Andor saison 2
Déclarer qu’Andor saison 2 était attendue au tournant serait un euphémisme. Il faut dire qu’au milieu d’autres productions Star Wars récentes oscillants majoritairement entre le médiocre et le sympathique sans plus, la première saison de la création de Tony Gilroy était un véritable miracle. Dérivée du nom moins excellent film Rogue One, Andor partait pourtant avec le handicap d’être une série préquelle d’un film lui‑même (sur le papier) anecdotique. Et pourtant, grâce à de multiples ingrédients qui se retrouvent dans cette saison 2, la série est tout simplement une énorme réussite.
Initialement pensée pour durer un grand nombre de saisons, Andor a finalement dû être limitée à seulement deux. Pour pouvoir malgré tout raconter l’histoire qu’il souhaitait, le créateur a fait le choix audacieux de découper la dernière saison en quatre arcs de trois épisodes. Chacun est séparé d’un an dans la chronologie, pour finalement rattraper les événements de Rogue One. Un format pratique pour ne pas perdre de temps et se concentrer sur les événements principaux, mais qui a également quelques défauts.

Une saison en dents de Sith
Le principal étant que certains personnages peuvent disparaître très rapidement et brutalement, limitant la possibilité pour les autres personnages et les spectateurs d’en faire correctement le deuil. Mais à la guerre comme à la guerre, il faudra apprendre à vivre avec, et cet effet était peut‑être celui recherché par les scénaristes. De plus, faute de liens chronologiques directs, il faudra parfois recoller les morceaux entre les arcs ou réussir à admettre des évolutions dans les situations et les relations entre personnages. La série fait parfois un saut par‑dessus sans montrer le temps qui passe, et c’est au spectateur de s’adapter à son style narratif particulier.
Enfin, pour finir sur les rares défauts de cette saison 2, comme en saison 1, la première moitié se montre de temps en temps un peu lente et chiche en événements réellement marquants. On peut également être en droit de se demander ce que font certains personnages pour faire avancer l’histoire, quand d’autres la font bouger énormément. Mais en bon slow burner, c’est souvent pour mieux installer la seconde moitié. Cette dernière n’est assurément pas avare en moments épiques pour tout le monde et permet à Andor d’atteindre le statut de grande série qui se destine à tous. Plus que jamais, et n'en déplaise à certains, Andor n'est pas principalement une série Star Wars. Il s'agit avant tout d'une série politique.
La patte de Dan Gilroy et de Beau Willimon à l’écriture (House of Cards) se sentent. La montée en puissance de l’Empire, régime de terreur autoritaire prêt à utiliser les méthodes les plus radicales et méprisables pour asseoir son pouvoir, n’a jamais été aussi bien dépeinte. Sans trop spoiler, des mots prononcés dans la série comme « génocide », ou la phrase « La mort de la vérité est la victoire ultime du Mal » résonnent assurément de manière concrète avec le contexte géopolitique tendu dans notre galaxie bien à nous, en 2025. Si dans d'autres œuvres Star Wars, il est possible de constater la transition entre la République et l’Empire, en saison 2 d'Andor, la transition et la rigolade sont assurément terminées.

On en veut Andor
Andor n’a pas peur de bousculer violemment le spectateur avec des événements brutaux et difficiles pour ses personnages, voire ses populations. Certains passages, notamment en saison 2, sont parmi les plus rudes de toute la saga. La série évite cependant de tomber dans le piège des personnages tout‑puissants et du manichéisme. Des deux côtés, des questions éthiques se posent, des loyautés basculent, et du côté de la Rébellion aussi les actions peuvent être discutables. Mépriser Andor car il s’agit d’une série Star Wars ou de science‑fiction serait une grave erreur tant son traitement du sujet universel de la résistance face à l'oppression est riche, pertinent et tristement d'actualité.
Et puis au‑delà du fond très juste, il y a cette forme absolument incroyable. Chaque décor intérieur comme extérieur est à couper le souffle et les costumes travaillés avec minutie sont un délice de cohérence et d’originalité. Comment ne pas citer également le fait qu’une langue entière a été créée pour qu’un peuple (incarné par des acteurs français et allemands à l’accent incroyable) puisse s’exprimer autrement qu’en anglais pour en renforcer l’identité ? Et puisque l'on parle du casting, impossible de prendre quelqu'un à défaut.
La générosité de la série, dans son travail visuel, son propos et son exploration de l’univers Star Wars, se retrouve jusqu’à sa musique et ses effets spéciaux. Maîtrisés, à l’instar de la réalisation par ailleurs, ils n’abusent pas des mêmes techniques de production aux résultats médiocres des dernières séries maison. Espérons que Disney s’inspirera d’Andor à tous les niveaux pour ses prochains projets, car il s’agit à n’en pas douter de sa meilleure réussite depuis… eh bien Rogue One. Merci pour la claque, M. Gilroy. Et maintenant, il n'y a plus qu’à revoir Rogue One pour la 8e fois.