Gomorra

Année : 2008
Réalisateur : Matteo Garrone
Casting : Salvatore Abruzzese, Simone Sacchettino, Salvatore Ruocco
Éditeur : TF1 Vidéo
BD : BD-50, 137', zone B
Genre : policier, couleurs
Interdiction : tous publics (certaines séquences peuvent choquer)
Sortie : 05/03/09
Prix ind. : 29,99 €
sans Must AV
Critique

Test technique
Image :
Son :
Bonus :
Format image
2.35
HD 1 080p (Mpeg4 AVC)
16/9 natif
Bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Italien DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres
Français
Amazon
14,99 €
Étrange engouement critique suscité par le dernier film de Matteo Garrone, Gomorra, adaptation du roman-enquête éponyme de Roberto Saviano. Pour l’amateur de films de mafia, celui qui tient Le Parrain, le Scarface de De Palma, Casino, Cadavres exquis ou encore I Magliari -tous deux de Francesco Rosi- pour des films magistraux sur le fonctionnement politico-mafieux, ses rouages, la corruption et ses ravages, les tombereaux de louanges déversés sur Gomorra et la petite statue de commandeur qu’il semble avoir obtenu au fond du jardin cinéphile, ont de quoi laisser pantois.

Pourtant, l’essentiel des critiques a su repérer le point que le film visait, saisir son ambition, identifier ses refus. Réalisme total d’un côté (éternelle plus-value de l’authenticité garantie), et refus de la fiction (du glamour) de l’autre, revendiquée par l’auteur himself : « l’anti-Parrain » comme argument massue réactivant pour la énième fois le vieux cliché du réalisme qualitatif. Rengaine aussi stupide que tenace : le meilleur film de fiction est un documentaire, autrement dit son contraire. Face au « faire vrai » que Garrone brandit 2h30 durant comme étendard et unique programme, la puissance tragique de la trilogie de Coppola se dégonflerait telle une baudruche. Tout cela, c’était du cinéma. Avec Gomorra, voici venu le temps du réel.

Dès les premières minutes, Garrone filme une séquence (deux gamins se prennent pour Tony Montana, le héros suicidaire de Scarface, singent son attitude et délirent partout des Cubains armés) qui ne laisse aucun doute sur sa volonté d’inscrire Gomorra dans le contrechamp systématique de tous ces films de genre hollywoodiens qui, coupables d’avoir utilisé des ressorts dramatiques, se retrouvent frappés d’infamie. Or, Gomorra, comme tout film qui confond réalisme et vérité, possède lui aussi ses codes, ses motifs, ses trucs, au même titre que tous ces blockbusters dont il voudrait être l’antidote. Très vite, le récit patine, et donc régresse, aussi bien dramatiquement que théoriquement.

Prisonnier d’un système esthétique (pas d’effets de fiction, que du réalisme plat) qui le contraint à surexposer sa thèse (un personnage = un cas d’école), Garrone ne parvient pas à s’extraire de cette position de témoin dont le regard, faussement neutre à force de lorgner toujours dans la même direction, finit par ne plus rien voir du tout. Surtout, jamais il n’ouvre les œillères de son film vers la corruption globale du système et la question politique : quid des liens entre ces petites frappes de la banlieue napolitaine et les autorités italiennes ? Déplace-t-on réellement à la barbe de la police et des douanes des camions remplis de déchets à travers l’Italie ? Comment passe-t-on de ces ouvriers de quartier à la superstructure d’un pouvoir, la Camorra, et de sa collusion avec l’État ? Aucune réponse, si ce n’est l’apparition énigmatique d’une limousine noire et muette. Voilà pour la représentation du pouvoir : opaque, impénétrable et invisible. Rideau. On n’ira pas chercher plus haut.

Le réalisme obsessionnel du film finit donc par écraser la vérité qui se cache derrière son sujet, lui faire écran. Car Garrone ne filme qu’horizontalement là où Coppola et Rosi captaient aussi de bas en haut, le long de la chaîne des responsabilités, du sans-grade au cador, et accédaient, via la fiction des modèles (Shakespeare et Ulysse dans Le Parrain) et l’identification (s’attacher à un personnage, le comprendre, adhérer ou non à ses choix, éprouver de l’empathie à son égard ou du dégoût : Brando et Pacino), à la vérité de la mafia et de ses hommes.

Plus problématique enfin, le regard que porte Matteo Garrone sur son poulailler criminel, cette galerie de mafiosi glauques qu’il contemple de loin et de haut comme un entomologiste regardant s’étriper des insectes cobayes déjà condamnés par l’expérience. On pense alors à un autre cinéaste maton et peu aimable, Michael Haneke, pour lequel la meilleure position de la caméra est celle du mirador. Garrone, lui aussi, reste à distance, enfonce bruyamment des portes ouvertes et n’ose jamais regarder en face ceux qui, vus de près, ne sont peut-être pas que des minables. C’est moralement déplaisant, esthétiquement rébarbatif et intellectuellement inefficace puisqu’au fond, on n’apprend rien de plus, ni sur le fonctionnement de la Camorra, ni sur ce qui conduit des individus lambda à tomber dans ses griffes.
Jean-Baptiste Thoret - Publié le 04/03/09
Bonus
- Making of en SD (60')
- Scènes coupées en SD (13')
- Interview de Roberto Saviano, auteur du livre original en SD (41')
- Interviews des comédiens en SD (10')

Une belle interactivité pour ceux qui aimeront le film. Dommage que tous ces suppléments n'aient pas été intégrés en mode PIP au long métrage, et qu'ils soient tous en SD...
Note bonus : 5/6
Image
Une image terne mais d'une propreté et d'une précision étonnantes, auréolée de noirs cossus, de contrastes assurés et d'une colorimétrie misant sur le naturel. Bienvenue dans le Naples sale, poisseux et désenchanté de la Camorra.
Note image : 5/6
Son
Les doublages français, surfaits, ne peuvent rivaliser avec la VO. Cette dernière est peut-être un peu moins riche au niveau des ambiances et de la musique, mais pour avoir une chance de s'immerger dans le récit, elle est sans égale. De toute façon, la bande-son n'est pas d'une grande richesse acoustique et se montre relativement sèche. Ne vous attendez pas à un déluge d'effets arrière ni à un subwoofer remuant.
Note son : 4/6


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