Anges & Cie
Raphaëlle et Gabriel sont deux anges que tout oppose. L’une rêve de monter en grade, l’autre rêve d’ailleurs. Leur mission : empêcher deux humains de tomber amoureux. S’ils échouent, elle rate sa promotion d’Archange et lui se retrouve coincé sur Terre pour l’éternité.
Céleste mais pas lourd
Pour son passage du petit au grand écran, Vladimir Rodionov ne révolutionne pas grand‑chose et c’est sans doute beaucoup mieux. Plutôt que de viser l’originalité à tout prix, le réalisateur fait ce qu’il sait faire : une comédie rythmée, bien jouée, bien écrite, et surtout drôle.
Sans tomber dans la moralisation ou la bien‑pensance actuelle, Anges & Cie assume ses héros jusqu’au bout : des anges un peu paumés, souvent méchants et au final beaucoup trop humains. Et c’est précisément ce qui les rend attachants.
La mécanique du duo mal assorti fonctionne à plein régime. Élodie Fontan et Romain Lancry partagent un vrai sens du timing comique : ça fuse, ça claque, ça s’enchaîne, le tout sans lourdeur. Elle assume de faire la moue durant tout le film, lui, d’être un loser pas forcément magnifique. Aucun des deux n’essaie de racheter son personnage, même si l’histoire, on s’en doutait, s’en chargera un peu pour eux… Le mauvais esprit règne dans Anges & Cie, et c’est plutôt bien agréable. Avec son mauvais esprit très années 90, le ton général du film lorgne d'ailleurs vers ces comédies américaines qui ne cherchaient pas à être des feel good movies, mais savaient équilibrer absurde, tendresse et rythme comique.
Certes, on voit souvent les rebondissements arriver, mais le scénario a l’intelligence de ne jamais insulter celle du spectateur. La romance centrale évite la mièvrerie et quelques trouvailles, comme le personnage de Oui/Non ou les quêteurs d’associations humanitaires, apportent une vraie fraîcheur à l’ensemble.
Clairement, ce n’est pas La vie est belle de Capra, on en est loin. Mais on est aussi bien au‑dessus des Anges Gardiens de Jean‑Marie Poiré, et c’est déjà pas mal. Comme quoi avec le concept des anges, on peut tout faire… L’humour ne fait ni dans le gras ni dans le potache (malgré la présence d’Élodie Fontan, l’égérie de la bande à Fifi !), et c’est plutôt bienvenu. Rodionov préfère les situations absurdes aux gags faciles et glisse même dans son film quelques réflexions sur l’amour ou les relations modernes avec une justesse discrète. On s’amuse sans prétention avec un casting qui change de Kad Merad ou Jonathan Coen…

Un ange passe
Le seul vrai regret, c’est sans doute la direction artistique un peu plan‑plan. À l’image de la réalisation : pas moche mais pas marquante non plus. Le film aurait mérité plus d’audace visuelle, des moments de franche comédie, des fulgurances drolatiques. Anges & Cie reste clairement un cran en dessous de son potentiel.
Autre regret : le sort réservé à François Berléand. Comme toujours, l’acteur ne craint pas le ridicule et sauve ce qu’il peut par sa seule présence. Son personnage aurait mérité un effort d’écriture, mais son talent ou son ange gardien ‑qui sait ?‑ sauve les meubles.
Rodionov co‑signe le scénario avec Romain Lancry, comme à l’époque de Ma pire angoisse, série à laquelle le film fait souvent penser dans l’esprit et le ton. Malheureusement, il n’arrive pas vraiment à aller plus loin. La série est une pépite que l’on vous conseille de redécouvrir. Au cinéma, on aurait aimé un peu plus…