Odete
Rui (Nuno Gil) ne se remet pas de la mort accidentelle de son compagnon Pedro. Le soir de la veillée mortuaire, Odete (Ana Christina de Oliveira) fait irruption dans la salle funèbre, en prétendant être une proche du défunt. Une étrange relation va alors se tisser entre la jeune femme, dévorée par son obsession d’enfanter et l’homosexuel en perdition.
Odete honore l’univers décidément inclassable du réalisateur portugais Joao Pedro Rodrigues, en témoignent O Fantasma (2000) et le plus récent La dernière fois que j’ai vu Macao (2012).
Gravitant autour de symboles antagonistes mais indissociables, le film abolit, avec une retenue subversive, les frontières entre les genres ou encore la vie et la mort. Plus le désir d’enfant s’accroît, plus Odete s’évertue à se dissoudre dans le souvenir du disparu ; elle ira jusqu’à dérober (voire absorber) sa bague de fiançailles, le supplier, éplorée sur sa tombe, de coucher avec elle. Enfin, elle s’appropriera sa chambre, ses vêtements, sa mère, son amant Rui, inconsolables.
Le travestissement identitaire pactise ainsi avec la vampirisation hystérique de la protagoniste. Par certains côtés, sa visitation rappelle l’incursion mystique du Théorème (1968) de Pier Paolo Pasolini. Un ovni qui ne laisse pas indifférent.