnages physiquement (en mentalement) entourés de zones sombres, renvoyant à la peinture de la Renaissance flamande. Rien de spectaculaire évidemment, mais une grande maîtrise qui nous fait craquer pour ce « master » Blu-Ray un peu à l'ancienne certes, mais salvateur.
Note image : 6/6
Son
Là encore, on apprécie le design sonore, les partis pris (enchaînement sur plus de deux heures d'épure et de ronflements de basses), la partition très réussie de Jonny Greenwood, le travail subtil des ambiances et des scènes plus intimes. Finalement, rien en vaut le dosage et l'équilibre. Pour être plus précis, sachez que la VO est plus que conseillée. Pour le jeu des comédiens et son ampleur bien sûr, mais aussi parce que la VF fait disparaître bon nombre de détails sonores et de bruitages. Avec elle, tout est plus plat, plus artificiel, ce qui a pour effet de gommer une bonne partie de l'environnement sonore du film. Dommage.
Note son : 5/6



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