Après les technologies
SXRD et
LCoS, très bons en 3D, et le
DLP, excellent dans ce domaine, on attendait avec une certaine fébrilité, disons plutôt « curiosité prononcée » la réponse d'Epson et de sa technologie tri‑
LCD en 3D. C’est finalement par l’intermédiaire de l’un de ses fidèles clients, Panasonic, que nous est donnée la possibilité d'apprécier le résultat. Mais pour en arriver là, ce ne fut pas chose aisée… En effet, le LCD ne brille pas par sa vélocité naturelle (regardez les écrans plats). La fréquence de rafraichissement native des panneaux a même dû être portée à 480 Hz pour lutter contre l'
effet fantôme, la plaie de l'image en relief. Mais, au final, la qualité est au rendez-vous ! Et les solutions techniques mises en jeu profitent même à la 2D. Prêt pour la visite guidée… ?
Passons sur les questions initiales de positionnement optimal du projecteur, le Panasonic PT‑AT5000E n’est pas bien difficile à régler. Le mode Image Cinéma 1, sans retouche, est vraiment magnifique. Rappelons qu’il a été mis au point par des chefs opérateur hollywoodiens. On ne voit rien à y redire. Certes, les tolérances de fabrications auraient pu altérer la calibration dans ce mode. Sur notre exemplaire, il n’en est rien.
Sachez, plus généralement, que les possibilités pour affiner l’image, et notamment la couleur, sont nombreuses et judicieusement présentées. On dispose notamment de la possibilité de couper l’image en deux verticalement : référentielle d’un côté, copie de travail de l’autre. C’est une excellente idée pour être sûr d’aller dans le bon sens au fur et à mesure des réglages…
Outre une palette de couleur absolument magnifique, le Panasonic PT‑AT5000E est aussi excellent en termes de définition, sans pixel visible. Par défaut, c'est déjà très bien, mais incrémenter le niveau de détail via le curseur Detail Clarity révèle dans les textures une subtilité qu’il serait dommage de laisser dans l’ombre. À essayer sans réserve. À propos d’ombre et de pénombre, le Panasonic PT‑AT5000E se débrouille également très bien sur ce point. Rien de ce que l’oscilloscope nous informe comme n’étant pas tout à fait du noir ‑et donc de l’information utile‑ n’est occulté à l’écran. En revanche, les 300 000:1 de contraste nous paraissent un peu surévalués (comme d'habitude…). Les noirs sont certes profonds, mais pas autant que chez un concurrent japonais à trois lettres. La luminosité en revanche est généreuse. Et vous le verrez plus bas, c’est utile pour la 3D…
La compensation de mouvement Frame Creation quant à elle est d’une efficacité redoutable. Il n'y a pas d'autres mots… C’est, sans conteste, la plus puissante que nous ayons vu à ce jour (mode Maximum). Le réglage en Position 1 est un bon compromis pour qui souhaite préserver ses habitudes de séance cinéma, notamment au niveau du rendu naturel de l'image. Et sur les retransmissions sportives, en cette période de qualifications de l'équipe de France de Football pour l'Euro 2012 ou de phases finales de la Coupe du Monde de Rugby, très concrètement ce réglage augmente de manière palpable la netteté du ballon de football ou de rugby, lors des tirs.
Bon point aussi pour le mode
2.35. À condition, bien sûr, de disposer d’un écran CinémaScope. Autant le dire tout net, c’est aussi efficace qu’une lentille anamorphique, mais bien moins coûteux et bien moins contraignant car ça limite les tripatouillages numériques (zoom numérique) et ceux de calages d’optique (abération/distorsion). Ici, l’opération appliquée pour passer d’un mode à l’autre est simple : zoom arrière/zoom avant + recalage vertical de l’image + mise au point. On mémorise ces réglages pour deux formats, et le projecteur a ensuite la possibilité en 2D de passer de l’un à l’autre automatiquement. Tout simplement génial à l'usage !
Mais toutes ces possibilités étaient déjà, pour beaucoup, disponibles sur le Panasonic PT‑AE4000. Même s'il l'on doit reconnaître que, notamment, l’iris et la compensation de netteté, en net progrès, ont encore franchi un palier. La nouveauté attendue sur cette nouvelle référence, et finalement son point fort, c’est la 3D. Lunettes sur les nez, et disque 3D dans le tiroir ‑au hasard,
Avatar (NDLR : nous disposons à la rédaction du
BD 3D de l'opération pack platine ou téléviseur 3D Ready Panasonic), calibré au même endroit que ce projecteur à Hollywood‑ que se passe‑t‑il ? En premier lieu, ça fonctionne : le volume est bien là, avec cette profondeur de champ qui va loin dans l’espace au‑delà des montagnes flottantes, et ces fougères qui viennent vous chatouiller les narines. La couleur semble aussi parfaitement tenue (même si sur les peaux des Na’avi, ce n'est très évident à jauger), la fluidité est magnifique, (grâce aux deux processeurs œuvrant de concert), et l'effet fantôme est quasiment aux abonnés absents. Tout juste décèle‑t‑on parfois une légère trace de dédoublement d'image, sur des contrastes violents dans les arrières‑plans. Mais ca arrive deux, trois fois par film, pas plus. En revanche, on réalise très vite que la luminosité résiduelle derrière les lunettes est en baisse sensible par rapport à l’expérience 2D. Les parties sombres de l'image ne sont pas bouchées pour autant, mais c’est vrai que sur des films « noirs » comme
Tron 3D par exemple, il s'agit de bien écarter les pupilles.
Par conséquent, il est sage de ne pas utiliser le Panasonic PT‑AT5000E sur une surface de toile trop importante, qui induit encore davantage une chute de luminosité. Une base de 2,5 m semble être un maximum raisonnable. Dans la pénombre totale, il va sans dire… Pour l’anecdote, sachez aussi que Panasonic propose quatre formules en rien magiques, à choisir, pour tenter de convertir la 2D en 3D. À part déformer l’écran pour lui donner un semblant de profondeur, l’intérêt est nul. En plus la compensation de mouvement devient alors inopérante avec cette fausse 3D.
En définitive, le pari d'associer 3D et technologie tri‑LCD est gagné haut la main par Panasonic (donc par Epson). Le Panasonic PT‑AT5000E est une excellente machine, en tous points. Réellement incroyable en 2D, totalement géniale pour qui veut goûter à la projection CinémaScope, et assurément performante en 3D, à condition de lui consacrer une pièce dédiée, où la luminosité ambiante pourra être contrôlée. Un must AVCesar.com, évidemment !