Documentaire en quatre épisodes, La planète sous pression s’attache à dresser un constat sur l’état de la Terre, en compilant les propos de scientifiques, mais aussi de penseurs et d’économistes interrogés aux quatre coins du globe. Fin des énergies fossiles, réchauffement climatique et effet de serre, sécheresses et guerres de l’eau, diminution des ressources, pollution, disparition de certaines espèces animales, fonte des glaciers… Toutes les souffrances contemporaines de la planète bleue, ou presque, sont passées en revue, illustrées par les interviews des spécialistes sur fond d’images chocs. Si les problématiques abordées sont bien réelles et véritablement préoccupantes, c’est dans leur forme que ces quatre documentaires semblent plus discutables.
Survolant chacun des points énoncés sans jamais prendre le temps de les approfondir, cette série de documentaires perd en revanche de précieuses minutes en tergiversations peu constructives, ou en choisissant de laisser parler les images. On se retrouve en plein symptôme Syndrome du Titanic de Nicolas Hulot (film dans la veine de Baraka), soit des images alarmistes savamment montées pour donner corps au propos. Le procédé, déjà contestable chez Hulot malgré la qualité indéniable de son travail artistique, est repris ici, et s'avère toujours aussi douteux : l’image, sortie de son contexte, coupée et assortie d’une musique dramatisante et pompière, sert forcément le message de l’auteur, qui se plaît à montrer l’explosion à la dynamite des roches d’une carrière pour traduire l’effondrement d’un système. La métaphore atteint ses limites.
Visiblement adeptes de la méthode Coué, les trois réalisateurs reprennent à plusieurs reprises les mêmes images, martelant le même discours sur le bouleversement imminent et radical de la biosphère de notre planète, telle que nous la connaissons. Hélas, les propos des spécialistes ne viennent quasiment jamais appuyer scientifiquement et en profondeur ces constats, les réalisateurs se contentant de garder les phrases les plus vulgarisatrices au détriment de l’information. Ici, les propos les plus intéressants ne sont pas à chercher du côté des spécialistes, mais des anonymes rencontrés de par le monde. S’ils ne peuvent, à eux seuls, synthétiser les problématiques concernées (le pêcheur expliquant qu’il a vu les ressources halieutiques diminuer à la vitesse grand V), ils apportent néanmoins un témoignage bien plus vivant et plus parlant que celui des scientifiques. D’autant que ces derniers, aux prévisions globalement très pessimistes, n’apportent jamais de semblant de solution (mais leur a‑t‑on vraiment demandé ?). Seuls les quatre scénarios futuristes, présentés dans le segment Réagir, esquissent quelques pistes de réflexion. Trop peu pour plus de trois heures de métrage.
Un documentaire utile pour sensibiliser les novices, mais qui méritera d’être complété par des sources plus précises, à la forme peut‑être moins séduisante, mais bien plus complètes et objectives.