Interview
Edward Zwick - Blood Diamond
À une époque où le politiquement correct prévaut, Edward Zwick fait figure d’exception dans le paysage hollywoodien actuel. Un statut qu’il revendique pleinement.
vous savez, ce n’est pas la première fois que je me sers, dans un de mes films, de la réalité historique pour raconter un destin et des personnages imaginaires. C’est un exercice extrêmement délicat. Le mélange entre fiction et réalité historique plus ou moins récente est un genre très courant dans la littérature. Il n’y a pas meilleur support que la réalité pour raconter une fiction. Cela rend le récit plus accessible et plus crédible. Mais c'est très complexe.

[qQuelle est votre méthode pour à la fois séduire le spectateur grand amateur de divertissement et ne pas trahir la réalité crue que vous voulez dénoncer ? oui, c’est une idéaliste avant tout. Elle est comme la majorité des Américains qui pensent pouvoir résoudre facilement des problèmes qui appartiennent à une réalité extrêmement complexe. La grosse différence d’implication entre son personnage et celui de Leo, c’est qu’elle sait qu’elle va pouvoir partir. Sa vie n’est pas là, tandis que lui, il a choisi de vivre sur place. Pour ce que j’en sais, c’est le lot de tous les reporters qui couvrent un conflit en dehors de chez eux. Ils ne réagissent pas de tout de la même façon que quelqu’un qui vit le conflit chez lui.

[qAu cours de certains dialogues percutants, vous allez très loin dans la dénonciation de la politique étrangère US, notamment le conflit irakien… « Mais qu’est-ce que veut ce Blanc en venant ici ? » Il est rassuré quand Djimon Hounsou lui répond qu’il cherche un diamant. Il conclut en disant : « Je suis plus serein, parce que s’il avait été là pour le pétrole, cela aurait été pire… ». Croyez-le ou non, je n’ai pas inventé cette réplique, j’ai entendu quelqu’un dire cela alors que nous étions en Sierra Leone. En Afrique et ailleurs, les conflits sont très souvent nés de la convoitise. Un jour, c’est le caoutchouc, un autre l’or ou les diamants, et bien évidement le pétrole… Malheureusement, je pense que dans un futur plus ou moins proche, les hommes se battront pour l’eau. C’est même déjà le cas au Darfour et ailleurs.

[qVous attendiez-vous à une réaction aussi hostile et virulente de la part de l’industrie diamantaire américaine, avant même que le film ne soit sorti
en salles ?
EZ : (sourire malicieux). Je crois que oui. Je vous mentirais en prétendant le contraire. Le travail de ces gens-là consiste à entretenir une image clean du diamant, symbole d’innocence et d’amour. C’est mon travail que d’écorner cette image quand elle ne correspond pas
à la réalité.


Avez-vous eu du mal à trouver le financement nécessaire pour mener à terme ce projet ?
EZ : la chose la plus incroyable avec ce film, c’est qu’il existe ! Je pense que l’époque, le contexte économique et l’industrie du film à Hollywood sont autant d’éléments qui compliquent la faisabilité de ce genre de projet. Je suis tout à fait conscient que sans Leonardo DiCaprio, jamais Blood Diamond n’aurait vu le jour. Il faut aussi que je nuance mon propos en précisant que quelques personnes au sein du studio ont eux aussi pris des risques. Au final, ils ont récupéré leur mise et ont même enregistré quelques bénéfices. Comme quoi, il ne faut pas désespérer, le cinéma n’est pas encore mort.
Par Cédric Melon • Publié le 06/06/08
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