Alanis Obomsawin : 270 ans de résistance
Son nom ne vous dira probablement rien, mais Alanis Obomsawin est l’une des documentaristes les plus réputées du Canada, une figure reconnue militant pour la cause des populations minoritaires. D’origine abénakise, ancienne chanteuse et poète, Obomsawin entre à l’ONF au milieu des années 60 et débute sa carrière de documentariste. Depuis, elle braque sa caméra sur les populations amérindiennes du Québec (le peuple d’Odanak des Waban-Aki), et en particulier les Mohawks qui, de Kanehsatake : 270 ans de résistance (1993) à Je m’appelle Kahentiiosta (1995), constituent son sujet de prédilection.
Si l’on connaît assez bien le triste sort réservé aux Indiens des États-Unis, les multiples désillusions et manipulations liées aux réserves et à l’octroi de territoires protégés, celui des Indiens du Canada reste largement méconnu. Devenu le porte-parole de son peuple via des documentaires engagés à forte teneur sociale, Obomsawin part toujours d’un fait divers, d’un cas précis (et parfois délirant : dans Kanehsatake, l’élargissement d’un terrain de golf met en péril le territoire des Mohwaks), afin de mener son combat.
L’originalité des quatre documentaires regroupés dans ce coffret (Kanehsatake, Pluie de pierres à Whiskey Trench, Je m’appelle Kahentilosta et Spudwrench, l’homme de Kahnawake) tient moins dans une forme simple voire rudimentaire (témoignages, images, archives, voix off pédagogique), que dans la façon dont ils s’emparent d’un événement local mais exemplaire dont ils décrivent à merveille les impasses, les absurdités et les injustices. À découvrir.