Plastic Planet
Léger, bon marché, façonnable à volonté, le plastique est partout : vêtements, emballages alimentaires, matériel informatique, mobilier… Longtemps, on a pensé que cette matière était inerte, c’est‑à‑dire qu’elle ne se détériorait pas avec le temps, l’usure… Pourtant, aujourd’hui, on sait que des particules de plastique ont envahi la planète, et notamment les océans où poissons et mammifères marins confondent plancton et plastique, ingurgitant des particules plus ou moins grosses qui leur seront fatales. Ainsi, le plastique pénètre insidieusement dans la chaîne alimentaire, se retrouve dans nos assiettes et nos estomacs. Même notre sang en contient : par la dégradation des emballages plastiques qui contaminent les aliments. On pense notamment au fameux bisphénol A, molécule qui entrait encore il y a peu dans la fabrication des biberons, désormais interdite.
Ce problème de santé mondiale, le réalisateur Werner Boote l’a pris à bras‑le‑corps, parcourant la planète afin de dresser un état des lieux de la situation et rencontrer des spécialistes du plastique, scientifiques et industriels, aux intérêts et positions divergents.
Mais Boote, sorte de cousin autrichien de Michael Moore, reprend les tics de son illustre prédécesseur, se mettant en scène pour appuyer sa thèse. Accaparant l’image, il n’hésite pas à incorporer certains éléments personnels dans son documentaire, utilisant comme postulat de départ le fait que son grand‑père était directeur de l’entreprise Interplastik. Ainsi, en revendiquant sa filiation, il tente de se faire l’avocat du Diable, comme pour montrer qu’il n’était pas d’emblée acquis à cette cause.
Cette mise en scène un brin ostentatoire, ainsi que le nombre d’images ou séquences illustratives (la visite chez l'artiste sculptant des figurines en plastique par exemple), diluent le propos, voire limitent la pertinence des arguments et des réponses apportés par les scientifiques, qui convergent pourtant tous vers un même point : il existe un réel danger dans l’utilisation de certains plastiques, notamment le bisphénol A et les phtalates. Mais gare à l'amalgame, car tous les types de plastiques ne doivent pas être mis dans le même sac…
Le sujet d'étude est complexe, et sans doute pas suffisamment vulgarisé. On se dit que le temps gaspillé pour faire de la belle image aurait sans doute pu être utilisé à meilleur escient. Développer par exemple la piste des bioplastiques, produits à partir de ressources renouvelables (canne à sucre, maïs…) et en expliquer les limites actuelles, aborder le problème du recyclage plus en profondeur, présenter quelques alternatives au tout‑plastique…
En l'état, un documentaire intéressant, mais un tantinet poudre aux yeux. Pour approfondir la question, voir La malédiction du plastique, plus rigoureux et développé.