Possédée
Un petit village reculé, quelque part dans la campagne thaïlandaise. Issue de la minorité khmère et petite‑fille de sorcière, la jeune Aaw est rejetée par tous ses camarades. La situation se complique encore quand sa mamie tombe malade. C’est alors qu’une dame du village lui conseille de partir à Bangkok pour gagner sa vie et tenter d'acheter des médicaments. Une fois débarquée dans la capitale, elle est rapidement embauchée dans un bar fréquenté exclusivement par des étrangers, où elle doit danser en tenue légère. Mais ce n’est hélas pas la seule tâche dont elle devra s’acquitter. C’est alors qu’elle se souvient de la magie que lui enseignait sa grand‑mère, et décide de se venger de ce monde sans foi ni loi…
Britannique expatrié en Thaïlande, Paul Spurrier est un peu le Robert Rodriguez thaï : homme‑orchestre, il réalise, écrit, monte, joue (il incarne le client du bar qui poussera Aaw à la prostitution), compose la musique et participe à la post‑production. Mais n'en fait‑il pas un peu trop ? Si l’on perçoit bien toutes les bonnes intentions de l’auteur, celui‑ci se montre plus convaincant dans le versant social et dramatique du film, que dans ses représentations fantastiques.
Prenant son temps pour poser les bases de son récit, Paul Spurrier semble, dans un premier temps, livrer une critique du tourisme sexuel. Quand l’histoire bascule dans le fantastique, le metteur en scène se montre maladroit, ne parvenant pas à emballer convenablement les séquences horrifiques et l'unique scène d'action. Par conséquent, il gâche le potentiel de son histoire, ne pouvant mener à bien aucun des deux aspects de son film.
Usant de très grosses ficelles scénaristiques ponctuées d’incohérences, Spurrier fait basculer son héroïne du côté noir de la magie en deux temps trois mouvements, bâclant la seconde moitié du film où la jeune fille doit déguster sa vengeance. Un long métrage bancal, sans doute trop ambitieux au vu des moyens disponibles, mais qui mériterait pour le coup qu’un Park Chan‑Wook s’attelle à son remake.