le 27 août 2012 - 18h51

Procès Apple/Samsung

A

Les Incas ne se sont peut‑être pas trompés dans leurs calculs astrologiques, 2012 pourrait bien être l'année de la fin du monde… ou en tout cas la fin d'un monde !
Vous le savez sans doute déjà, le procès Apple/Samsung a pris fin après trois semaines d'intenses procédures et Samsung a été condamné à verser plus d'1 milliard de dollars à Apple, soit un tiers de ses bénéfices nets du premier trimestre. À l'énoncé du verdict, Samsung a fait une déclaration similaire à ce que nous écrivions quelques jours auparavant //www.avcesar.com/actu/id-9478/Apple-bat-tous-les-records-bourse-crack-et-chicane.html:ici : «Le verdict d'aujourd'hui ne doit pas être considéré comme une victoire pour Apple, mais comme une défaite pour le consommateur. Il conduira à moins de choix, moins d'innovations, et des prix plus élevés. Il est regrettable que le droit des brevets puisse être manipulé pour donner à une entreprise un monopole sur les rectangles à coins arrondis, ou sur une technologie qui est améliorée chaque jour par Samsung et d'autres sociétés ». (The Guardian, 25/08/12)

Le jugement du tribunal comprend 700 points de litige. Samsung a été reconnu coupable de violations de brevets sur un grand nombre de ses produits (design de certains téléphones comme les Galaxy S1 et S2, Nexus S, Galaxy Tab, apparence des icones, rebond en bas de page, pinch to zoom, tap to zoom...). Les autres marques qui utilisent les mêmes technologies « à l'insu de leur plein gré » vont‑elles, à leur tour, être poursuivies en justice ?
Au moins, la juge Lucy Koh ‑rendue chèvre par les avocats lors du procès‑ va pouvoir retrouver un semblant de sérénité (« Lucy in the sky with diamonds », chantaient les Beatles). Du moins pendant quelques semaines, puisqu'une nouvelle audience a été programmée pour le 20 septembre, au cours de laquelle Samsung aura la possibilité de réagir et peut‑être faire appel du jugement.

Il y a deux semaines, deux journalistes du Wall Street Journal, Kal Raustiala et Chris Sprigman, avaient écrit un article intitulé À la gloire des copieurs, dans lequel ils démontraient que, loin de nuire à la création, s'inspirer du travail des autres fait partie intégrante du processus créatif : « Les grandes inventions sont souvent construites à partir de celles qui existent déjà et cela présuppose la liberté de copier ». Des inventions majeures, comme le téléphone, l'automobile, la photo ou le cinéma, ne sont pas l'œuvre d'une seule personne, mais de plusieurs qui se sont inspirées les unes des autres.

La société Apple, elle‑même, n'a‑t‑elle pas copié son nom sur la compagnie Apple des Beatles, fondée en 1968 ? Apple Corps comprenait alors Apple Records (la seule qui sera rentable et survivra), Apple Electronics (!), Apple Publishing, Apple Films et Apple Retail. Les Beatles s'étaient, eux, inspirés pour leur logo (voir photo) d'un tableau de Magritte, acheté depuis par Paul McCartney. À partir des années 80, l'Apple des Beatles n'a cessé de poursuivre en justice son homonyme informatique, fondé en 1976, au sujet de la propriété et l’utilisation du nom Apple. En 1981, un accord a été trouvé, stipulant qu'Apple Computer devait rester en dehors de l'industrie musicale. De nouvelles actions en justice ont ensuite été lancées à chaque fois qu'Apple Corps estimait que le fabricant d'ordinateurs violait cet accord : d'abord en 1989 avec une carte‑son Midi, ensuite en 2003 avec l'iPod et l'iTunes Music Store. Un accord définitif sera finalement trouvé en février 2007, au terme duquel Apple Computer, devenu Apple, Inc., devient propriétaire de la marque Apple, tandis qu'Apple Corps en conserve l'usage pour ses propres activités. L'essentiel de cet accord est resté secret, mais il a eu pour conséquence l'apparition du catalogue des Beatles sur l'iTunes Music Store en novembre 2010 (voir Wikipédia : « Apple contre Apple »).
La société Apple de Cupertino devrait donc peut‑être s'abstenir de grandes déclarations éthiques, comme celle faite à l'énoncé du verdict : « Les procès entre Apple et Samsung n'ont pas seulement comme finalité les brevets et l'argent. Il s'agit plus de faire respecter des valeurs morales ». Par contre, personne ne contestera la grande expérience de la firme californienne en matière de procédure juridique.

In memoriam
Désormais, plus rien ne sera jamais comme avant dans le monde du smartphone et des tablettes : le 25 août 2012 a bel et bien sonné le glas de l'âge d'or de la téléphonie mobile. Mais rien n'est jamais perdu pour tout le monde : le jour du verdict, l'action Apple a culminé à plus de 675 dollars…

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