par Laurence Mijoin
20 décembre 2010 - 13h28

Les chats persans

VO
Kasi az gorbehaye irani khabar nadareh
année
2009
Réalisateur
InterprètesNegar Shaghaghi, Ashkan Koshanejad, Hamed Behdad, Hichkas, Hamed Seyyed Javadi
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Sortis de prison, une jeune femme et un jeune homme, musiciens, décident de former un groupe. Pour cela, ils se mettent à parcourir Téhéran pour y rencontrer d’autres musiciens et les persuader de quitter l’Iran, pour pouvoir enfin se produire sur scène en Europe et jouer en toute légalité. Mais sans passeport ni deniers, rien n’est moins sûr…

Réalisateur d’Un temps pour l’ivresse des chevaux et des Tortues volent aussi, Bahman Ghobadi, persona non grata en Iran, pousse un cri de colère à l’encontre de son pays, de la dictature en place qui considère la musique comme impure (tout comme les chats et les chiens, les animaux de compagnie étant bannis à l'extérieur) et a interdit celle en provenance d’Occident. Impossible de l’écouter autrement qu’en cachette, et encore moins de créer, si ce n’est dans les sous‑sols de la capitale, dans les fermes à l’écart des habitations et des risques de dénonciation.

Avec Les chats persans, Prix spécial du jury dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes 2009, le cinéaste révèle au grand jour l’incroyable énergie et le courage indéfectible des jeunes Iraniens, pleins de ressources lorsqu’il s’agit de laisser leur talent et leur voix s’exprimer. Entrés en résistance secrète contre leur gouvernement, tous ces groupes underground (rap, pop, rock, musique traditionnelle) lui tiennent tête sans fléchir, tels des maquisards mélomanes et clandestins défendant leur liberté bec et ongle.

Tourné clandestinement, en dix‑sept jours et pas un de plus, Les chats persans a été censuré en Iran. Les conditions de tournage, loin d’être idylliques, doivent donc absolument être prises en compte pour juger la qualité de ce film à mi‑chemin entre documentaire et fiction (les musiciens jouent leur propre rôle), mis en boîte dans l’urgence, comme un témoignage, rageur et nécessaire, de l’état de la société iranienne contemporaine. Ce cri du cœur, bancal et sans véritable structure, est une sorte de compilation de « clips » filmés à Téhéran et montrant toute la diversité musicale des groupes du pays, avec pour toile de fond la quête des deux personnages principaux.

En tant que film de cinéma, Les chats persans est une œuvre inaboutie, qui pâtit de cette urgence et de ces conditions de réalisation. Bahman Ghobadi aurait pu livrer un documentaire de tout cela, qui aurait sans doute été plus didactique, plus exhaustif. Mais il faut considérer son film comme une œuvre de résistant défendant la liberté de création à tout prix. Et quoi de mieux que réaliser un film pour faire un ultime pied de nez à la dictature ?

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dvd
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Kasi az gorbehaye irani khabar nadareh
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
25/08/2010
image
2.35
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Persan Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français
7
10
image
On note, durant les scènes sombres, quelques effets de rémanence et une compression visible sur les aplats de noir. Cette copie présente en revanche de belles scènes d'extérieur, en pleine lumière. Le ciel azur est parfaitement stable et on profite d'un bon niveau de détail global.
7
10
son
Le 5.1 se fait trop discret sur l'ensemble du film, composé à moitié de scènes de dialogues et de clips musicaux intégrés au déroulement de l'histoire. Quelques efforts ont toutefois été faits sur la spatialisation de certains bruits d'ambiance, notamment lors des séquences dans les studios improvisés, dans la ferme ou dans les rues de la ville. En revanche, qu'il s'agisse de la VF ou de la VO, toutes deux en 5.1, elles mettent bien en valeur les phases musicales, amples et magnifiant les voix des chanteurs.
0
10
bonus
- Bande-annonce
- Galerie de photos
On aurait aimé approfondir cette découverte de la jeunesse de Téhéran, connaître les conditions de tournage, entendre le réalisateur s'exprimer sur ce film tourné en dix-sept jours, sur son exil, sur la douleur de tous ces musiciens que l'on empêche de créer.
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