par Jean-Baptiste Thoret
01 septembre 2009 - 11h10

Frozen River

année
2008
Réalisateur
InterprètesMelissa Leo, Misty Upham, Michael O'Keefe, Jay Klaitz, Mark Boone
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Ici, tout est gelé : les paysages, les lacs, les mains des clandestins, chinois et pakistanais, les traites d’une baraque miteuse que l’on ne parvient plus à honorer, la tuyauterie et le rêve américain.

Frozen River, Grand Prix du Festival de Sundance 2008, se situe à la frontière des États-Unis et du Québec, en plein territoire Mohawk, et colle de près à Ray Eddy, sorte de Mère Courage flanquée de deux jeunes garçons et d’un mari en fuite que nous ne verrons jamais.

Un jour, elle croise la route de Lila Littlewolf, une jeune mère Indienne privée de son enfant pour cause de ressources insuffisantes. Moins animées par le désir de s’en sortir que de simplement survivre, les deux femmes entrent alors en contact avec des petits passeurs et acceptent de convoyer des clandestins pour quelques dollars.

Avec ses mobil homes déprimants, ses salles de loto pour citoyens désespérés, ses garde-frontières aussi expressifs que des Playmobils et ses supérettes grisâtres qu’arpentent des petites gens frustrées, Frozen River filme cette Americana figée que Werner Herzog avait magnifiquement montrée dans La ballade de Bruno.

La répétition des lieux (le mobile home de Ray, la caravane exiguë de Lila, la rivière gelée séparant le Canada des États-Unis), ce sentiment constant d’une vie qui n’avance pas, imposent au récit une forme d’enfermement et de désespoir, de la même façon que les cadres serrés sur le visage marqué de Ray contredisent l’immensité d’un paysage moins apaisant que sépulcral.

Courtney Hunt, dont c’est le premier film, tient de bout en bout son projet (c’est bien un film indépendant : budget modeste, scénario socialement concerné, riffs de guitare acoustique et sourires au compte-gouttes), mais évite trois écueils majeurs : la bifurcation du récit vers le thriller (le film aurait pu devenir une sorte de Fargo cheap et pontifiant), l’exploitation misérabiliste de la survie économique façon Rosetta des frères Dardenne, et la prise de conscience politique de ses deux héroïnes du quotidien (est-il juste d’enrichir des malfrats profitant de ces immigrés qui ignorent que la Terre Promise est damnée ?), pour lesquelles mettre un cadeau sous le sapin de Noël de leur enfant relève de l’exploit.

Après tout, on pourrait juger la morale du film contestable ou juste démagogique (le basculement dans l’illégalité comme ultime moyen de survie à l’intérieur d’un monde sauvagement capitaliste), mais Hunt filme avant tout une solidarité de besoin (de classe ?) entre individus qui, même s’ils ne se supportent pas a priori (« Je ne veux pas travailler avec des Blancs », lance Lila au début du film), finissent par se serrer les coudes, à recréer des liens par-delà les frontières géographiques et/ou raciales. À découvrir.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
08/07/2009
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
8
10
image
L'ouverture du film donne le ton : frozen… Gelée, froide, glaciale, la photographie n'en est pas moins précise et ultra-définie. C'est naturel, brut mais beau. On apprécie aussi les contrastes. Une prouesse vu les conditions de tournage.
5
10
son
Côté son, on est presque dans l'expérimental avec des dialogues aussi rares que précis. Rien d'autre sur les enceintes, que ce soit en VO ou en VF.
2
10
bonus
- Interviews de la comédienne Melissa Leo et de Courtney Hunt la réalisatrice (8')
Des bonus succincts qui ont le mérite de mettre en lumière deux femmes de talent.
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