par Laurence Mijoin
07 février 2012 - 12h29

Incendies

année
2011
Réalisateur
InterprètesLubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Rémy Girard, Abdelghafour Elaaziz, Mohamed Majd
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Quelque part au Québec, probablement Montréal. Jeanne et Simon Marwan, jumeaux, viennent de perdre leur mère, Nawal, être qui leur a toujours paru énigmatique. Et le mystère s'épaissit le jour de la lecture du testament de la défunte : le notaire leur remet deux enveloppes, l'une adressée à un père qu'ils pensaient mort, et l'autre à un frère dont ils ne connaissaient même pas l'existence. C'est dans ces lettres, et aussi quelque part au Moyen‑Orient, que se tapit le secret de leur mère, et que Jeanne va tenter de découvrir. Elle part pour le pays de ses ancêtres pour y trouver des réponses et lever le voile sur le passé trouble de sa mère…

Le pays dépeint est imaginaire, jamais nommé, les dates floues. Volontairement. Adaptant la pièce de Wajdi Mouawad, le réalisateur québécois Denis Villeneuve (Un 32 août sur Terre) situe son histoire dans un pays qui pourrait très bien être le Liban. Conflits entre Chrétiens et Musulmans dans les années 70 (à vue de nez, rien n'étant mentionné clairement), décors plus méditerranéens qu'arides : l'histoire et la géographie du pays du Cèdre transparaissent inévitablement (c'est d'ailleurs le pays d'origine de Mouawad), au présent comme dans les flash‑back.

Le présent, c'est celui des jumeaux en quête de vérité. Le passé narré dans les flash‑back, c'est celui de leur mère, Chrétienne éprise d'un Musulman dont elle tomba enceinte. Le point de départ d'une véritable tragédie antique, qui commence avec un meurtre, un accouchement, une répudiation. Ce drame shakespearien, porté par Lubna Azabal en mère meurtrie, se veut donc avant tout universel dans l'absurdité et l'horreur de la guerre.

Mais Incendies, nommé à l'Oscar du meilleur Film étranger en 2011, dépasse sa vocation universelle au fur et à mesure que les strates de la tragédie s'empilent, créant un décalage étrange entre le réalisme dépeint et la forme presque allégorique du récit. Si la vraisemblance de l'ensemble en pâtit parfois, on reste estomaqués par cette œuvre tout en clair‑obscur, qui ne parle finalement que d'une chose : la colère en héritage, seule responsable du chaos.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
21/09/2011
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français (et autres langues) Dolby Digital 5.1
Français (et autres langues) Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français (pour les dialogues en langue étrangère seulement)
7
10
image
Le film, tourné en lumières naturelles, bénéficie ici d'une copie à la définition honnête (meilleure sur les premiers plans que pour les plans plus éloignés) et à la compression discrète, malgré un léger bruit sur certains aplats. C'est avant tout le naturel qui est privilégié dans cette édition, avec des contrastes jamais appuyés à outrance malgré des noirs assez profonds. Sans faire de prouesses, cette copie propose une expérience sobre, qui sied bien au film, entre instants solaires et tunnels sombres.
7
10
son
La piste Dolby Digital 5.1 assure sans esbroufe, haussant le ton lorsqu'elle balance les chansons de Radiohead ou le bruit menaçant des avions, faisant frémir les canaux arrière. La spatialisation se fait toutefois avec parcimonie, et c'est pour cela que la version stéréo ne démérite pas. On note également quelques dialogues peu intelligibles ou au volume trop faible.
7
10
bonus
- Documentaire « Se souvenir des cendres : regards sur Incendies » (44')
- Bande-annonce
La réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette signe le seul bonus de cette édition, un doc/making of poignant filmant le tournage en Jordanie et s'intéressant avant tout aux gens : aux figurants, adultes et enfants, qui, pour beaucoup, ont vécu la guerre, aux habitants qui ont prêté leur maison, aux comédiens non-professionnels qui campent des personnages aux antipodes de leurs convictions. Comme cette femme qui avoue que pour laver la honte, elle pourrait tuer sa propre fille et son bébé. On y découvre aussi un vieil homme qui enseigne à ses enfants, dont l'un se prénomme Gaza, qu'il leur faudra poursuivre la lutte armée contre Israël. On y voit des enfants parler de Ben Laden, de l'Irak (où le père de l'un d'entre eux a combattu). On y voit surtout des hommes et des femmes meurtris, par la perte de leurs proches, par l'exil. Et on voit, au-delà de la colère transmise en héritage, une résignation effroyable. Une quarantaine de minutes indispensables.
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