Artémis, cœur d'artichaut
La déesse Artémis, devient, dans le monde contemporain, une étudiante en lettres emprisonnée dans une solitude et une mélancolie infinies. Elle rencontre Kalie, jeune femme pétillante à qui Artémis, sur l'insistance du narrateur de l'histoire, propose une colocation. Le duo décide un jour de partir sur les routes de Bretagne.
Filmé dans un Super 8 charbonneux, réalisé en autofinancement complet, ce moyen métrage d’un peu plus d’une heure est une parenthèse vitale de folie douce, de fraîcheur et de joie à découvrir d’urgence.
D’abord parce que Hubert Viel, le réalisateur, transcende son cruel manque de moyens (6 000 € de budget !) avec une inventivité visuelle de chaque instant. Stable ou tremblée, nette ou légèrement floue, montée cut ou en mini‑plan‑séquence, chaque séquence de cette petite gemme éclate de vie et pompe vaillamment du sang, des souvenirs, de la joie et l’espoir d’un amour à venir, tel un vaillant cœur éclatant de jeunesse.
On pourrait citer toutes les influences hantant le travail de Hubert Viel, savant chaman qui conjure les ombres d’un Godard épris de liberté, d’un sentiment amoureux à la Rohmer ou d’un Philippe Garrel assoiffé de vie. Mais ce serait faire injure aux incantations magiques de ce jeune sorcier qui invoque un mythe grec vieux comme le monde et le sonde avec une énergie et une paradoxale modernité classique qui n’existent nulle part ailleurs dans le cinéma d’aujourd’hui.
Ce jeune homme détient en fait un trésor, un style bien à lui et fassent les dieux de l’Olympe qu’il le préserve ! Ultime élégance, cette gemme magique réserve aussi une perle cachée en la personne de la pétillante et intrigante Noémie Rosset (Kalie), qui dévore littéralement tous les plans où elle figure. On espère la revoir très bientôt.