par Carole Lépinay
11 février 2018 - 16h22

Blade Runner 2049

année
2017
Réalisateur
InterprètesRyan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto, Robin Wright, Ana de Armas
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Los Angeles, 2049. Dirigée par Niander Wallace (Jared Leto en démiurge aveugle et implacable), la Wallace Corporation a créé une armée de « réplicants » dociles et formatés. L’agent K. (Ryan Gosling) est engagé pour débusquer les anciens spécimens qui pourraient se liguer contre le système. Sa mission le mène bientôt sur les traces d’un ancien blade runner disparu depuis trente ans, Rick Deckard (Harrison Ford).


Trente‑cinq ans se sont écoulés depuis le chef‑d’œuvre SF indiscutable de Ridley Scott (Blade Runner), inutile donc de préciser que ce relais tardif allait engendrer son lot de comparaisons, attentes déçues, ou à l’inverse, une véritable claque cinéphilique. Car le Canadien Denis Villeneuve a déjà révélé son potentiel avec son remarquable Sicario (2015) ou sa dernière œuvre d’anticipation Premier contact (2016). Dans le sillage du monument de 1982 (son film de chevet au passage), le cinéaste a conscience de la difficulté de l’hommage comme de l’impossible relecture. Saturée et impersonnelle, Los Angeles a conservé sa noirceur et son brouillard de pollution des origines, la solitude urbaine côtoie un système excluant et ultra‑codifié. Programmé pour traquer, l’agent K (baptisé selon le roman existentialiste de Kafka, Le procès) recherche toutefois le lien humain par le biais d’une jolie poupée virtuelle (idée assez simpliste par ailleurs), laquelle occasionne une scène d’amour à trois ‑limites de la RealDoll obligent‑ numériquement ratée.


Reste l’autre quête, personnelle et douloureuse, cette question identitaire qui ne le quittera plus dès l’ouverture grandiose sur un désert glacial et nimbé de brume (référence flagrante à Stalker de Tarkovski). La mission de routine bascule aussitôt en une investigation intime, l’espoir d’un repère filial, la résistance de micro‑souvenirs d’enfance surgissent comme des fulgurations réconfortantes dans un monde fascisant et uniformisé. La photographie hypnotique (immense travail du chef‑opérateur régulier Roger Deakins) le rend hybride et inaccessible, d’autant plus que l’apesanteur délibérée des plans‑séquences nous laisse le choix d’embarquer ou pas dans cette épopée solitaire plastiquement sublime.

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4k
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Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
14/02/2018
image
2.40
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Japonais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, arabe, néerlandais, japonais pour sourds et malentendants
10
10
image

Après Prisoners et Sicario, Denis Villeneuve retrouve le chef-opérateur Roger Deakins (Skyfall). Ils livrent à eux deux (n'oublions pas les décors) non pas une « photographie » mais une « architecture de l'image ».

 

En sculptant des blocs de couleur comme un tailleur de pierres, Deakins façonne un monde à la fois statutaire et poétique où chaque aplat monochromique, qu'il soit orange, blanc, bleu ou noir, donne à l'espace une sensation à la fois étouffante (l'effet de saturation) et infinie (la gradation des teintes). Car en réalité, ce sont mille nuances subtiles qui se déploient sous nos yeux, magnifiquement rendues par ce master 4K UHD labellisé HDR10. La grande force du HDR10 réside dans son dosage savamment opéré. Pas d'effet grossier ici ni de rendu clinquant, le HDR10 surligne le geste, met en lumière le magnifique rendu de l'image comme si tout avait été peint à la main (nul doute que le travail du peintre Rothko a servi de Bible). Avec n'importe quel autre support, vous n'obtiendrez pas cette densité, cette matière opaque et lumineuse, ni ce niveau de précision et de détail compte tenu des partis pris esthétiques (on n'ose imaginer ce qu'aurait donné un HDR Dolby Vision…). En l'état, via ce 4K UHD HDR10, l'image redéfinit l'espace, vibre sous nos yeux, aussi impressionnante qu'hypnotique.

 

Assurément la grande claque du film, également doté (et cela va de pair) de contrastes surpuissants et d'un niveau de noir quasi-inégalé. Tourné en 3.4K avec Digital Intermediate 4K, Blade Runner 2049 est la preuve en image de ce qu'il est techniquement possible de faire dès lors que l'on sert la vision d'un cinéaste et de son équipe rapprochée. C'est ainsi qu'il y aura toujours un Blade Runner, ses illustres modèles, et le reste. Une chose est sûre, que l'on ait aimé le film ou pas, son empreinte visuelle restera, tout autant que son modèle de 1982.

10
10
son

Quel faire avec une telle image ? Ne surtout pas jouer la redondance. Épurer mais ne pas s'effacer pour autant. Mission remplie haut la main avec cette bande-son (ou plutôt « expérience ») totalement immersive où il se passe, l'air de rien, toujours quelque chose sur le plan sonore.

 

Rempli de silences, économe en dialogues, le film fait la part belle aux éléments bruts comme la neige, le vent ou la pluie. Et quant viennent les salves de basses (seconde partie du film), Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch donnent au film déjà atmosphérique et planant des airs de rave party de l'espace. On pense bien sûr à la partition de Vangelis de 1982, augmentée ici d'une puissance dévastatrice. Des fulgurances rares par définition surpuissantes. On est loin du brouhaha sonore vide de sens d'une bonne partie de la production cinématographique actuelle. 

 

Tout ceci, à la fois cette force et cet équilibre, on le doit à la piste VO Dolby Atmos littéralement enveloppante et couvrante, capable à elle seule de créer la sensation de se trouver aux côtés de K et d'interagir avec les éléments autour de lui, qu'il soit en train de piloter des drones par le seul son de sa voix, d'affronter les assauts de Luv et des vagues sorties de nulle part à l'intérieur de la carcasse d'un véhicule volant échoué, ou contraint de répondre aux éternels tests de réflexes psychologies lui rappelant sa condition d'être servile au rythme de séquences toujours agressives. 

 

Au même titre que l'image, le design sonore de Blade Runner 2049 est le fruit d'une réflexion intelligente et sensorielle où la technique (les effets tout hauteur du Dolby Atmos se fondent à merveille dans le film) est au service d'une vision artistique forte.

0
10
bonus
- Concevoir le monde de Blade Runner (22')
- Blade Runner 101 : six documentaires inédits (32')
- De 2019 à 2049, trois courts métrages : 2022 Blackout (16'), 2036 Nexus Dawn (6'), 2048 Nowhere to Run (6') (28')
- Photos
- BD 3D et Blu-Ray simple

Les bonus listés ci-dessus n'ont pu être visionnés (donc notés), la rédaction n'ayant pas encore reçu de la part de l'éditeur le disque Blu-Ray de ce combo 4K sur lequel se trouvent tous les suppléments. Vu la qualité d'image et de son, il est normal que ce disque UHD-99 soit entièrement dédié au film. À peine quelques photos à glaner en jouant de la télécommande. Nous procéderons bien entendu à une mise à jour de cette section bonus dès que possible. 

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