Depuis sa création, le concepteur français d’enceintes Atohm a une démarche de passionné n’hésitant pas à mettre en œuvre de nouveaux concepts. Un choix qui conduit la marque à concevoir ses propres haut‑parleurs et à ne pas hésiter à mettre en œuvre des solutions innovantes, fruit d'un véritable travail d'acousticien de haut vol. Par ailleurs, si simulations numériques, analyse du comportement vibratoire des membranes, calculs de filtres et batteries de mesures de contrôle font bien évidemment partie de l’étude de toute nouvelle enceinte, Thierry Comte, créateur de la société Atohm, réserve aux écoutes un poids déterminant avant la validation de chaque solution technique mise en œuvre. Ici, les chiffres issus de mesures ou de modélisations ne sont donc pas les seuls à régenter l’aboutissement d’un nouveau projet.
En effet, une enceinte est aussi tributaire de son environnement. La géométrie de la pièce d’écoute, le revêtement de ses murs et son ameublement peuvent modifier considérablement son tempérament. Enfin, chaque auditeur a des habitudes d’écoutes, tant en termes de goûts musicaux qu’en choix de comportement des enceintes. Doter les enceintes d’un tempérament ajustable offre donc la possibilité de répondre au mieux aux attentes de chacun. C’est ce qu’a fait Atohm sur sa série GT. Cette gamme s’articule autour de trois éléments, une enceinte de bibliothèque, la GT1, et deux colonnes, la GT2 et la GT3. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés à la GT2, modèle intermédiaire représentatif de la gamme, une colonne parfaitement adaptée aux salons de taille moyenne.
Assez peu encombrante au sol, cette enceinte dispose toutefois d’une hauteur suffisante pour que son tweeter se trouve sensiblement au niveau des oreilles de l’auditeur lorsqu’il est assis dans un canapé. Conçu par Atohm, ce
tweeter dispose de spécifications assez exceptionnelles. En premier lieu, il dispose d’un dôme au diamètre plus généreux que la plupart de ses concurrents : 28 mm, contre 25 mm pour la plupart des tweeters à dôme conventionnels. Ce diamètre important lui permet de descendre relativement bas, jusqu’à 2 000 Hz, et d’offrir ainsi un raccordement sans aucun effet de trou avec la section médium de l’enceinte. La fréquence de transition qu’a retenue Atohm est de 2,5 kilohertz. Mais, en dépit de ce diamètre élevé, Atohm a su préserver au dôme une très faible masse. Pour cela, de la soie traitée est mise à contribution pour sa réalisation. Un autre intérêt de ce matériau réside dans le peu de résonances indésirables qu’il offre. Ainsi, l’aigu est à la fois limpide, le tweeter seul peut monter jusqu’à 30 kHz, et doux sans aucune coloration risquant d’induire une sensation de restitution agressive. Par ailleurs, afin d’offrir à ce tweeter un bon rendement sans avoir à recourir à une chambre de compression, par exemple, son circuit magnétique a été optimisé. Basé sur une bague magnétique néodyme, il dispose d’un flux de plus de 17 000 gauss à l’entrefer, c’est‑à‑dire au niveau de l’interstice dans laquelle vient prendre place la bobine mobile. Celle‑ci se base sur un support en aluminium qui assure conjointement une bonne dissipation thermique et un couplage parfait entre la bobine mobile et la périphérie du dôme. Enfin, pour « linéariser » l’impédance de son tweeter, Atohm lui a offert une bague en cuivre. En réduisant sa valeur inductive, elle limite l’apparition de distorsion d’intermodulation.
Pour la section médium‑grave, Atohm s’est orienté vers l’association de deux
boomers de 150 mm de diamètre. Signalons à leur propos que l’enceinte fonctionne sous une gestion en deux voies et demie. Une appellation qui peut surprendre. En fait elle ne cache rien de bien mystérieux. En mode deux voies et demie les deux boomers sont simplement gérés différemment. L’un monte en fréquence jusqu’au raccordement avec le tweeter, comme sur une enceinte deux voies, tandis que le second ne vient l’assister que dans l’extrême grave. Ici les deux boomers travaillent donc conjointement en dessous de 500 Hz, puis seul le boomer supérieur continu à « grimper » jusqu’à 2 500 Hz, valeur à laquelle le tweeter prend le relais. Ce type de configuration est assez fréquemment employé sur les enceintes basées sur des haut‑parleurs de diamètre modeste car elle offre une bonne linéarisation du système dans le grave. Précisons que ces boomers sont eux aussi une « production maison ». Ils sont le fruit d’études extrêmement approfondies, réalisées par modélisation puis validation par mesure de capteur laser de l’état vibratoire de la surface de leur membrane. De nombreuses expérimentations ont mis en évidence l’impact de chaque élément du haut‑parleur sur son comportement global. Au niveau de la membrane de ce dernier, de nombreux matériaux ont été expérimentés afin de déterminer le meilleur compromis masse‑rigidité possible. Il faut en effet à tout prix éviter l’apparition de phénomènes dits de fractionnement du cône. En d’autres termes, l’apparition d’ondulations de surface de la membrane. Elles sont à l’origine de distorsion. Dans un autre domaine, le couplage entre la bobine mobile et le centre du cône peut être à l’origine d’anomalies. La constitution de son support, mais aussi son collage sur le cône, doit être compatible avec une parfaite transmission des vibrations pour, ici encore, éviter l’apparition de distorsion.
Par ailleurs, sur un boomer, plus encore que sur un tweeter, en raison du débattement plus important, le comportement du couple suspension périphérique‑spider est primordial. Il doit autoriser des excursions de membrane important tout en assurant un guidage parfait de l’équipage mobile. Il est primordial que ce couple exerce une force de rappel symétrique de la membrane dès qu’elle s’écarte de sa position de repos. Un équilibre plus délicat à réaliser qu’il n'y semble en raison de la dissymétrie de déformation de la suspension périphérique : on tend à la « dérouler » dans des directions opposées suivant que la membrane avance ou recule. Un travail important a donc été réalisé sur cet élément pour que les forces mises en jeu soient aussi symétriques que possible.
De plus, sur un boomer, les forts débattements conduisent la bobine mobile à se déplacer fortement au sein de l’entrefer du circuit magnétique. Or il est difficile d’assurer un champ magnétique constant sur une longueur importante. Pourtant, on conçoit facilement que si le champ magnétique dans lequel baigne la bobine mobile n’est plus constant, les forces qu’elle exerce à la membrane ne sont plus proportionnelles au courant de commande, que délivre l’amplificateur. Ici encore, donc, une source de distorsion. Pour résoudre ce problème, Atohm a donc particulièrement travaillé le circuit magnétique de ses boomers. Il offre un flux de 11 000 gauss à l’entrefer ce qui confère au boomer un rendement atteignant 89 dB, une valeur très honorable pour ce type de haut‑parleur.
Le filtrage des colonnes de la série GT possède également ses particularités. Outre le fait qu’il gère ici les HP en mode deux voies et demie, il dispose d’un dispositif de compensation de phase entre les boomers et le tweeter. En effet, pour une bonne préservation globale des phases il est important que le dôme du tweeter se trouve dans le même plan que le centre des woofers. Or Atohm a opté pour un montage en façade de ces deux éléments, ce qui ne respecte pas ce point. Pour compenser ce problème, le filtre introduit un très léger retard aux signaux appliqués au tweeter. Un procédé baptisé TCC, pour Time Coherent Crossover, basé sur des lignes à retard prend en charge cette opération. Enfin, ce filtre dispose d’une réponse en fréquence ajustable. La face arrière de l’enceinte porte un gros bouton de sélection doté de trois positions : Smooth, Linear et High Def. Il agit sur la réponse en fréquence du système dans l’aigu. Il concerne les fréquences comprises entre 2 500 Hz et 30 kilohertz. La position Smooth offre une écoute plus feutrée en réduisant de 2 dB cette plage de fréquences tandis que, comme son nom l’indique, la position Linear garantit une écoute linéaire et que la position High Def remonte de 3 dB cette même plage de fréquences pour une restitution légèrement plus brillante.
Reste qu’une enceinte ne se résume pas à des haut‑parleurs, les cavités qui leur sont associées jouent un rôle prépondérant. La charge acoustique des GT2 bénéficie elle aussi d’études très approfondies. Premier constat, immédiatement visible, cette charge
bass‑reflex est décompressée par un large évent orienté vers le sol. Il débouche au niveau du socle des enceintes. Une architecture qui lui permet de bénéficier de l’effet d’onde de sol pour restituer un grave ample et profond. À noter, le comportement des GT2 dans le bas du spectre est lui aussi modulable. Ici la solution mise en œuvre n’est pas électronique, pas de filtre à atténuation variable, mais mécanique. Les GT2 sont livrées accompagnées de mousses d’occultation des évents. Certes, cette occultation n’est que partielle, mais elle impacte la réponse dans le grave de manière assez significative est s’oppose à l’apparition de basses trop ronflantes lorsque les enceintes sont logées en coin de pièce ou à proximité d’un mur. Mais, beaucoup d’enceintes colonnes présentent des problèmes de coloration du message sonore dans le bas medium et le grave en raison de leur forme en « tuyau d’orgue » qui favorise certaines fréquences. Pour contrer ce phénomène, les GT2 disposent de cavités à absorption laminaire, logées derrière leur tweeter, qui ont pour mission de piéger les ondes stationnaires et donc de s’opposer à l’apparition de coloration du message sonore. Enfin, pour offrir encore plus de neutralité à la restitution des GT2, il est possible de lester leur base à l’aide de sable. Il suffit pour cela de dévisser le logo Athom. Il dégage alors une ouverture permettant de remplir de sable fin une cavité spécifiquement dédiée à cet effet.