L'étrange affaire Angélica
À 103 ans, Oliveira continue de tourner. Un record pour le réalisateur doyen du cinéma mondial, en activité depuis les années 1930.
Une nuit, Isaac, jeune photographe et locataire de la pension de Dona Rosa à Régua, est appelé d'urgence par une riche famille afin de tirer l’ultime portrait de leur fille Angélica, une jeune femme décédée juste après son mariage. Dans la maison en deuil, Isaac découvre Angélica et tombe sous le charme de sa beauté. Lorsqu'il porte à son œil l'objectif de son appareil photo, la jeune femme semble reprendre vie pour lui seul. Isaac tombe instantanément amoureux, hanté jusqu’à l’épuisement par le fantôme d’Angélica.
Tomber amoureux d’une morte, soit l’un des plus vieux sujets de la littérature romantique et du cinéma (souvenez‑vous du Vertigo d’Hitchcock ou de Laura de Preminger) qu’Oliveira, après Singularité d’une jeune fille blonde qui traitait déjà du même thème, renouvelle ici de belle manière.
Film sur la mort et la puissance des images ‑ces fantômes qui, comme Angélica, continuent de nous hanter‑, le projet de L’étrange affaire Angélica remonte au début des années 1950. Mais à l’époque, la censure avait empêché Oliveira de le mener à bien. Bien sûr, il faut être sensible au style parfois théâtral du cinéaste, à sa façon d’étirer le temps, de réduire presque à néant les pics dramatiques et de se ressourcer aux anciennes techniques du cinéma primitif, comme les effets de transparence de la dernière séquence. Mais l’ensemble ne manque ni de charme ni d’ironie. À découvrir, la tête dans les nuages et le sourire au coin des lèvres.