par Jean-Baptiste Thoret
26 février 2016 - 10h30

Knock Knock

année
2015
Réalisateur
InterprètesKeanu Reeves, Lorenza Izzo, Ana de Armas, Ignacia Allamand, Aaron Burns, Colleen Camp
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Knock Knock est le remake à demi‑avoué de The Seducers, un film d'exploitation post‑Manson (à ce sujet, voir la série Aquarius) réalisé en 1977 par Peter Traynor, dans lequel un bon père de famille (Seymour Cassel) succombe, un soir d'orage punitif, aux charmes de deux jeunes filles un peu intrusives (Colleen Camp et Sondra Locke), avant que celles-ci, dès le réveil, se transforment en harpies venimeuses et fassent vivre à notre « daddy » un véritable enfer.

Remake à demi‑avoué puisque si Eli Roth et ses deux co‑scénaristes apparaissent comme les seuls auteurs du script, la présence de Camp et de Locke, la première comme co-productrice, la seconde dans un petit rôle, vient rétablir la filiation. C'est Keanu Reeves, en plein trip sulpicien et post‑John Wick, qui reprend le rôle peu aimable de la victime imprudente, Evan, architecte et ex‑DJ dont la partition se résume très vite à hurler au loup, impuissant, attaché sur une chaise, tel le spectateur effrayé du happening anarcho‑MTV orchestré par ces Miley Cirus de banlieue, incarnations réjouissantes de la teen d'aujourd'hui telle que Reeves et Roth, tous deux quarantenaires, la voient et/ou la fantasment.

La mise en pièce méthodique de la maison d'Evan constitue le meilleur du film, une destruction aux limites du cartoon de tous les signes de réussite de ce cadre légèrement bobo, de son goût du vintage aux croutes de sa femme artiste, versions miniatures de celles d'Anish Kaapur graffitées d'un réjouissant « L'art n'existe pas ».

Vu de loin, Knock Knock, c'est une version camp de Funny Games revue par Liaison fatale, un délire très E.C Comics (la fin renvoie à Creepshow) autour de la rebellion 2.0 ‑après tout, on a les hippies qu'on peut‑.

Certes le film d'Eli Roth reste plus sympathique que celui du maton Haneke, et en dépit de sa désinvolture potache, moralement plus fréquentable. Mais il cale assez vite, incapable de trouver le juste équilibre entre la parodie méta (quelques efforts à accomplir avant le niveau Blake Edwards) et le thriller façon Les nerfs à vif. Si Knock Knock témoigne d'une volonté de Roth de faire un pas de côté et ne pas se laisser enfermer dans la cage du cinéma gore (ici, l'horreur est psychologique), il accuse aussi d'un manque d'ambition que ni son savoir‑faire, ni son vernis subversif, ne parviennent à masquer complètement.

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- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
08/03/2016
image
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français Audio 3D
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français (imposé sur la VO), français pour sourds et malentendants
8
10
image
Tourné au Chili dans une maison d'architecte absolument parfaite pour ce huis clos sous tension, le film affiche une image aux petits oignons, jamais au rabais. C'est tranché, hautement contrastée, haut en couleur (les œuvres d'art de la propriété font même un peu mal aux yeux) et très séduisant. Pas de raison de bouder notre plaisir. Surtout en HD.
7
10
son
Si le mixage est identique entre VO et VF, on préférera bien sûr la première pour les voix et le jeu originaux sans qui l'entreprise paraît bien fade. Sans trop en faire (la musique d'ambiance n'a vraiment rien d'extra), le film privilégie la scène Surround et les multiples bruits d'ambiance pour nous immerger. Classique mais efficace.
3
10
bonus
- Interviews de Keanu Reeves, Lorenza Izzo et Ana de Armas (15')
- Copie digitale
Plus de place pour Keanu Reeves quand même et c'est tant mieux. Grosse implication sur le film et petite analyse de fond. En gros, pour lui, ces deux harpies peuvent être comparées à deux grenouilles qui décampent de leur étang vicié jusqu'à la lie. Et il ne semble pas détester cela…
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