Dalloway
Une romancière qui vient de perdre son fils entre en résidence d’écriture afin de s’isoler pour mieux créer. Dans cette résidence artistique, où tout est contrôlé par la machine et l’intelligence artificielle, Dalloway, celle qui lui est associée, s’immisce de plus en plus dans sa vie.
Tout est K.O… à côté
Adaptation du roman Les fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay, Dalloway a été présenté à Cannes dans une petite indifférence polie. Certes, la voix de l’intelligence artificielle qui donne son titre au film est portée par Mylène Farmer et l’écrivaine endeuillée est interprétée par Cécile de France, mais on est bien loin du film‑événement. Au mieux, un petit épisode de Black Mirror (ou de La quatrième dimension pour les boomers), au pire un one‑woman‑show où Cécile de France aligne tous les plans et toutes les grimaces possibles, censés nous faire ressentir les tracas du personnage.
Personnage, d’ailleurs, qui finit par agacer à force de naïvetés : pratiques pour le scénario, rédhibitoires pour le spectateur. Quoi ? Il y a des caméras et des micros dans un appartement connecté ? Quoi ? Si c’est gratuit, c’est forcément nous le produit ? (en gros, le message du film !).
Dire qu’on s’ennuie ferme serait cependant mentir : le film se consomme aussi facilement qu’il s’oublie, la faute à une histoire prévisible et déjà mille fois vue au cinéma. Yann Gozlan sait certes tenir une caméra, jouer avec l’ambiance, les sons et les modulations de la voix de Mylène Farmer, mais c’est un peu léger pour concurrencer 2001, l’odyssée de l’espace, inspiration évidente de Dalloway.
Désenchanté
On attendait pas mal du film, il intriguait sur le papier. Raté ! C’est d’autant plus dommage que le réalisateur passe à côté de son sujet (et du roman dont il s’inspire). Car la grande idée du film voudrait que les IA aient besoin des artistes pour s’humaniser. Il y avait là quelque chose à creuser, sujet ô combien passionnant, que le réalisateur de Boîte noire aurait pu développer. Reste que l’univers qu’il crée est superbe et tient la route de bout en bout, ce qui est assez rare dans le cinéma d’anticipation hexagonal. Cécile de France, on l’a dit, fait de son mieux. Omniprésente, elle peine toutefois à tenir la longueur et surtout à offrir des nuances à un personnage qui en manque cruellement.
Pour le reste, outre le coup de pub évident, la présence vocale de Mylène Farmer est anecdotique. Tout le monde n’a pas le magnétisme de Scarlett Johansson dans Her. D’ailleurs, la star est assez sous‑exploitée, même si on l’entend beaucoup. À quand un vrai grand film avec la chanteuse ?