par Carole Lépinay
27 septembre 2021 - 14h10

Cure

année
1997
Réalisateur
InterprètesKoji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Flic à Tokyo, Kenichi Takabe (Kôji Yakusho) enquête sur une série de meurtres mystérieux. Retrouvé près de la dernière victime, un ancien étudiant en psychologie pourrait avoir un lien avec la sordide affaire.


Thriller prodigieux qui révéla Kiyoshi Kurosawa à l’international (Charisma, Kaïro), Cure introduit les prémisses du chaos millénariste dans un cadre urbain particulièrement oppressant.


Ni Takebe ni le spectateur ne saura d’où débarque Mamiya (Masato Hagiwara), cet ange de la mort amnésique qui entraîne la population dans une spirale meurtrière. Ses pouvoirs hypnotiques agissant comme un détonateur de pulsions, il convie finalement ses victimes à réaliser leur désir refoulé lors de séances aux allures de thérapie monstrueusement libératrice. Ainsi, après avoir trucidé son collègue, un policier municipal confiera son aversion pour lui, tandis qu'une doctoresse en mal de reconnaissance prendra du plaisir à dépecer un homme, ennemi archétypal de sa condition de femme.

 

Tokyo désertée, visitée par un fantôme mabusien, n’aura jamais été aussi impénétrable pour une enquête de routine changée en une traque sombre et déroutante. Un chef‑d’œuvre.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
28/07/2021
image
1.78
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Japonais DTS-HD Master Audio 5.1
Japonais DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français
5
10
image

Si le manque de définition est patent (malgré le nouveau master restauré HD), si les contrastes bouchés effacent des portions de l'image, si les fourmillements ne prennent jamais de vacances, si la dominante verdâtre peut donner la nausée et si certains plans sont carrément -et volontairement- surexposés, cette image sale, sombre, oppressante, toujours entre deux eaux, en dit évidemment long sur le sujet du film. Techniquement « crade » mais scénaristiquement compréhensible.

5
10
son

Même idée côté son après une absence de musique qui concentre toute l'attention sur l'action brute, l'angoisse, l'errance. Les éléments naturels (le vent, la mer) sont bien mis en avant, tout comme les sons « sourds » et dissonants. Un 5.1 plus frontal qu'autre chose, parfois artificiel. Une stéréo presque plus raffinée.

8
10
bonus
- Le jouet du démon (22')
- Entretien avec Kiyoshi Kurosawa (15')
- Bande-annonce originale

« Les fantômes ont toujours un lien avec les choses les plus cachées et obscures de la société japonaise pour Kiyoshi Kurosawa  ». L'essayiste et spécialiste du cinéma asiatique Stéphane du Mesnildot revient sur le film qui révèla Kusowa à l'international. Dans le sillage des thrillers de David Fincher (SevenManhunter), le cinéaste choisit un enquêteur comme protagoniste et dissémine progressivement les germes de l'horreur dans un univers urbain. L'implantation d'un fantôme dans un cadre contemporain arrive comme une innovation fondamentale dans le film d'horreur moderne (le fameux courant J-Horror au Japon, initié par Hideo Nakata avec le cultissime Ring).

 

Lors d'un entretien réalisé en 1999, le réalisateur Kiyoshi Kurosawa se souvient de la claque Godzilla.

Il évoque une « boule de terreur noire » qui l'oppressait lors de la découverte du film, et ce même s'il n'avait aucune expérience de la guerre. Avec la représentation de la destruction totale d'une ville, le cinéaste souligne un Mal identifié de l'extérieur, d'autre part, il nous livre sa définition de la peur : « La peur de moi-même, de ce que je cache au plus profond de moi-même ». Le danger d'un Mal que l'on porte en soi et qui n'autoriserait donc aucune issue de secours. 

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