La séquence inaugurale se concentre sur celle qui est à l’origine de la vie, métaphore en apparence banale, mais l’image haute en symbole est associée aux conditions dans laquelle la femme s’apprête à accoucher : la nudité pour la beauté du corps ébène et les gémissements pour le cadre précaire dans lequel, au bout du compte, la vie et la mort cohabitent tragiquement.
Des favelas du Brésil aux bidonvilles du Libéria, les femmes de toutes générations racontent leur itinéraire et leurs déchirures. Prostitution, menaces d’expulsion, ramassage d’ordures lorsque ce n’est pas le corps de leurs enfants abattus qui jonchent les monticules de la décharge publique.
Dévastées de l’intérieur, elles gardent pourtant le sourire, dignes et déterminées, véritables survivantes d’une tragédie ordinaire. Leurs confidences intimes voyagent au gré des pays et des couleurs. L’Inde, le Kenya, le Cambodge, le Libéria, le Brésil. Des quartiers insalubres, des sentiers de terre ocre, des chantiers ou des ruines dans lesquels le photographe JR dissémine les portraits de ces femmes conquérantes. Une goutte d’art et de reconnaissance à travers le regard, seule victoire contre l’anonymat.