Xenia
Après le décès de leur mère d’origine albanaise, deux frères, Odysseas (Nikos Gelia) et Danny (Kostas Nikouli) décident d’aller à la recherche d’un père inconnu, dans le but de récupérer la nationalité grecque. Les voici embarqués sur la route d’Athènes jusqu’à Thessalonique, aussi décidés à retrouver leur père que de saisir l’opportunité d’une vie meilleure grâce à un télé‑crochet organisé au même endroit.
Après L’attaque de la moussaka géante (1999) et le plus récent Strella (2009), Panos H. Koutras réalise son quatrième film selon les codes d’une odyssée décalée, jalonnée de rencontres et de vestiges de l’enfance absolument indispensables pour prolonger la vie d’une mère partie trop tôt et combler l’absence d’un père niant, malgré la menace d’une arme à feu, toute responsabilité filiale.
Seuls le lien fraternel et la foi de Danny en un passé et horizon magiques semblent résister à l’hostilité d’un pays en crise, dans lequel il ne fait ni bon d’être gay ou étranger. Dido, son lapin doudou, a le pouvoir de prendre vie et de parler, et c’est encore lui qui pousse Odysseas (prénom non fortuit) à interpréter une chanson de Patty Bravo. La diva des années 70 et leur mère ne font qu’une, puisque celle-ci, chanteuse à ses heures perdues, leur a transmis le goût de la variété italienne.
De toute évidence, l’itinérance des deux frangins défie la mort, le déterminisme et la précarité, avec une distance attendrissante. Le réalisateur convertit ici la tragédie de l’odyssée en un récit d’apprentissage cocasse, aussi sucré que les bonbons dont Danny aime à se gaver. Un soupçon de douceur dans un monde de brutes.