par Carole Lépinay
26 mai 2017 - 13h02

Manchester by the Sea

année
2016
Réalisateur
InterprètesCasey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Lucas Hedges, Gretchen Mol, Mary Mallen
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Homme à tout faire pour les locataires de quatre immeubles, Lee Chandler (Casey Affleck, Triple 9) a choisi de vivre reclus dans un sous‑sol, loin de sa ville natale. Désigné comme tuteur légal de son neveu Patrick (Lucas Hedges) après la disparition brutale de son frère Joe (Kyle Chandler, Le loup de Wall Street, Friday Night Lights), le voilà contraint d’y retourner et d’affronter tous les mauvais souvenirs qui l’avaient poussé à partir.


Doublement oscarisé (Meilleur scénario original et Meilleur acteur), Manchester by the Sea doit son titre et son aura mélancolique à une petite ville côtière du Massachusetts. Lee, qui enchaîne les missions domestiques dès la séquence inaugurale, se dévoue corps sans âme en échange d’une paie de misère à des kilomètres de celle‑ci. Atone et taciturne, le pré‑quadra encaisse les remarques des résidents comme les réprimandes de son boss, sans broncher. Le drame qui l’oblige à revenir au pays natal ne semble pas le bouleverser davantage. À l’hôpital, son détachement tranche avec l’ami de son frère, effondré. Quelle fêlure originelle justifie cette réserve, cette distance à toute épreuve ?

 

En rapatriant son protagoniste, Kenneth Lonergan (co‑scénariste de Gangs of New York, il réalise son troisième long métrage) nous confie les secrets de son détachement. En lui infligeant un événement brutal, il réactive sa tragédie personnelle, flashbacks réguliers à l’appui. Ainsi, lorsque le notaire lui annonce les dernières volontés du défunt ‑avoir la charge de son neveu de 16 ans‑, les origines de son grand vide intérieur affleurent, tel un point de non‑retour, l’effroyable souvenir d’un acte manqué qui le rive au passé, indéfiniment.

 

Ni la mer offerte derrière une fenêtre brisée de ses mains nues, ni les paysages glacés et solaires de Manchester (mention spéciale au chef‑opérateur Jody Lee Lipes) ne pourraient lui assurer une échappatoire. Jusqu’à ce bateau de pêche, héritage familial nommé Claudia Marie, qui regagne la berge dès la séquence introductive plutôt que de tenter l’inconnu.

 

Casey Affleck (frère de Ben), tout en pudeur et sobriété, décroche sans aucun doute l’un des grands rôles de sa carrière.

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blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
25/04/2017
image
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS 5.1
Français Audiodescription
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Allemand DTS 5.1
Espagnol DTS 5.1
Italien DTS 5.1
Russe DTS 5.1
sous-titres
Français, anglais, allemand, italien, espagnol, néerlandais, arabe, chinois, hindi
8
10
image

Le chef-opérateur Jody Lee Lipes (35 ans) et le réalisateur ont fait de la petite ville côtière de Manchester non pas un personnage à part entière, mais un lieu à la fois chaleureux et glaçant avec ses paysages enneigés, brumeux, battus par les vents. Un camaïeux de blancs, de bleus et de gris dotés d'une patine et d'une dureté hautement cinématographiques parfaitement rendues sur ce Blu-Ray. Les extérieurs ressemblent à des marines à l'huile à l'intérieur desquelles le drame peut littéralement surgir à chaque instant. 

 

Tourné au moyen de caméras Arri Alexa XT en 3,2K puis doté d'un Digital Intermediate 2K, le film fait dans l'authentique plutôt que l'esbroufe technologique. Une image de toute beauté dans son genre, totalement mise au service du récit. La précision sur les contours des personnages est bien sûr de la partie. Avec beaucoup de naturel et de réalisme sur les visages comme dans les arrière-plans, toujours joliment mis en valeur. 

7
10
son

VO. VO. VO. Casey Affleck et Michelle Williams méritent que leur travail soit reconnu en version originale tant leur jeu se joue parfois à quelques dixièmes de nuance ou d'intonation près. Tout est subtil, chargé en émotion et magnifiquement soutenu par des violons gracieux et bien dosés. Même si la VF DTS 5.1 pourra pleinement satisfaire vu l'épure de la bande-son en général, l'aération de la VO et son appui sur les basses (rafales de vent notamment) ne sont pas négligeables.

5
10
bonus
- Commentaire audio du réalisateur et scénariste
- Des scènes émouvantes : la création de Manchester by the Sea (16')
- Scènes coupées (6')

Des scènes difficiles à tourner tant la charge émotionnelle est intense (le tournage de la scène du drame a été maintes fois repoussé…) au portrait des personnages, sobres mais dévastés : Kenneth Lonergan et son équipe nous proposent un débrief détaillé et passionnant. 

 

Dans son commentaire audio, le cinéaste évoque l'importance de la double temporalité apparue dès la seconde version du scénario, une façon originale de tisser battements de vie et parcelles de drame.  

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