Rue Cases-Nègres
Martinique, années 30. José (Garry Cadenat) vit avec sa grand‑mère, m'man Tine (Darling Légitimus). Leur quotidien se résume à la coupe des cannes, et malgré l'abolition de l'esclavage, la population vit toujours sous l'emprise du colon blanc surnommé « béké ». Contrairement aux autres enfants, et avec le soutien de sa grand‑mère, José va tout entreprendre pour échapper à sa condition, sachant que seule sa réussite à l'école lui ouvrira les portes de la liberté.
La réalisatrice Euzhan Palcy, d'origine martiniquaise, s'inspire du roman éponyme de Joseph Zebel, dans lequel l'écrivain exprime son itinéraire autobiographique. Une page meurtrie de l'Histoire de l'ancienne colonie mettant délicatement en scène la souffrance des Noirs face à leur statut de dominés. Sous le regard, tantôt grave, tantôt naïf, du petit José, la Martinique est alors tiraillée entre les restes d'un esclavagisme persistant et l'espoir de lendemains meilleurs. Lorsque l'enfant fasciné écoute les paroles magiques de Médouze (Douta Seck, grand acteur d'origine sénégalaise), son père spirituel vieillissant, il ressent avec lui les souvenirs d'une Afrique lointaine et comme déportée en terre hostile. Un conte magnifique, unissant mémoire et recherche de l'identité caribéenne.