Mirage Man
Après avoir vu ses parents tués et son petit frère violé lors d’un cambriolage ayant mal tourné, Maco devient un jeune homme taciturne qui ne vit que pour fortifier son corps, et subvient à ses besoins en jouant les videurs de boîtes de nuit. Un soir, il tombe par hasard sur un cambrioleur en train de charger son butin dans une voiture. Il l’assomme, lui vole sa cagoule et rentre dans la demeure visée afin de mettre hors d’état de nuire ses complices et sauver les habitants. Il ne sait pas qu’il a aidé une jeune journaliste qui, dès le lendemain, le présente aux yeux du pays comme un justicier masqué. Maco décide alors de mettre sa force au service des opprimés.
Si le premier film d’Ernesto Díaz Espinoza, Kiltro, s’était révélé être une petite production d’action plutôt moyenne, il avait eu le mérite d’inscrire le Chili sur la carte du monde des cinémas martiaux, et de démontrer les aptitudes physiques du comédien Marko Zaror. Le duo revient aujourd’hui dans nos contrées (ils ont depuis mis en boîte l’inédit Mandrill) avec Mirage Man, une histoire de super‑héros ordinaire partant du même principe que le récent Kick‑Ass : comment un quidam sans pouvoirs surnaturels peut‑il tenter de devenir un justicier masqué ?
Mirage Man équilibre plutôt bien sa narration entre action, comédie et réflexion sur le sujet. Marko Zaror est un solide artiste martial capable de se montrer efficace et spectaculaire sans l’aide de câbles ou autres artifices. Son côté candide épouse à merveille les maladresses de son personnage, très drôle lors de son premier changement de costume dans le feu de l’action, qui dure environ… deux minutes montre en main ! Enfin, l’impact de l’apparition d’un tel énergumène sur les médias et le peuple en général est également abordé, et permet au film de ne pas être qu’une énième production superhéroïque sans âme.
Seulement voilà, tout comme le susnommé Kick-Ass, Mirage Man oublie d’aller au cœur de son sujet, à savoir l’implication morale du justicier dès lors que celui‑ci décide d’ôter la vie aux malfaiteurs pour remplir sa mission. C’est là que le long métrage révèle ses limites, déjà bien établies d’un point de vue visuel par une mise en scène au mieux fonctionnelle et des combats au montage un peu trop serré. Avec un peu plus d’ambitions à la fois formelles et thématiques, Mirage Man aurait pu être une petite perle du genre. En l’état, il en est seulement un honnête représentant… ce qui n’est déjà pas si mal.