Gerontophilia
Lake (Pier‑Gabriel Lajoie), 18 ans, sort avec Désiré (Katie Boland), une ado de son âge fascinée par les grandes figures féministes qu’elle évoque systématiquement durant leurs embrassades. Bientôt, le jeune garçon accepte un job en maison de retraite, et le voilà irrésistiblement attiré par Melvyn Peabody (Walter Borden), un patient de soixante ans son aîné.
Représentant emblématique du cinéma underground « queer » depuis la fin des années 80, le Canadien Bruce LaBruce (No Skin off my Ass, Skin Gang, L.A. Zombie) s’écarte de ses inclinations trash et porno pour narrer une simple histoire d’amour, dès lors que l’on a dépassé la vocation purement fétichiste du titre ou le grand écart générationnel entre les deux protagonistes. Inutile, en l’occurrence, d’exhiber le corps juvénile et décrépit des amants dans le but d’assouvir un voyeurisme médiocre, Gerontophilia commet suffisamment d’explosions à l’égard de tabous sociétaux et autres préjugés réducteurs.
Subtile et tendre, irriguée par une bande originale atmosphérique invitant à prendre la route (ce qu’ils feront), cette romance gay atypique a sans aucun doute contracté la puissance subversive d’un autre couple anti‑conformiste, celui d'Harold et Maude (Al Ashby, 1971).