Videocracy
Après Le Caïman, film tragi‑comique de Moretti qui égratignait Silvio Berlusconi et ce peuple italien qui, depuis près de trente ans, reconduit le « Cavaliere » à la tête du Conseil, voici Videocracy, un documentaire d’Erik Gandini qui, pour être tout à fait honnête, ne dit rien que l’on ne sache déjà.
La thèse de Gandini est au fond assez rebattue : l’ascension politique de Berlusconi s’est entièrement fondée sur un empire médiatique (télévision, sociétés de distribution…) et des chaînes privées qui ont façonné les esprits communs, à coups de jeux télévisés, d’émissions de divertissement stupides (un peu comme en France) et de bimbos.
Mais plutôt que d’emprunter la voie classique de l’enquête de société, Videocracy part de l’autre bout de la chaîne, d’une poignée de téléspectateurs (Rick, un mécanicien, entre autres) et d’acteurs de ce monde (Lele Mora, une sorte de préparateurs pour starlettes de la RAI) dont le film recueille les témoignages, lesquels dessinent en creux une vision assez juste du système Berlusconi.
On regrettera juste que le film ne soit pas plus sévère (et donc plus juste) à l’égard de tous ceux (ce peuple italien qui, après tout, possède une conscience) qui tombent dans le panneau du Cavaliere et consomment ses programmes débilisants. Après tout, on est encore libre d’allumer la télévision ou de l’éteindre. Pas grand‑chose de neuf à l’Ouest de l’Italie contemporaine, mais pourquoi pas ?