par Carina Ramon
16 février 2017 - 16h13

Depeche Mode : Video Singles Collection

année
2016
Réalisateurs
Inclus56 clips
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Voici l'objet ultime que tous les fans de DM vont adorer posséder. Non seulement le groupe se raconte (un peu) à travers les 22 clips commentés, mais les 56 vidéos des singles (parfois de véritables ovnis filmiques) tournées entre 1981 à 2013 en disent elles aussi long sur l'histoire du groupe qui se fait toujours aussi rare dans les médias, son esthétique épurée modelée au fil du temps, ses moments forts (le concert de Pasedena sur la tournée 101, mis en boîte par le documentariste D.A. Pennebaker en 1988), comme ses passages plus difficiles (la période trash de Gahan, l'overdose).

 

Les clips naïfs et bricolés des premiers temps (See you et Leave in Silence surtout, on rigole bien), le rapide passage au N&B comme marque de fabrique, l'intrusion du bizarre et de la symbolique (caractéristique commune à toutes les vidéos sans exception), la collaboration avec l'ami de toujours Anton Corbijn qui façonnera l'image moderne du groupe loin des clichés SM des débuts (on adore toujours revoir le tout jeune Martin Gore dans ses tenues pas possibles avec sa tête de poupon), les clins d'œil d'un clip à l'autre qui, parfois, se répondent… Étrange d'ailleurs comment certains objets ou lieux reviennent perpétuellement : les voitures, les marteaux/masses, les déserts, le cuir (forcément)… Soit autant de pistes pour apprécier l'univers d'un des groupes les plus complexes de ces quarante dernières années et qui draine lors de ses tournées des millions de spectateurs. La prochaine tournée Spirit Tour commencera d'ailleurs le 5 mai à Stockholm avant de passer par Nice (le 12 mai), Lille (le 29 mai) et Paris (le 1er juillet). 

 

D'ici là, on se replonge avec gourmandise dans toutes ces créations vidéo qui montrent à quel point le groupe fut depuis le début volontiers provocateur et énigmatique certes, mais ô combien précurseur. Lui qui a toujours pensé ses clips comme des courts métrages, des films autonomes fuyant comme la peste la redondance et la sursignification avec ses chansons. Le groupe avoue d'ailleurs que ses meilleurs clips sont souvent partis d'une idée/phrase toute simple de Corbijn en marge des tournées. La réalisation et l'aura évidente du groupe feront le reste. Quand ils ne sont pas carrément hors champs comme dans Wrong, où les trois membres du groupe n'apparaîssent qu'une poignée de secondes. On note aussi à quel point le travail de DM sur son esthétique et ses clips, même anciens, ringardise bien des productions actuelles. 

 

Et pour vos dîners en ville, on comprendra aussi d'où vient le fameux mouvement appelé « champ de blé », moment de communion intense entre le groupe et son public dont le frontman Dave Gahan donne le top‑départ lors de chaque concert sur le titre Never Let me Down Again…

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Tous publics
Prix : 26,99 €
disponibilité
18/11/2016
image
Multiformat
SD 576i (Mpeg2)
4/3 et 16/9 compatible 4/3
bande-son
PCM 2.0
sous-titres
Aucun
8
10
image

De qualité variable, tournés en Super 8 pour la première période, ces clips N&B ou couleur se bonifient au fil de la chronologie (certains ont été restaurés et cela se voit). On passe ainsi du vintage total avec points blancs et rendu blafard (Just Can't Enough, Clive Richardson) à la perfection même (Heaven, Timothy Saccenti). Entre les deux, trente-deux ans d'évolution des technologies et une manière de très différente de concevoir les vidéos.

 

L'arrivée du photographe de musique Anton Corbijn (Joy Division, Bowie…) en tant que clippeur quasi officiel ne passe pas inaperçue. C'est lui qui va donner au groupe sa mystique, épurer son image, refuser la redondance des images et du son. Devenu cinéaste (Un homme très recherché, The American), il s'occupe actuellement de la prochaine tournée du groupe et de son univers graphique sur scène.

 

Tout l'intérêt d'une telle édition réside donc dans la possibilité d'embrasser le style et l'esthétique d'un groupe à travers les décennies, des années 80 à aujourd'hui. La note finale reflète donc plus le travail au long cours qu'une critique d'image clip après clip. Ce qui n'aurait aucun sens.

8
10
son

Là encore, le son peut être très différent d'un clip à l'autre mais le fil conducteur reste la grande clarté des voix et des instruments affichée pour chacun d'eux. Ce PCM stéréo est envoyé avec puissance sur les enceintes droite et gauche. Une dynamique et une précision que l'on doit à l'excellent mixage de ce master, aux ingé son qui ont travaillé dans le sillage de Depeche Mode depuis toujours et au groupe lui-même bien sûr, qui accorde une attention sans faille à la production de ses titres.

 

Martin Gore qui écrit une grande partie des titres, et qui les compose (au piano bien souvent), est réputé pour être un esthète du son et grand collectionneur de claviers. Aujourd'hui encore, le groupe effectue lui-même ses réglages live et cela s'entend pendant les concerts. Tout s'explique.

5
10
bonus
- 22 commentaires audio du groupe sur 56 clips au total
- Clips alternatifs : People are People (7'), Stripped Unreleased Alternate Cut (4'), But not Tonight Pool Version (4'), Soothe my Soul Extended (5')
- Livret avec les paroles des chansons et les crédits des  clips

Les commentaires sont non sous-titrés en français, non datés (même si on se doute qu'ils sont récents puisqu'une même personne semble relancer Dave Gahan, Martin Gore et Andy Fletcher) et surtout séparés. C'est à dire que parfois, il faut rejouer deux fois les clips pour profiter de deux commentaires différents. Peu pratique. La raison vient sans doute du fait que nos trois amis ne se côtoient pas vraiment en dehors des tournées et de la création des albums, l'un vivant à Santa Barbara (Gore), l'autre à New York (Gahan), le troisième en Angleterre (Fletch). Sans doute un des secrets de leur longévité.

 

Aurait-il fallu mixer tous les commentaires d'un titre et les faire tenir sur le timing imparti ? Sans doute un peu artificiel… Quoiqu'il en soit, les anglophones se régaleront de moult anecdotes croustillantes et de rires gênés sur les clips de début. Stylisme, coiffures, histoires/scénarios, tout y passe et on peut dire que le groupe a un certain recul, salvateur. 

 

Fletch est sans doute le plus précis et le plus technique (c'est l'argentier et le gestionnaire du groupe), Dave Gahan revient sans détour sur sa « période Los Angeles » (celle de tous les déboires, des années junkie) et Martin Gore nous fait toujours fondre avec son rire franc et enfantin. Une mine d'or pour les fans qui guettent les très rares moments où le groupe s'exprime ou commente son travail. Vraiment dommage pour l'absence de sous-titres, d'où la note.

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