Interview
Christian Carion - L'affaire Farewell
Après Joyeux Noël, Christian Carion, fan du cinéma américain des Seventies, s’attaque à un autre pan de notre Histoire, celui de la Guerre Froide et de ses rhizomes souterrains et invisibles. Un film‑dossier d’une rare complexité sur lequel il revient avec plaisir.
« Je peux changer le monde ». Trois mois après, il y a deux présidents et pas des moindres -puisqu’il s’agit de Mitterrand et de Reagan- qui vont se rencontrer à cause de lui. Voilà ce qui m’a tout de suite séduit.
[qOn imagine que vous avez dû découvrir pas mal de choses sur cet étrange personnage en faisant vos recherches… je me suis fait ma propre idée. Je pense que, comme tous ces gens-là à l’époque, il était idéaliste. Il y a cru au communisme et il a été d’autant plus déçu par le résultat qu’il y croyait fort. Il était dans la désillusion totale. Dans un second temps, il pense que ses patrons étaient archi‑nuls. Il leur était bien supérieur. Mais chez lui, il était méprisé par son fils. En fait, le personnage, c’est toutes ces données réunies en une seule et même personne.
[qPourquoi avez-vous choisi de démultiplier les travellings dans votre mise en scène ? Les hommes du président d’Alan J. Pakula.
[qPourquoi ce film-là ?
CC : ce film est fascinant. Il est sorti en 1976, soit trois ans à peine après la destitution de Nixon. Ça, c’est la force du cinéma américain. Deux journalistes du Washington Post font tomber le président des États-Unis et les Américains sont capables d’en faire un film presque immédiatement. Nous, en France, il faut non seulement attendre que les gens soient morts, mais que leurs avocats aussi soient morts. Ça prend des années…. Et puis cinématographiquement, il est extraordinaire. Tout est fascinant, alors qu’il ne se passe quasiment rien à l’écran. C’est aussi un cinéma militant qui me plaît.

Pourquoi le cinéaste Kusturica comme comédien, au demeurant excellent dans le rôle ?
CC : au début, je voulais que ce soit un acteur russe, car je souhaitais que tout le monde parle cette langue. J’avais d’ailleurs trouvé un comédien magnifique. Il est venu à Paris et on a fait des répétitions. Tout se passait bien. Mais à six semaines du tournage, il a reçu un appel d’un homme influent de l’Ambassade de Russie à Paris. Il lui a dit à peu près ceci : « Sergei, vous êtes un acteur magnifique, le peuple russe vous adore, et il a raison parce que le peuple russe a bon goût. Mais le peuple russe, justement, il ne comprendra jamais pourquoi vous avez accepté de défendre et d’interpréter un salaud, un traître, une ordure… Réfléchissez ! ». Il a vite réfléchi, il a eu la trouille et nous a laissés tomber. D’un seul coup, on a compris qu’aucun acteur russe ne viendrait sur le film, et que les autorisations de tournage à Moscou, on pouvait les oublier. Finalement, les plans de la Place Rouge, on les a volés, et quarante‑huit heures après avoir eu l’idée de Kusturica, il était de la fête. Finalement, on s’en est très bien sortis.
Par Cédric Melon • Publié le 17/03/10
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