par Laurence Mijoin
01 janvier 2011 - 16h09

Parc

année
2009
Réalisateur
InterprètesJean-Marc Barr, Sergi López, Nathalie Richard, Laurent Delbecque, Delphine Chuillot, Geraldine Chaplin
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

Le Sud de la France, tourmentée par les émeutes en banlieue de 2005. Georges Clou (Sergi López) vit avec son épouse et son fils au Parc, ville privée de la Côte d’Azur, l’un de ces paradis pour riches avec luxueuses villas, terrains de golf et nature préservée. Une famille heureuse en apparence (l’adolescent, tourmenté, se sent « comme un personnage de série télé » et menace de mort sa professeure), mais/car complètement coupée du monde. Élément perturbateur, Paul Marteau (Jean‑Marc Barr), riche héritier solitaire, décide de s’installer dans l’une de ces vastes demeures. Pas par goût ‑il hait en secret ces bourgeois‑, mais pour détruire Clou, incarnation parfaite du bonheur occidental basé sur le matérialisme et le désir de possession.

Avec Parc, adaptation du roman Les lumières de Bullet Park de John Cheever, Arnaud des Pallières, cinéaste politique et formaliste reconnu pour sa mise en scène inventive et son travail de dissociation entre son et image, prouve une nouvelle fois tout son talent de réalisateur, à grand renfort de hors‑champs, de « jump cut » et d’assemblages dissonants entre ce que l’on voit et entend.

Le réalisateur avait entre les mains l’histoire idéale pour livrer un véritable thriller sous haute tension doublé d’une critique amère de la société française, qui cherche de plus en plus à diviser sa population, mettant à l’écart les plus aisés. Las, le metteur en scène sombre dans la symbolique pachydermique, que l’affiche du film annonçait déjà comme un funeste présage. On aura rapidement deviné qu’une menace nommée Paul Marteau pèse sur Georges Clou (sic), métaphore qu’Arnaud des Pallières filera sans vergogne jusqu’à la fin de son (trop) long métrage. Pis, il favorisera toujours sa lourde symbolique (la tronçonneuse) au détriment de la logique de son récit, rendant du coup ses personnages plus bêtes qu’il ne nous les avait introduits.

Et pas question de se laisser aller et de verser dans le genre pur : comme souvent dans le cinéma français s’essayant au thriller, les codes sont tenus à l’écart, évités comme la peste. Mais, à force de s’en affranchir, un réalisateur comme Arnaud des Pallières prive son spectateur de scènes clefs (Clou et Marteau ne sont que rarement réunis à l’écran). On assiste donc à un spectacle dont la forme a englouti le fond, tellement figé qu’il en oublie l’essentiel : raconter une histoire et transmettre un discours.

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Tous publics
Prix : 15 €
disponibilité
25/08/2010
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français PCM 2.0
sous-titres
Anglais
5
10
image
La somptueuse photographie, tout en clairs-obscurs, aurait mérité une meilleure compression. C'est le défaut majeur de cette édition parasitée par les fourmillements, d'autant que les scènes sombres sont légion et pâtissent réellement de ce problème. La moindre zone d'ombre présente une instabilité, tout comme les arrière-plans, dont les couleurs unies manquent du coup d'homogénéité. Heureusement, la copie se rattrape avec les plans en extérieur et en pleine lumière, qui présentent des contrastes appuyés et une définition correcte.
8
10
son
Si la stéréo PCM s'avère de très bonne facture, la piste 5.1 est LA version à privilégier, assez stupéfiante compte tenu de l'ambiance intimiste du film. Le chant des cigales, presque constamment présent sur les enceintes arrière, nous rappelle toujours où nous sommes, dans cette ville pour riches de la Côte d'Azur. Le travail d'orfèvre du réalisateur sur le son est parfaitement mis en valeur, grâce à cette piste multicanale qui ne cesse de jouer avec la spatialisation des bruits d'ambiance, ces derniers occupant une place prépondérante dans le récit : le tonnerre, inquiétant, ou les passages silencieux étouffant les dialogues comme dans du coton. Chaque élément profite d'un excellent mixage, avec des basses bien marquées, une belle amplitude des effets et une bande originale efficace, car toujours discrète.
7
10
bonus
- Documentaire Is Dead (portrait incomplet de Gertrude Stein) (46')
En guise de bonus, on découvre ce documentaire, réalisé pour la collection Un siècle d'écrivains, qui s'attarde sur la vie et l'œuvre iconoclaste de l'auteure avant-gardiste Gertrude Stein, prologue vivant à la littérature moderne et fervente adepte des peintres de l'époque, de Picasso à Matisse. Les nombreux textes de la romancière, lus par Micheline Dax et Michael Lonsdale, basés sur des jeux de répétition, risquent d'en décontenancer plus d'un, tout comme les images assorties aux commentaires. Une biographie singulière à réserver aux inconditionnels de Stein ET d'Arnaud des Pallières, qui a au moins le mérite d'y apposer sa patte et sa vision.
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