Breathless
« Breathless », littéralement « à bout de souffle », soit une définition possible du personnage principal du film, Sang‑Hoon (interprété par le réalisateur himself), leader impavide d’une bande de recouvreurs de dettes qui sévit dans une petite ville de province en Corée. D’un père de famille endetté à une manifestation d’étudiants à briser, Sang‑Hoon frappe du poing, distribue des claques, tabasse avec une froideur et une indifférence qui font froid dans le dos, tous ses interlocuteurs.
Constat terrible porté sur la détérioration des familles coréennes, Breathless n’est pas sans évoquer le cinéma de Kitano et ses éclats de sauvagerie inattendus. Ici, la reconstruction de cet écorché vif de la vie passera, comme souvent chez le réalisateur de Hana-Bi, par la rencontre avec une jeune femme, Yeon‑Hue, elle aussi victime d’un passé douloureux, qui va tenter de briser le cercle autodestructeur dans lequel ce jeune homme autiste s’est enfermé.
Anti-social, incapable de communiquer avec l’autre si ce n’est par les coups et l’injure, Sang‑Hoon enchaîne les passages à tabac et incarne une société coréenne gangrenée par une violence latente. Après deux heures quinze passées en compagnie de cet anti‑héros hargneux, mais parfois touché, on sort sonné. Une bonne claque venue encore une fois (souvenons‑nous du récent The Chaser) de Corée.