par Paco Altura
18 mars 2014 - 14h58

Attila Marcel

année
2013
Réalisateur
InterprètesGuillaume Guix, Anne Le Ny, Bernadette Lafont, Hélène Vincent, Luis Rego…, Fanny Touron
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Paul, 33 ans, vit avec ses deux tantes qui désespèrent de le voir devenir pianiste virtuose. Muet depuis l’âge de 2 ans, date de la mort accidentelle de ses parents, Paul mène une vie sans souvenir ni passé. Mais une voisine originale, Madame Proust, décide de l’aider à retrouver les sensations de son enfance grâce à un savant cocktail d’hallucinogènes et de musiques ayant bercé ses premières années.

Comment l’imaginaire poétique et inventif de Sylvain Chomet, auteur des Triplettes de Belleville et de L’illusionniste, allait‑il passer des horizons sans limite de l'animation aux prises de vues réelles et à l’incarnation par des acteurs en chair et en os ? Durant un court prologue, le pré‑générique, on craint que Chomet, impressionné par ce « nouveau » médium, ne se soit réfugié dans un univers d’emprunt, en l’occurrence l’esthétique rétro‑nostalgique créée par Jeunet dans Amélie Poulain. Mais très vite, cette crainte d’un univers refuge se dissipe : le style et l'imagination de Chomet sont trop fertiles pour ne pas se parer d'originalité.

Il faut dire que le réalisateur a su se donner les bons outils. Un ton d'abord, puisque pour donner chair à son épopée mémorielle ‑l’essentiel du film est constitué d’incursions dans les souvenirs réprimés par Paul‑ Chomet a composé un cocktail de fantaisie, de séquences chantées et de mariages musicaux improbables qui, loin d’être un foutoir, révèle au contraire une cohérence et une grande richesse émotionnelle.

Chomet est aussi épaulé par l’équipe qu’il fallait. Des acteurs qui se révèlent tel Guillaume Gouix qui, contraint de jouer Paul essentiellement sur son regard, témoigne d’une irradiante puissance émotionnelle. Une Anne Le Ny, dont on connaissait les qualités dramatiques, qui avec Madame Proust, montre au grand jour un éventail d'humour noir ou solaire dévastateur. Une Bernadette Lafont enfin, qui, pour son ultime rôle, prend un malin plaisir à fissurer son personnage de vieille fille coincée lors d’une anthologique mais trop courte séquence de biture aux cerises à l’eau de vie…

Avec Attila Marcel, Chomet a su créer un nouveau genre, une psychothérapie/comédie musicale, et un nouveau décor, un lieu mémoriel qui ne reprend vie et signification qu’en musique. Il en dévoile doucement les paysages originaux (le combat catch/tango) en ôtant délicatement les écailles qui obstruaient l’âme de Paul. Subtilement, le film ose les mélanges, faire rire à gorge déployée puis émouvoir aux larmes quelques instants après. Que la musique soit forte ou subtile, l'expérience est unique, l'émotion devient comme une nouvelle frontière. Attila Marcel est une inoubliable ode au bonheur et à la vie, loin, très loin des boules de naphtaline.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
05/03/2014
image
1.85
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
7
10
image
Une image précise et bien définie à la colorimétrie très étudiée. Le master est de qualité et profite d'une légère patine qui ne nuit pas au plaisir mais renforce l'effet « souvenir ». Du beau travail même si on aurait préféré, sur les fonds d'image, un grain un peu plus discret.
7
10
son
La musique étant au centre du dispositif artistique du film, le Dolby Digital 5.1 s'impose de lui-même. Spatialisation, ambiance (l'appartement farfelu de Madame Proust), tout est au rendez-vous et on jubile dès l'arrivée de la moindre note de musique dont la dynamique donne, objectivement, du corps aux images. On ne peut hélas pas en dire autant de la version 2.0, qui semble insuffisamment retravaillée. Son rendu global plat et uniforme fait perdre beaucoup trop de magie aux nombreux passages musicaux.
3
10
bonus
- Interview Sylvain Chomet (3')
Ne donner que trois minutes d'interview à Sylvain Chomet pour évoquer un film aussi riche ? Quelle étrange idée. Chomet, homme généreux, réussit malgré des secondes comptées à livrer quelques anecdotes touchantes, notamment sur sa collaboration avec la regrettée Bernadette Lafont. Mais où est le beau making of que ce film splendide aurait mérité ?
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