Kelin
Dans les montagnes kazakhes, la jeune Kelin a été offerte par sa famille à l’un de ses deux prétendants, celui avec lequel elle ne désirait pas faire sa vie. Mais le temps aidant, elle s’habitue à sa nouvelle existence, et parvient même à trouver tendresse et amour auprès de son mari. Mais l’autre prétendant surgit alors, et tue son rival…
Le cinéma est un art universel, notamment parce qu’il parvient par sa nature même (conjonction d’images et de sons) à véhiculer un maximum d’informations. Le 7e Art est donc le mieux armé pour permettre à des cultures lointaines de s’exprimer, de s’exporter, de se faire connaître au monde. Pour faire découvrir son histoire de prime abord profondément ancrée dans le folklore de son pays, le Kazakhstan, le cinéaste Ermek Tursunov s’affranchit ainsi de la barrière du langage en choisissant de tourner un film muet, et donc de faire passer narration et émotion uniquement par les images, la musique et les ambiances sonores. Et il le fait plutôt bien.
Kelin est en effet une belle expérience sensorielle, grâce à une photographie très contrastée, où les couleurs chaudes de l’intérieur des huttes éclairées par la lumière dansante du feu contrastent avec les étendues blanches et bleues des plaines kazakhes. Riche en textures, le long métrage nous plonge dans cet univers minéral et végétal avec un vrai sens de l’immersion sensorielle.
En revanche, l’histoire qu’il raconte ne fait pas forcément preuve d’une égale puissance d’évocation. Mettant en scène le cycle de la vie au sein d’un monde rude et cruel, dépeignant la dure condition féminine dans une société dominée par les hommes et les rites séculaires, Kelin perd justement du sens à trop vouloir raconter une histoire simple, universelle. Ce qui en fait un magnifique « livre » d’images ‑presque une fresque carte postale‑, joliment filmé et interprété, mais un tantinet creux et vain.