Pas de répit pour les salauds
À Madrid, Santos Trinidad, policier à la dérive, vient terminer une nuit de biture dans un club de strip‑tease sur le point de fermer. Après une remarque déplacée, le policier perd ses nerfs et abat trois personnes. Un quatrième larron, qui n’a rien perdu des meurtres, parvient à lui échapper. Trinidad se met à le traquer. Pendant ce temps, le triple homicide est confié à la juge Chacon. Laquelle se rend compte que les victimes étaient liées au trafic de stupéfiants finançant le terrorisme…
Un film étrange, tourné à l'os et d’une extrême sécheresse, porté par une interprétation bluffante de José Coronado (Santos Trinidad) qui donne une belle texture à un personnage presque taiseux. Beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air, ce polar attrayant prend néanmoins beaucoup de temps avant de déployer son récit.
C’est que le réalisateur Enrique Urbizu ‑auteur notamment de l’atroce Box 507‑ voulait décrire une enquête de police, avec ses attentes et ses impasses, de manière la plus crédible possible.
Mais derrière son intrigue, Urbizu a, en fait, un autre dessein : dessiner, là encore avec force détails, l’impact du hasard sur une investigation. Comment le fait de traîner quelques secondes supplémentaires à un endroit, peut servir, desservir voire complètement réorienter une enquête. C’est en cela que le film divisera : soit on attrape au bond la petite musique âpre et aride d’Urbizu, soit on se laisse leurrer par la violence pétrifiante du début du film et, décontenancé par le rythme lancinant du film, on finit par décrocher. Pour notre part, le charme atypique de cette histoire de rédemption vénéneuse a opéré.