Fifi hurle de joie
Il y a les films testament autoproclamés par les cinéastes qui tirent leur révérence, puis ce documentaire de l’artiste Mitra Faharani, dont le sujet auréolé d’un charisme fou ignore et pactise simultanément avec l’hyperconscience de sa finitude.
Démarche singulière par conséquent, dans la mesure où, partie à la recherche du peintre iconoclaste Bahman Mohasses (l’un des plus grands représentants de l’art moderne iranien et véritable mythe dans son pays), en rupture avec le monde depuis la fin des années 60 et exilé dans un hôtel romain, la réalisatrice ne se doutait nullement qu’au terme de ces deux mois de tournage, l’aveu du dernier souffle expiré hors‑champ allait clore pour de bon ce biopic au plus proche du réel.
À ce portrait riche et intimiste s’ajoute une réflexion sur la création doublée de son anéantissement potentiel, car celui que l’on nomme le « Francis Bacon oriental » a préféré la crémation de ses œuvres, plutôt que de les exposer au monde entier et de la même manière les « les laisser aux vautours ».
Un ovni dans le monde du documentaire, difficile d'accès mais marquant.