La maison et le monde
1905, Inde, région du Bengale. Le gouverneur du pays décide de diviser le territoire, la scission se fondant sur les disparités religieuses de la population. Musulmans et Hindous sont ainsi séparés, ce qui suscite l’émergence de partis radicaux clamant leur désapprobation face à cette politique.
Sandip Mukherji (Soumitra Chatterjee), leader nationaliste, s’installe dans la propriété de son meilleur ami, Nikhil (Victor Banerjee), afin de mener à bien ses activités révolutionnaires. Il fait la connaissance de Bimala (Swatilekha Chatterjee), l’épouse de ce dernier. Très vite, la jeune femme est irrésistiblement attirée par les convictions et la personnalité de Sandip. De son côté, Nikhil reste plus modéré et tente de tempérer la fougue de l’homme engagé. Le Bengale ne tarde pas à sombrer dans de violents affrontements, emportant avec lui les trois personnages et leurs tourments.
La maison et le monde est un chef‑d’œuvre sur le tiraillement. Cela commence avec la transgression des conventions. Sa condition d’épouse contraint Bimala à rester au foyer, or, en franchissant le seuil de la maison, la jeune femme s’ouvre au monde et prend conscience de sa réalité tout en se découvrant elle‑même. Puis, elle se retrouve partagée entre les conceptions divergentes de deux hommes, prise entre le feu d’une passion destructrice et d’un amour bien rangé.
Maniant avec génie et élégance l’histoire intime et le drame collectif, Satyajit Ray fait de la maison un havre sécurisant de traditions, tandis que gronde inexorablement au dehors le monde engagé dans une lutte sans merci pour la victoire d’une Inde affranchie. Somptueux.