par Nicolas Bellet
30 avril 2024 - 10h52

Abyss

VO
The Abyss
année
1989
Réalisateur
InterprètesEd Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn, Leo Burmester
éditeur
genre
sortie
24/04/2024
notes
critique
8
10
label
A

À la fin de la guerre froide, un sous‑marin nucléaire américain coule au beau milieu de l’océan Atlantique. Seule une équipe de foreurs, accompagnée bien malgré elle de Navy Seals, peut aller récupérer les ogives nucléaires avant que les Soviétiques ne s’en emparent.

 

Quand la mer veille…

Sans doute le film le moins connu de James Cameron, et assurément le plus mal‑aimé à sa sortie, Abyss a gagné avec les ans les galons qu’il mérite de film pivot de son réalisateur. Le long métrage de 1989 (entre Aliens et Terminator 2) définit certainement le mieux, ou en tout cas condense, tous les thèmes de prédilection de Cameron : la fascination aquatique, l’opposition machine/humains, l’écologie, les prouesses techniques et des femmes fortes.

 

On le sait, Cameron est un grand romantique et vraisemblablement Abyss, que l’on pourrait facilement résumer comme un « Rencontres du troisième type liquide », peut rivaliser en la matière avec Titanic, même si ce n’est pas le cœur de l’intrigue. Sans trop spoiler, le film possède l’une des plus belles scènes de mort du cinéma et il est bien difficile de retenir sa larmichette. Mais à l’instar du film pas que beau, Abyss est surtout une sublime ode au monde aquatique. Son message est limpide : les océans regorgent de merveilles et de trésors (de diadèmes, même) que nous ne connaissons pas. Il nous protège et nous devons le respecter. Il donne envie de prendre ses palmes et ses bouteilles et de s’y plonger, non pas comme dans le Grand bleu pour s’y perdre, mais pour s’émerveiller.

 

Plus de trente ans après sa sortie, magnifiquement remasterisé en 4K par son auteur lui‑même et ses équipes (voir notre test complet plus bas), le film fait toujours son effet, même si, comme pour son grand frère spielbergien (notamment l’édition spéciale de Rencontres du troisième type), on ne peut que rester circonspect devant sa fin qui prive un peu l’imaginaire du spectateur. Seul bémol du film, qui malheureusement le clos.

 

Les grands fonds en grande forme

Si Abyss est un film écolo marin, il est aussi un film bourré d’adrénaline et d’effets spéciaux qui annoncent ceux de Terminator 2. Dans un parfait équilibre qui annonce celui d'Avatar, l’action se marie toujours avec le fond. Jamais anecdotiques et toujours justifiées, les scènes de divertissement pur sont constamment amenées par un scénario précis, malin et efficace, qui opère un virage à 90° à son mitan afin de mieux brouiller les pistes. À ce propos, la version longue du film est d’ailleurs assez dispensable, à part peut‑être pour cette vague en suspend assez impressionnante, mais dispensable. Fin de la parenthèse. Comme dans Aliens, nous sommes dans un environnement clos et cela se ressent, la tension en est décuplée, tout comme l’action d’ailleurs.

 

Mais surtout, cela s’entend. Le travail du son du film est très impressionnant. Sans jeux de mots, nous sommes littéralement plongés dans les abysses, coincés comme le sont Ed Harris et Mary Elizabeth Mastrantonio, tous deux très bons dans un numéro de couple tout en tension et en charme qui ressemble, par certains côtés, à celui de True Lies. Sans mentir, Abyss est au final un pur plaisir de cinéma. Intelligent et divertissant. Ce qui est, malheureusement de nos jours, de plus en plus rare …

 

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4k
cover
The Abyss
Prix : 29,99 €
disponibilité
24/04/2024
image
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD High Resolution 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Allemand DTS-HD High Resolution 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, allemand, italien, espagnol, néerlandais, danois, norvégien, suédois
9
10
image

Vous avez déjà certainement vu Abyss. Mais en réalité, vous ne l'avez jamais vu. Du moins, pas comme cela. Restauré et remasterisé 4K au fil de l'eau pendant de longs mois (années ?) avec des techniques sans doute équivalentes à celles utilisées sur Titanic (avec IA, donc), et doté d'un HDR Dolby Vison très équilibré, fin et naturel, le film de Cameron tourné en 1989 étonne avant tout par sa fraîcheur nouvelle et sa définition de toute beauté. Les gros plans, les couleurs (les bleus surtout prennent le large et changent la colorimétrie générale), la profondeur de champ, la lumière scintillante et ondulante des créatures irisées marines… on croirait presque à de la magie. 

 

Pas de triturage too much mais une maîtrise technique et un étalonnage qui épatent à chaque instant et ne dénaturent rien, bien au contraire (la sensation du 35 mm reste totalement palpable malgré la quasi absence de grain, avec une texture, une densité et une prodondeur bien visibles), emportant le film vers de nouveaux horizons. Impossible de le prendre en défaut : tout est splendide et limpide. Une claque visuelle à quelques rares détails que l'on ne mentionnera même pas et comme on en voit rarement (parole de testeur), sans contrepartie ni restriction aucune. Sans doute un des achats essentiels de l'année pour qui aime le cinéma, et celui de James Cameron en particulier. 

9
10
son

Élément aussi essentiel que l'eau, le son est capital pour l'immersion au cœur du film et de la station DeepCore. Les ambiances clausto, les scènes d'action de début et de fin, les éléments plus énigmatiques, les dialogues… le spectateur est littéralement plongé sous l'eau et n'entend plus rien d'autre, entouré de bulles, de liquide, de clapotis et de tout un univers métallique et mécanique Vs organique si riche, qu'il participe lui aussi grandement à l'immersion.

 

La respiration et l'écho procurés par les casques sont réels et impactants, les apparitions des créatures l'occasion de circulations surprenantes de tous les côtés, et les graves déferlent lors de la tempête par exemple. Les canaux verticaux très présents permettent aussi à la musique d'Alan Silvestri de prendre une ampleur nouvelle. Tout a été fait pour conserver l'ambiance d'origine tout en la propulsant dans une nouvelle ère. On valide à 100%.

9
10
bonus
- Plongée en eaux profondes : en tête-à-tête avec James Cameron (32')
- L'héritage de Abyss (25')
- Sous pression, le making of (1989) (60')
- Photos d'archives commentées en VO, notes, bandes-annonces

Ces bonus racontent une histoire et un tournage si incroyables qu'ils sont l'autre attrait majeur et incontournable de cette édition, méritant d'être vus par le plus grand nombre, étudiants en cinéma comme cinéphiles. Surnommé « le film le plus difficile sans doute jamais tourné », Abyss a donné des sueurs froides autant à son réalisateur et son équipe, qu'aux producteurs, faisant même déplacer le grand ponte de la Fox sur le tournage en Caroline du Sud, histoire de voir où passaient les 200 000 $ de budget quotidien (touets les combinaisons devaient par exemple être renouvelées régulièrement en raison du traitement de l'eau). Le lieu même du tournage était titanesque, niché au cœur d'un bassin de béton de 60 m de long et 20 m de profondeur, en réalité en coffrage destiné à contenir un réacteur nucléaire d'une centrale qui ne verra jamais le jour.

 

James Cameron raconte face caméra cette aventure hors normes tournée sous l'eau pendant dix semaines, de nuit (pour simuler les profondeurs avec l'aide de 20 tonnes de billes de polystyrène noires occultantes), sur pellicule 35 mm, éclairée par des projecteurs HMI d'une puissance inédite (et sécurisés pour ne pas électrocuter tout le monde), et qui nécessita le génie d'une flopée de spécialistes, de scientifiques (la séquence du rat), d'ingénieurs, de plongeurs, de techniciens de talent et une équipe ultra-professionnelle pour ne blesser personne et tourner un maximum de scènes « en vrai ». Même si du côté des SFX, les innovations furent là encore marquantes pour l'histoire du cinéma, chez ILM bien sûr et même au sein des équipes du logiciel photo Photoshop, qui crédite depuis le nom de celui qui fut à l'origine de la prouesse du « personnage » du ver d'eau (le pseudopode). Petite fierté au passage pour James Cameron et son frère Mike, qui ont breveté et revendu à l'armée US leur caméra sous-marine.

Au fil des anecdotes et des souvenirs de chacun, on reste bouche bée devant tant de maîtrise et de folie. Rien que les câbles de communication reliant les comédiens et l'équipe immergés avec la surface, tels des cordons ombillicaux convergeant tous dans un poste télécoms, n'avaient jamais été mis en place auparavant sur un tournage. Les casques eux-mêmes de 15 kg étaient une totale innovation (Cameron détaille d'ailleurs comment il convient de les éclairer de manière réaliste avec l'aide d'un petit miroir), laissant voir le visage des comédiens. Et le terme de folie n'est pas galvaudé quand le réalisateur explique qu'il devait après chaque plongée respecter un temps de décompression d'au moins une heure, la tête en bas pour gagner du temps, tout en visionnant ses rushs de la journée pour s'occuper sur un moniteur renversé, donc sous l'eau ! Complètement fou.

 

Malgré les difficultés et la tension permanente, les comédiens sont aujourd'hui fiers d'avoir « fait Abyss », certains taclant gentiment au passage ceux qui osent se plaindre sur les tournages d'aujourd'hui. Ed Harris, dans un document un peu plus ancien de 1993, ne peut retenir son émotion et ses larmes en racontant la mésaventure qui aurait pu lui coûter la vie malgré son entraînement. Seule Mary Elizabeth Mastrantonio n'est pas présente, on comprend un peu pourquoi à la vue de ces bonus épiques. Grandioses. Immanquables.

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